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Faux Semblants

Difficile d'infiltrer les Triades, surtout quand la technologie est contre nous. Petite histoire d'une flic parmi la mafia chinoise, à Los Angeles en 2031.


San diego, école de police, 28/05/2023

"Elève 1739, Hong, Geun Ja. Veuillez entrer."
On m'appelle enfin. Je me lève de ce banc miteux où d'autres camarades de classe attendent le verdict des professeurs pour l'obtention de leur diplôme et leur entrée dans la "vraie vie". J'ignore les regards jaloux et m'avance dans le couloir, jusqu'à la porte blindée que l'agent m'ouvre après avoir vérifié mon identité. Je passe le portail magnétique et j'entre. Trois personnes sont à une table en métal, et deux officiers en tenue de SWAT sont présents, pour la sécurité (la dernière prise d'otage à cette même période avait causé trois morts et deux blessés grave). De gauche à droite, il y a Mr Salvador, le professeur principal de ma promotion, Mr Johnson, le doyen de l'école, tous deux habillés formellement, l'air sérieux, et à droite, un inconnu blanc, aux lunettes de soleil et en chemise à fleurs.
"Bien, élève 1739, asseyez vous, dit l'homme au centre en me désignant la chaise en face de leur table. Votre bulletin scolaire est excellent, vous avez multiplié les A et A+ dans toutes les matières. Nous avons ici Mr Kusack, qui souhaiterait vous proposer quelque chose.
- Bonjour Geun Ja, je suis Mike Kusack, dirigeant de l'UMA, Undercover Mission Agents, au LAPD. (L'homme brun coupé court retire ses lunettes de soleil et présente sa plaque du LAPD) Notre but est donc d'infiltrer les organisations criminelles pour réunir assez de preuves afin d'arrêter les chefs. Mais comme tu dois le savoir, les triades sont des organisations assez fermées. Ils recrutent seulement des asiatiques adolescents et motivés. Tu corresponds donc à ce profil. Es tu intéressée ?
- Que devrais-je faire, si j'acceptais ?
- Peu de choses pour nous. Tu travailleras pour eux, tu vivras comme eux sauf que tu devras parler de ton "travail" à ton agent de liaison. Oh, pas souvent, et surtout pas au début. Mais quand tu prendras de l'importance chez eux, tu nous permettras d'être au courant des nouvelles manœuvres, et nous pourrons réagir à cela avec un peu d'avance. Mais je t'expliquerai dans les détails ton travail plus tard. Alors, tu acceptes ?
- ça semble intéressant. C'est d'accord."


Los angeles, pasadena, 16/06/2031

L'holo-tv s'enclenche pour me réveiller... Déjà 6h am, il est temps de me lever. "Les tensions entre New York et Los Angeles s'aggravent. Le président Sam Wayne a déclaré que la Californie devait vite agir pour revenir dans le droit chemin, sinon il utilisera ses droits pour remplacer le gouvernement de notre état. Notre gouverneur ne s'est pas encore prononcé sur ce discours des autorités new-yorkaises. Sans transitions, ne ratez pas ce soir la diffusion exclusive du premier film de Jamy Jameson, la fille de la légendaire Jenna, à 10h pm, couchez les enfants !" J'enclenche un vieux h-dvd de l'ultime concert des Strokes pour faire taire la journaliste à la télévision, et je vais me préparer dans ma salle de bain. Devant mon miroir où les titres des journaux apparaissent, je réfléchis et me scrute. Depuis huit ans, j'ai l'impression de ne plus être moi. J'ai perdu mon identité, mon apparence, mon nom. Ils m'ont même modifié mes empreintes digitales et rétiniennes ! Je ne suis plus Geun-Ja Hong, mais Liu Chao-shiuan, une jeune chinoise de 24 ans, officiellement vendeuse de cosmétique, officieusement faisant partie d'un trafic "d'opium" (même si on ne trafique plus d'opium depuis longtemps, on en garde le nom, par tradition), et encore plus officieusement, agent du LAPD, mais sans aucun dossier le prouvant, hormis la bonne foi de mon agent de liaison. Et personnellement, qui suis-je ?
Une fois prête, je m'habille et part au travail. En tramway aérien, j'ai une vue globale sur la cité des Anges, ses autoroutes couvrant les quartiers défavorisés, recouvertes de voitures espérant ne pas subir de car jacking, ses immeubles qui tendent vers le ciel grâce à leurs centaines d'étages, ses usines crachant leur fumée noire devant les puits de pétrole le long de la côte sud. Ca et là, des gangs s'entretuent déjà. Pour eux aussi, la journée commence. La vingtaine de millions d'angelinos va au travail en espérant vivre une meilleure journée qu'hier, et moins pire que demain. J'interromps mes rêveries pour consulter mon agenda : j'ai rendez vous avec mon agent de liaison a 4h30 pm, dans le centre ville historique.


