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Four Horsemen, un clan légendaire

Peu connus des récents fans de catch, le clan des Four Horsemen est pourtant celui qui a le plus influencé les évolutions de ce sport-spectacle aux USA, des clans comme la NwO et l'Evolution ont marqués la continuité de la transformation d'un produit famillial gentillet vers plus de violence et de crédibilité.


Où en serait le catch aujourd'hui s'il y a une vingtaine d'années, la NWA n'avait pas enfanté le premier grand clan heel sur le territoire américain ? Aurions-nous connu la N. W. O, la D-Generation X ou encore l'Evolution ? Rien n'est moins sûr. Dans une ère où l'imagerie du catch était dominée par le grand héros gentil, triomphant toujours à la fin et où les gimmicks étaient souvent caricaturales et irrationnelles, imposer à l'antenne un gang animé de valeurs toutes autres s'annonçait périlleux. Et pourtant le succès sera l'écho de cette audace.


Une association fortuite

En 1986, la NWA possède son pendant à Hulk Hogan en la personne de Dusty Rhodes, c'est ce dernier qui vient au secours de la veuve et de l'orphelin dés que le besoin s'en fait sentir. Il poursuit une rivalité à travers les années face à Ric Flair, catcheur qui entraîne une ambigüité chez les fans, car reconnu et apprécié par une frange du public malgré ses agissements de heel. Il est en cours de troisième règne mondial lorsqu'il va s'entourer de lutteurs d'avenir pour mieux régner sur la fédération.
Une décision qui est, dans un premier temps, lié aux contraintes horaires de la NWA. En effet, les entrevues de catcheurs étaient alors des segments très réduits par rapport au temps accordé aux combats. En tant que heels majeurs, chacun dans leur catégorie, Flair (champion mondial), Arn & Ole Anderson (concourant pour le titre par équipe) et Tully Blanchard (tour à tour leader de la catégorie tv ou us) sont rassemblés dans les studios pour réaliser des entrevues communes, chacun évoquant à tour de rôle sa feud du moment.
Ces segments sont en grande partie improvisés, ce qui est sans doute une des causes du rapide intérêt que ce groupe crée et de la crédibilité qu'on accorde à leur gimmick. Les quatre catcheurs, managés par J. J. Dillon, vantent dans leur discours leur relation à l'argent, aux femmes et à la grande vie qu'ils mènent sur et en dehors des rings. Leur goût pour les vêtements et les objets de luxe sont explicités régulièrement à l'écran. En coulisses, ils ne sont rien d'autre que quatre amis, toujours ensemble sur la route, et vivant grand train. En parfaite adéquation avec ce qu'ils "vendent" devant les caméras.


L'irruption du nom

Néanmoins, le clan cherchait encore ses repères après quelques mois. Il n'avait pas encore à son actif un acte fondateur qui clarifierait le lien entre ses membres. Ce fut chose faite durant l'été 1986 lorsqu'Ole Anderson intervenait dans un combat et brisait littéralement le poignet de Dusty Rhodes. Plus tard, se félicitant de la mise à l'écart provisoire de cet ennemi, Arn Anderson déclara que pour retrouver dans le passé quatre personnes qui avaient causé autant de dommages qu'eux, il fallait remonter aux cavaliers de l'apocalypse. Il semble bien que cette référence est une idée propre à Arn et que les autres la découvrirent en même temps que les téléspectateurs. L'identité était trouvée et elle resterait à jamais associée au clan. Le geste des quatre doigts en l'air fit ensuite figure de symbole et de raccourci reconnaissable entre milles.
Ils dominèrent les shows jusqu'au début 1987 sans entraîner de lassitudes quant aux fans, ceux les aimant étant ravis de la tournure que prenait le produit, ceux les détestant continuant de suivre les événements dans l'espoir de les voir chuter de leur piédestal. Ce qui arrivait épisodiquement, comme lorsque Dusty Rhodes détrôna Flair, parenthèse de deux semaines avant que le "nature boy" récupère son bien. La perte des titres par équipes par les Andersons à Starrcade 1986 allait avoir plus de conséquence. Critiqué par les autres membres pour ses occupations extérieurs (telle qu'aller voir son fils lutter dans une autre fédération), Ole Anderson était poussé vers la sortie et sa place revenait à Lex Luger, nouvelle force vive de la NWA, qui a de lui-même demandé à rejoindre le groupe.