Los angeles, venice beach, 16/06/2031

Après une heure de transport, j'arrive à Venice Beach, il fait déjà chaud ce matin, les surfeurs vont être de sortie, si les requins le permettent. Des jeunes culturistes stéroïdés font déjà de l'exercice sur la promenade longeant la plage, tandis que des filles au corps artificiellement parfaits se promènent en roller, un taser accroché à leurs monokinis. Je salue au passage quelques habitués de mon magasin, et je me dirige vers celui-ci. Body's Beauty. J'entre. L'air se rafraîchit autour de moi à mesure que j'avance dans les rayons. J'arrive derrière la caisse, je salue le patron, Mr M'Ballah, un afro-américain de 57ans, ancien bodybuilder de concours, mais toujours accro aux muscles gonflés. Sa rangée de piques métalliques sur son crâne rasé lui donne un air agressif, mais cela ne cache pas sa gentillesse et sa bienveillance à l'égard des "jeunes espoirs", d'autres bodybuilders que Mr M'Ballah conseille pour l'utilisation des produits fortifiants. Je ne m'occupe que des produits féminins, les brule-graisse, les fondeurs de cellulite, les crèmes détruisant les rides, ou ravivant le teint. Notre clientèle étant majoritairement masculine, je ne suis pas surchargée de travail, ce qui me laisse assez de temps pour mes deux autres métiers. Ce travail me permet de souffler un peu, une sorte de pause dans la danse mortelle que je dois mener pour survivre. Je ne travaille qu'à temps partiel, je finis à 2h pm. Juste le temps de manger, et je rejoindrai mon agent de liaison. Je téléphone à Ming, mon "frère" de triade, pour connaître le lieu du rendez vous de ce soir, et les évènements de la journée. Rien d'important, rendez vous à Ontario, près de la sortie Est de Los Angeles, à 7h pm. Nous devons réceptionner un colis.


Los angeles, downtown, 16/06/2031

Je suis à la terrasse d'un café. Mon contact est en retard. Déjà que j'apprécie de moins en moins faire sa marionnette, il pourrait au moins éviter ces retards pouvant être très dangereux. En attendant, j'observe le quartier. Le centre historique garde une sorte de charme rétro. La fontaine, style Italie du 19eme siècle, au centre la place Willis, m'aurait été agréable si de l'eau en coulait. Mais un déséquilibré ayant injecté du cyanure dans le bassin, la mairie préfère maintenant garder ce "monument historique" sec. Mon café, le "chez Jacques", est dans le pur style Frenchie stéréotypé, tel qu'on pouvait les imaginer durant le 20eme siècle. Le propriétaire pousse le vice jusqu'à porter un béret et on peut voir des reproductions de baguettes de pain et d'un camembert sur le bar.
"Alors, ça ne te donnes pas envie d'aller en Europe ?
Enfin. Mon contact. Alex Kawa, un blanc dragueur, sûr de lui, flambeur. Monsieur a fait sobre aujourd'hui : chemise ouverte rouge, et short en jeans, et bien sûr ses lunettes de soleil.
-J'en aurai peut être l'envie si l'Union Européenne rouvrait ses frontières, dis-je d'un ton froid, je ne me retourne pas pour lui faire face, son attitude m'agace. Viens directement au but.
- Bon ok, madame est pressée. Le Boss veut de plus en plus se débarrasser de ton cher patron et de sa clique. Tu es donc priée, non officiellement bien sûr, de préparer des preuves. Et vite. Leur puissance devient trop importante, il ne manquerait plus que vous ralliez les autres triades. Et vos drogues dominent déjà dans certains quartiers chicanos au Nord de South Central. A priori, tu as deux semaines. Mais je ne pense pas que le boss tiendra jusque là.
- Et si je n'ai pas ces preuves ?
- Déconnes pas, on risque tous nos postes là. Trouve au moins quelque chose pour calmer l'affaire. Débrouille toi pour qu'on trouve plus qu'un gosse bourré de neuro-coke cette fois.
- Je verrai ce que je peux faire. Tu crois que je pourrai me faire muter dans une division plus officielle après ça ?
- Tu veux changer ? Mais pourquoi donc ? T'as les avantages d'une vie de malfrat sans les inconvénients !
- Non rien, laisse tomber.
Merci l'UMA, votre agent de liaison immature m'apporte un vrai soutien psychologique.
- Autre chose ? (J'aime le faire stresser, il perd toute sa fougue quand il risque quelque chose)
- Ah oui, voilà ta paye pour ta dernière info. Ce n'était qu'un petit atelier, mais c'est déjà ça de moins. (Il fait glisser une enveloppe dans mon sac) Allez je te laisse à ta contemplation. Salut."
Je le regarde partir, son air enjoué détruit par ma bonne volonté. L'enveloppe ne contient que 100$, à peine ce que cette fabrique pouvait me rapporter en une semaine. Mais j'ai bien fait de renoncer à l'argent sale, non ? Non ?
Cruelle ironie. Je dois aider des gens que je ne connais pas à garder leurs places dans une instance que je ne pourrai certainement jamais visiter libre. Je devais être dans le LAPD. Je devais rester du bon côté. Maintenant, il est trop tard. Aider ceux qui n'ont pas eu ma "chance" d'entrer à l'UMA m'importe peu. Après tout, ils ne m'aident pas, eux. Ils me rendent la tâche plus difficile encore, avec ces contacts peu discrets, ces demandes de rendement et d'efficacité pour plaire aux journalistes et aux politiques, et surtout ces troubles moraux qui détruiraient n'importe quelle santé mentale.
Après cette entrevue, je reprends le tramway aérien vers South Central, afin d'acheter des provisions pour ce soir.


Los angeles, south central, 16/06/2031

En 10minutes, j'arrive dans le territoire des Toros. Les gangers me dévisagent, la tension est palpable dans la rue. Une asiatique ne fréquente jamais les quartiers latinos. Mais je ne m'attarde pas, je connais mon chemin et je zigzague entre les maisons et les huttes de ce que l'on qualifierait de bidonville dans une ville qui ne serait pas à elle seule la 5eme puissance mondiale. Je ne prépare même pas mon automatique, je ne ferai pas le poids face à la centaine de Toros du hood. J'arrive enfin devant la maison de Tony, facile à repérer grâce au nombre de chicanos présents devant. J'ignore les remarques obscènes et les gestes déplacés et je me fraye un chemin pour entrer. La porte d'entrée est en face du salon, où Tony est, accompagné de trois camarades, et deux femmes, certainement deux futures prostituées, lorsque Tony se sera lassé d'elles.
"Liu, como estas ? Ca fait un tiempo que tu ne m'as pas rendu visite, vas y, entra, mi casa es para siempre tu casa.
Tony, malgré son dialecte approximatif, est un homme agréable. Musclé, visage carré mais souvent souriant, yeux noirs profonds, en plus de mener un gang relativement puissant maintenant, Tony a tout pour plaire. Nous étions ensemble à l'école de police, il est parti dans la Narcotic Division (la célèbre Nadiv), ayant pour seul but de s'enfuir avec le plus de drogues saisies et de créer son propre gang, comme les caïds qui l'ont guidé enfant. Il avait assez bien réussi son coup, ce qui lui permet de rester en liberté depuis 4ans.
-Salut Tony, je vois que tes affaires marchent toujours. Nos "collègues" ne t'ont toujours pas retrouvé. Ecoute, j'aurai besoin de quelques pilules pour passer une soirée amusante, t'as ça ?
- Tu veux du Kobal ? Ah tu sais que c'est plus à la mode ce truc... Trop d'effectos secundarios. Bueno, t'as de la chance, j'en ai encore une plaquette. Tu veux ?
- Parfait, gracias Tonio. J'aurai aussi besoin d'un pétard... T'as du nouveau ?
- Ah si, j'ai el nuevo Sony ! Un fusil maniable, efficace, élégant, perfecto para une chica. (Il demande à un de ses amis d'aller chercher le fusil. L'ami revient avec un fusil à pompe de la taille d'un pistolet mitrailleur, noir avec affichage digitale sur le côté.)
- T'es un chef Tony. Merci beaucoup. (Je lui tends les 100$ que je viens de gagner) Tiens, ça suffira ?
- Hola si, gracias à toi.
- Bon désolée, mais je dois partir. Le travail, tu vois ?
- Ok pas de problemas. Repasse me voir quand tu veux ! Adios Liu.
- Salut Tony."
Je ressors de la maison, le Sony à la main (mon sac à main ne pourrait pas contenir ce fusil, malgré sa taille réduite) et me dirige vers la station de métro la plus proche. J'arrive devant l'entrée de l'accès aux souterrains. L'état du métro dépend vraiment du quartier. A South Central, l'entretien coûte trop cher à la mairie, donc les stations sont délabrées, et l'état des rails rend la sécurité des voyages aléatoire. De plus, on y trouve souvent des petits gangs, trop petits pour prendre un territoire d'un gang existant, ils se prennent pour les maîtres des profondeurs, et y font régner un climat d'insécurité constante. L'éclairage défaillant les aide beaucoup. Mais en journée, avec les centaines de voyageurs transitant par métro, il faut surtout craindre les voleurs et les surineurs. Dans une foule comme il y a maintenant, ceux-ci n'hésitent pas à poignarder leurs victimes pour obtenir leurs sacs. Je mets bien en évidence mon fusil, prête à tirer. Heureusement, le métro ne tarde pas, et nous pouvons nous entasser dans les wagons métalliques où il n'y a plus de sièges, et où chaque virage nous fait revoir notre vie en accéléré. Dès que nous ne sommes plus sous South Central, la voie s'améliore, le métro vibre moins, les rails ne grincent plus. Je sens une tension sur mon sac. Une main est en train de l'ouvrir. Doucement, je relève mon fusil et le montre à l'indiscret personnage, un gamin qui devrait être blanc sous sa couche de crasse. Il renonce et se faufile vers le fond du wagon.