Le succès relatif des incarnations suivantes

L'intronisation de Luger amenait Tully Blanchard à faire plus souvent équipe avec Arn Anderson et les deux dominaient la division par équipe, battant tous les records d'intensité dans leur rivalité avec les Road Warriors (Legion Of Doom à la WWF). Le nouveau membre gravit rapidement les échelons en solo, à tel point qu'il devenait un danger pour Ric Flair. Se servant du prétexte d'une brouille avec le manager J. J. Dillon, causant involontairement la perte du titre us de Luger, le clan renvoyait sans ménagement ce dernier et commença l'année 1988 doté seulement de trois membres. Mais au vu de leur patronyme, le recrutement d'un nouveau catcheur s'imposait. Ce fut fait au mois d'avril quand Barry Windham trahissait Luger dans un match contre Arn Anderson et Blanchard.
Si cette nouvelle mouture est reconnue comme la meilleure d'un niveau purement technique, le charme des débuts et la spontanéité des entrevues s'estompait quelque peu. Ils continuèrent de truster les titres, au grand dam du reste du vestiaire de la fédération. Cette fois, c'est la coulisse qui allait se charger d'amputer le groupe de deux membres, une mésentente sur les nouvelles signatures de contrats poussait Arn et Tully à rejoindre la WWF à la fin de l'été.
De manière ridicule, Flair et Windham continuaient de se faire appeler les horsemen durant plusieurs mois après ce clash. Des catcheurs comme Butch Reed et Kendall Windham, frère de Barry, gravitaient autour du clan sans le rejoinde formellement. Le pompon fut atteint début 1989 quand J. J. Dillon partait à son tour pour la WWF, et que la NWA ne trouvait rien de mieux que de le remplacer par Hiro Matsuda. Un manager Japonais qui ne cadrait pas du tout avec les préceptes du groupe, sans compter que son vocabulaire était limité en entrevues.
Après le départ de Barry Windham, le nom fut abandonné pour de bon et Flair devenait même "face" après sa trilogie légendaire face à Ricky Stemboat, combattant notamment Terry Funk.