Los angeles, ontario, 16/06/2031

Quartier semblant paisible, ses rangées de pavillons tous identiques, ses familles de blancs aux visages souriants, ses parcs et ses écoles fréquentées... De loin, on y voit les restes du Californian Dream et ça le serait s'il n'y avait pas quelques affaires de pédophilies, de sectes satanistes ou de groupes racistes qui défrayaient la chronique régulièrement. Et bien sûr, les gangs y voient un parfait terrain de jeu pour faire leurs règlements de compte, ou pour trouver un marché fructueux afin d'écouler leurs dernières drogues.
6h43 pm. Je retrouve Ming, mon frère de sang, dans un parc pour enfant. Il est venu en voiture, une berline noire. Il porte un costume noir, lunettes noires, ses cheveux courts en brosse lui donne un visage fin. Je le salue chaleureusement. Je l'aime comme s'il était mon vrai frère, nous avons partagé tant de peines ensemble, tant d'épreuves.
"Alors, que devons nous faire ici ?
- Nous attendons une livraison de nouveaux plans pour une drogue révolutionnaire. Le boss compte beaucoup dessus pour étendre notre pouvoir.
- Ah ? Intéressant. Et qu'a-t-elle de si puissant, ce nouvel opium ?
- J'ai cru comprendre qu'il s'agirait en réalité de nano machines, qui stimuleraient le cerveau du client pour lui donner l'effet désiré. Le plus intéressant est que ces machines restent actives pendant quelques mois, et on peut les commander à distance. Tu imagines, un trip de 2mois ?
- Je comprends pourquoi le boss compte beaucoup dessus.
- Attend, c'est pas tout. Elle pourrait aussi permettre de surveiller les pensées des clients."
A ce moment, un van noir aux vitres teintées arrive. Deux hommes en descendent, costumes sérieux, l'air sérieux. Ils ne plaisantent pas.
Ming demande : "vous avez notre marchandise ?"
L'homme lui répond : "vous avez notre argent ?"
J'ouvre le coffre de la Subaru de Ming, prend la mallette et approche des deux hommes. Un des hommes sort une mallette semblable à la mienne et s'approche de moi.
"Attendez, avant l'échange, on va vous donner un échantillon."
Il ouvre sa mallette et sort deux seringues, ainsi qu'un mini ordinateur. Je regarde Ming. Il a l'air étonné lui aussi. Je sers notre argent contre moi, et range ma clé pour l'ouvrir. Je leur dis :
"Vous ne pourrez avoir l'argent sans l'accord du boss. Lui seul a le code permettant d'ouvrir la mallette.
-Ne vous inquiétez pas, nous voulons juste vérifier que vous êtes honnêtes. Cet échantillon restera actif pendant 30 minutes, mais le produit final peut durer un ou deux mois, suivant la dose."
Oh non, ils vont fouillé nos pensées. S'ils découvrent mon autre identité, je suis faîte. Je retourne près de la voiture, prête à prendre mon fusil qui est sur le toit, si leur examen me met en péril.
Ming reçoit son injection. L'homme passe l'ordinateur devant lui, attend, lit des informations, et fait un signe à son collègue.
A moi. Je relève la manche de mon tailleur, et lui tend mon bras découvert. L'homme m'injecte le liquide translucide contenu dans la seringue, attend. Je ne pense qu'à Ming, je ne pense qu'à Ming, je ne pense qu'à Ming... Il lit ses données. Je ne pense qu'à Ming, je ne pense qu'à Ming... Il fait signe à son collègue.
"C'est bon, tenez, voici le produit. Notre argent ?"
Je lui donne ma mallette. Je vérifie le contenu de ce qu'ils nous ont donné. Plusieurs produits, des h-dvd rom, ce qu'il faut pour synthétiser cette drogue. Ming et moi donnons nos clés et leur donnons le numéro du boss pour qu'ils obtiennent le code. Les hommes remontent dans le van, et s'en vont. Nous faisons de même, direction Chinatown.
Malheureusement, on tombe en pleine heure de pointe, des embouteillages sur toutes les autoroutes. Nous sommes bloqués dans la circulation. Je vois quatre Noirs encagoulés qui escaladent le bord de l'autoroute, et se faufilent entre les voitures. Ils nous voient, je crois que nous sommes leur cible. Une pilule de Kobal, je saisis mon fusil à pompe. L'effet euphorisant est immédiat, l'anesthésique semble faire effet, je ne sens plus mon corps. Ming sort son pistolet mitrailleur H&K MPK11, tandis que je sors de la voiture pour les accueillir. Tant pis si nous n'étions pas leur cible, je vais faire de la légitime attaque. Tandis qu'ils se profilent entre les voitures vers nous, je vise le premier. Un coup. Son torse explose dans une gerbe de sang, éclaboussant les voitures à côté. Ses trois camarades se baissent et me mettent en joue. Je ne bronche pas, je ris toujours et tire sur le second. Son épaule gauche vole en éclats, il s'écroule sous le choc. Je vois qu'ils tirent, mais n'entend même plus l'environnement. Je m'approche. Le troisième me tire dessus. Je crois qu'il m'a eue, mais je ne sens rien. J'avance vers lui, je vise sa tête. La déflagration l'emporte, le corps s'effondre. Le dernier prend la fuite. Je tire, le rate. Je pompe le fusil, tire. Il tombe. Je l'ai touché dans le bas du dos. Il ne devrait pas tarder à mourir. Je reviens vers la voiture. Ming me dit "tu saignes". En effet, j'ai un trou dans mon ventre, à droite. La drogue m'empêche de souffrir, mais les effets devraient bientôt s'estomper. Je retire mon tailleur troué et tâché. Ma chemise à l'origine blanche est rouge maintenant. Je presse la blessure avec mon tailleur, ma note chez le teinturier va être élevée. Je demande à Ming, toujours en souriant : "T'as des hemo-glu ?
-dans le coffre."
Il sort me chercher sa trousse de soin, revient dans la voiture. Il n'est pas inquiet, moi non plus. Nous avons vu pire. D'abord, il ouvre ma chemise pour accéder à la plaie. Il retire la balle avec une pince magnétique, nettoie mon ventre, passe un désinfectant, un coagulant dans la plaie pour éviter une hémorragie interne puis referme la plaie avec le hemo-glu. "Ferme bien le trou en pressant fort." Je fais ce qu'il me dit, mais mon rire incontrôlé m'empêche de bien refermer la plaie. J'aurai une cicatrice de plus. Dix minutes plus tard, le Kobal ne fait plus effet. Mon ventre me pique, me brûle. J'ai mal, mais je ne dis rien. Etre une femme dans la Triade oblige à être encore plus forte qu'un homme. La moindre faiblesse affichée sera utilisée pour me détruire. Pour oublier ma douleur, j'allume l'holo-tv. Je zappe : MTV, FoxXx, blood tv, ... Nike Channel diffuse des informations :
"... Sident s'est déclaré offensé par cette insulte de notre gouverneur, et en plus de le poursuivre pour "injures", se prépare à remplacer la politique californienne, par la force. Le gouverneur du Nevada s'est déclaré solidaire de sa voisine ensoleillée et refuse que l'armée traverse son état. Tout autre sujet, ce soir, demi final du Nike Bloody Football, les Compton Massacrors affrontent les Van Nuys Rapists, du beau sport en perspective ! Ce soir à 8h30pm."