L'instabilité durant les 90's

Surfant sur le nouveau statut de Flair auprès du public, les Horsemen, reformés en décembre 1989, sont favoris de la foule tout en reprenant leurs vantardises passées. Seul Blanchard manque à l'appel de cette reformation. En lieu et place, les autres représentants élisent Sting, un choix qui peut interroger aujourd'hui, en vertu de l'image d'héros solitaire qu'imposera plus tard ce catcheur. Mais le Sting de 1990 n'est pas celui de la fin de la WCW, il est empreint d'une excentricité de tous les instants, comparable alors à l'Ultimate Warrior qui connaissait son heure de gloire à la WWF. Hélas les plans pour lui étaient restreints et suite à un tournoi faisant de lui un légitime challenger au titre mondial, il fut passé à tabac par son propre clan pour avoir osé défier Ric Flair. En mai 1990, handicapé par de graves blessures, Ole dût renoncer à lutter et resta dans le groupe comme simple manager. Il fallait trouver deux autres lutteurs actifs pour compléter le groupe. Revenant de la WWF, Barry Windham récupéra sans ombrages sa place, en revanche l'ajout de Sid Vicious fut plus problématique. Peu doué techniquement, limité au micro et ayant une image de monstre pouvant évoluer seul, il ne cadrait pas du tout avec le décor.
Plusieurs événements allaient précipiter la fin de cette mouture, l'acquisition d'une partie de la NWA par le milliardaire Ted Turner en serait la raison majeure. La compagnie se désengageait de son affiliation avec la NWA et devenait la WCW (World Championship Wrestling). Chacun trouva de nouveaux interlocuteurs avec qui négocier et le produit allait progressivement se transformer en entreprise à grand spectacle, pour concurrencer la WWF de Vince McMahon. Ce dernier prit les devants et débaucha des stars de la nouvelle WCW, ce fut le cas pour Sid Vicious qui partit en mai 1991. L'impensable se produisit avec le départ de l'emblématique Ric Flair, en désaccord avec la nouvelle direction et sa "rigueur" budgétaire. Arn Anderson trouva refuge dans une alliance avec Larry Zbysko tandis que Windham était promu main-eventer.
En mai 1993 à la WCW, le projet était de recomposer le clan originel mais ce ne fut pas possible puisque Tully Blanchard échoua à un test anti-drogues et fut raillé de la carte des grandes fédérations pour longtemps. Revenu de son escapade à la WWF, Flair en était à nouveau le leader avec Arn Anderson tandis qu'Ole devenait un simple conseiller. L'arrivée de Paul Roma pour compléter le tout, offusqua bon nombre de fans, compte tenu que ce dernier était un lutteur de second plan dans la fédération concurrente. Cette association eu peu de succès et se brisa avant la fin de l'année.
Les mois suivants, un retour semblait impossible, d'autant que Flair et Arn Anderson allaient rentrer en feud pour la première fois de leur carrière, se concluant par un combat à Fall Brawl 1995. Ils reconstruisent pourtant le groupe, dans la grande tradition, dès le pay per view suivant, lorsque Flair trahit Sting dans un match par équipe et s'allie à Anderson et Brian Pillman, nouveau lutteur fougueux. Chris Benoit rejoint à son tour le clan, redevenu aussi impertinent qu'au début, notamment en parvenant à détourner des femmes managers de leurs voies. Ainsi Woman et Miss Elizabeth joignent le clan, suivi bientôt par Debra quand son mari Steve McMichael est embauché à l'été 1996 pour palier au départ de Pillman à la WWF.
Assez populaire, cette formation devint "face" à son corps défendant lorsque fut formé la N. W. O. Au Bash At The Beach de cette même année. Les quatre hommes demeuraient parmi les meilleurs lutteurs de la fédération mais n'occupaient plus tous les main-events. Le contrôle créatif de la WCW limitait en effet les desiderata des uns et des autres, même Flair se résolvant à ne plus tourner autour du titre mondial. La blessure (réelle) de Arn Anderson et celle (en storyline) de Flair allaient réduire le groupe à deux membres. Même après le retour de Flair, les feuds étaient éparpillés et si Benoit et McMichael faisait régulièrement le signe des quatre doigts lors de leurs combats, le temps avait fait son œuvre et le groupe était dissout.


Epilogue fumeux

En septembre 1998, les Horsemen utilisaient la brouille réelle de Flair avec Eric Bischoff et la direction de la WCW pour monter une dernière fois le clan. Arn devenait manager tandis que McMichael, Benoit et Malenko reprenaient du service. Ric Flair revenait à Nitro (show équivalent de raw pour la WCW) après plusieurs mois d'absence et déversait sa bile sur la direction que prenait la compagnie. A nouveau derrière la WWF en audience, après presque deux ans de domination, la fédération délivrait un contenu sans queue ni tête, symbolisé notamment par la dérive de la N. W. O qui avait finit par compter plus de la moitié du roster. Le manque de continuité des storylines, notamment le manque de crédit accordé à l'équipe Benoit/Malenko entraîna le split courant 1999.
Qu'importe la triste fin du clan, les Horsemen font encore figure d'exemples pour ce qui a trait à l'incarnation vécue d'une gimmick et à l'investissement dans la crédibilité du kayfabe.
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L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 28 février 2010
Modifié le 14 février 2010
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