Los angeles, chinatown, 16/06/2031

J'éteins l'holo-tv, la réprimande du président rigoriste me dégoûte. Pendant ce temps, Ming a réussi à nous dégager de l'embouteillage, nous arrivons à Chinatown. Il se gare près dans le parking du boss. Nous descendons, il porte la mallette. Je laisse mon sac et mon Sony dans la voiture, je ne garde que mon automatique sur moi, au cas où. La bâtisse, ou le château, de notre boss se dresse devant nous. Je suis toujours subjuguée par la splendeur du bâtiment. Une immense tour de 10 étages, ancien hôtel, construit dans la tradition chinoise, avec des toits descendants à chaque étage et des statues de Phoenix ou de lions à l'entrée. Il est temps de retrouver Sam Ngai, notre chef. Chu, le garde à l'entrée, nous sourit et nous dit que Sam nous attend. Nous entrons et prenons l'ascenseur vers le 10eme étage. Ming est serein, comme à son habitude. C'est aussi pour son silence lorsque je suis nerveuse que je l'aime. Une fois en haut, nous arrivons dans une pièce assez vaste, une grande table au milieu et un trône au bout. Mais Sam est assis à la table, au milieu. Quatre gardes sont présents. Sam est petit, cheveux courts. Il a un visage particulier, ovale, sans reliefs, mais toujours souriant. Sauf lorsqu'il est de mauvaise humeur : là, il devient monstrueux, cruel, sadique. En nous voyant, il se lève et se dirige vers nous.
"Ah Liu, Ming, comment allez vous ?
-Voici votre commande, Mr Ngai, commence Ming en s'agenouillant et en présentant la mallette.
-Oh allons Ming, je t'ai déjà dit de ne pas être formel comme ça. Et toi Liu, ça va ?
- Ni Hao Sam, ça va bien merci. Juste un incident avec des car-jackers sur le retour, mais rien de grave, lui dis-je en montrant ma plaie.
Sam prend la mallette, regarde à l'intérieur, puis la donne à un homme de main qui l'emmène au "service scientifique".
-Hum, il faudra faire soigner ça. Bien, merci pour la livraison, vous verrez, ce produit va faire fureur ! Dans une semaine, on devrait pouvoir le commercialiser. On doit juste le synthétiser et faire quelques réglages. En plus (il se rapproche pour que ses gardes n'entendent pas la suite) on pourra infiltrer les flics à leur insu !
Je le regarde, bouche bée. Ming reste calme. Je n'avais pas pensé à cette application des nano machines.
-Vraiment ?
-Mais oui, il suffit de leur injecter une dose, et on aura toutes les pensées du drogué directement chez nous. A Chicago, ils ont même réussi à prendre le contrôle du client avec les machines. J'espère que mes chercheurs vont vite réussir à faire pareil.
Cette nouvelle me parait invraisemblable. Si Sam met ça au point, je serai découverte dès mon premier fix et il pourra m'utiliser pour fouiller tout l'UMA.
- Allez, on va fêter cette bonne nouvelle au restaurant."
Je descends avec eux et je prétexte une course à faire pour leur fausser compagnie. J'appelle Alex Kawa.
"Dans une semaine, tu auras ta preuve. Sam va lancer une nouvelle drogue sur le marché, très puissante. Je pense qu'il la fera produire dans son plus gros atelier, au milieu des usines de Norwalk, entre la A14 et la 14eme. Mais vous devrez me faire sortir d'ici.
-Merci Liu, mais tu vois, ton poste est trop important, on peut pas encore te rapatrier... "
Je lui raccroche au nez. Le LAPD ne me soutiendra pas. Pour ne pas être découverte par sa drogue, soit je fuis, soit je deviens un vrai membre de la Triade. Fuir sans soutien revient à se suicider. Adieu l'UMA.
Je retrouve Sam, Ming et d'autres collègues à la terrasse d'un restaurant chinois célèbre pour ses Dim Sum. Le restaurant est modeste, mais le propriétaire est un ami de notre Boss, et la nourriture y est très bonne. Sam est jovial. Il blague avec tout le monde, rit beaucoup et n'arrête pas de me taper sur la cuisse quand il s'esclaffe. Les autres participent à sa bonne humeur, mais avec plus de retenue. Je ne rie pas, je suis dans mes pensées. Voilà donc ma vraie famille. Je voulais faire partie des gentils, de ceux qui font respecter la loi, pour que cette criminalité qui terrorisait des familles comme la mienne cesse. Mais tout a changé. Le LAPD m'a trahi, Sam m'a accueilli. J'ai l'impression de vivre une autre vie depuis huit ans. Ai-je vraiment fait l'école de police de San Diego ? Suis-je un agent infiltré ? Et si j'étais Liu Chao-shiuan depuis le début ? Les nano machines peuvent influer sur le cerveau, alors peuvent elles modifier la mémoire ? Le LAPD aurait pu me créer un passé de fille parfaite pour mieux convaincre la criminelle que je suis de les aider. Ou Sam aurait pu faire de même pour tester ma loyauté. Sans preuves de son passé, il est impossible de savoir si l'on a existé.
Tandis que je doutais, quelque chose attira l'attention de mes yeux vagabonds. Trois hommes dans l'ombre, debout, devant moi. Ils sortent des objets de leurs valises. Je me concentre dessus. Ils tiennent des pistolets mitrailleurs. Par réflexe, je me lève, jette Sam à terre et sort mon automatique. Trop tard. Les rafales commencent. Je suis touchée, trois fois. Une balle dans la cuisse, une dans le sein gauche, et la dernière dans la gorge. Je m'écroule à terre, Sam semble encore vivant, il crie et tire sur ses assaillants. J'essaye de lui parler, lui dire que je suis heureuse qu'il vive encore, mais je n'émets que des sons écoeurants et des bulles dans mon sang. Je sens mon dos devenir collant, ma chemise colle à ma peau. La flaque s'étend autour de moi. Les coups de feu cessent, je vois Ming qui se penche au dessus de moi. Il pleure, il me dit que ça va aller, que je vais m'en tirer. Oui Ming, tout ira bien pour toi, je te fais confiance, tu es un homme bon. Ma vision se trouble, mes sens se brouillent. Je ne sens plus mon corps, et pourtant, je ne ris pas. Puis je vois une grande silhouette blanche au dessus de moi, elle s'approche, elle est belle. C'est un Ange. Ah non, je me trompe, cet Ange a les yeux rouges...
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Re: faux semblants
Posté par jacquesv le 18/12/2006 12:13:22
(bah vi, encore un trip de roliste ^^) quandmême un 9:)
http://minilien.com/?VBIawi4Rst

http://fr.wikipedia.org/w iki/Triades_chinoises

Modifié le 18/12/2006 12:14:15
Re: Faux Semblants
Posté par himura29 le 10/10/2006 18:28:42
hell-> a mon avis, c'est les questions sur ce qui définit l'existence, la manipulation de l'esprit (du "ghost"), etc... *-)
enfin faut demander aux principaux interessés :p
Re: Faux Semblants
Posté par hell le 10/10/2006 16:52:06
o_O je trouve pas du tout que ça ressemble a gosht in the shell...
m'enfin va falloir que je revoie aussi :-(
a la limite le personnage central ^o)
c'est quoi le rapport?
Re: Faux Semblants
Posté par himura29 le 09/10/2006 17:54:30
norbert vincent & ushiwa.sasuke-> marrant, jl'ai pas fait avec GITS en tete... (j'ai pas la prétention de pousser à une reflexion philosophique ^^) mais maintenant que vous le dites, ouais, ya quelques rapports. Enfin la ressemblance est "fortuite", meme si inconsciemment, j'ai dû en mettre des morceaux.
'Fin bon, marci pour ces commentaires :)
Re: Faux Semblants
Posté par ushiwa.sasuke le 09/10/2006 14:29:12
il me semble aussi que cela ressemble à gost in the shell il faudrait que je le revoie pour être sur...

Sinon j'ai bien aimé :)
. Voir tous les commentaires et/ou en poster un (10)
L'auteur : Kobal ibn Allah al hakid
38 ans, A quelques marches du purgatoire (France).
Publié le 05 octobre 2006
Modifié le 14 août 2006
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