| Horner tape du poingDans les derniers kilomètres d'une des étapes les plus compliquées de ce Tour d'Espagne qui voyaient les coureurs arrivés sur les hauteurs du Pena Caberga, Christopher Horner a rattrapé une grande partie de son retard sur le maillot rouge Vincenzo Nibali.Hier, personne n'a dû avoir l'impression de vivre une simple étape de montagne d'un grand Tour parce que ce que Chris Horner a offert aux spectateurs, venus principalement pour applaudir Alejandro Valverde, troisième au classement général, un spectacle à couper le souffle. Ce genre de frisson qui nous hérisse les poils parce qu'on sait qu'une chose très grande est en train de se passer sous nos yeux de passionnées de la bicyclette, ce genre de frisson que l'on a du moment qu'il s'agit d'une course, d'une grande course, ce qu'est véritablement la Vuelta. Malgré ceux qui aiment à voir notre toujours bon vieux Tour de France comme plus grande course du calendrier cycliste international, le fait est que depuis deux ans, c'est bel et bien la Vuelta qui se montre la plus disputée, la plus indécise à seulement deux jours du verdict final.
Du haut de ses quarante-et-un an (il soufflera la quarante-deuxième bougie dans le courant du mois d'octobre), Chris Horner est en train de réaliser la plus grande et la plus belle performance de toute sa longue carrière. D'une concentration plus que parfaite sur chaque étape de cette Vuelta, mise à part sa prestation moyenne lors du contre-la-montre de la semaine passée, il a su, ou du moins pour l'instant, éviter tous les pièges ainsi que tous les obstacles. Pourtant, qui aurait pu croire que l'avènement de ce coureur plus équipier que leader lors de ses années de jeunesse viendrait cette année. Lors d'une saison qui l'a vu éloigner des vélos pendant plus de cinq mois à cause d'une vilaine blessure au genou droit dû, il parait fatalement logique, au poids des années.
Distancé lors des toutes premières étapes où la route s'élevait et surtout en contre-la montre par un Vincenzo Nibali qui paraissait tout contrôlé, Chris Horner s'était déjà rapproché de l'Italien en début de semaine, à Aramon Formigal, pour ne concéder au classement du Maillot Rouge que vingt-huit petites secondes. Il avait alors prévenu, avec ce sourire discret mais plein de malice, à l'Assemblée "je reviens petit à petit et la semaine qui se présente devrait suffire".
Le meilleur en montagne, c'est lui
Hier après-midi, alors qu'il aurait bien pu se contenter d'admirer le paysage qu'offrait cette arrivée dans les Asturies, le leader de la Radioshack a attendu son heure et a su porter le coup de grâce à tous ses adversaires au bon moment même si lui regrettait de ne pas avoir pris plus de distance sur la meute "mes coéquipiers m'ont très bien protégés jusqu'au pied de la dernière difficulté. Ils ont fait un super boulot pour préserver le "Vieux" que je suis. Je sentais que j'avais les jambes pour faire quelque chose de bien mais il fallait absolument trouver le bon moment pour faire mon effort. J'ai eu un peu peur parce que, tour à tour, Astana pour Nibali, Movistar pour Valverde et Katusha pour Rodriguez tenaient un gros rythme. Je me suis dit qu'il n'y aurait pas d'ouverture et qu'on finirait presque dans le même temps. Mais, à deux ou trois kilomètres de l'arrivée, j'ai vu que les leaders se trouvaient plus esseulés donc j'ai accéléré. J'ai vu que je prenais un peu d'avance donc j'ai poursuivi l'effort jusqu'au bout. Je peux même regretter qu'il n'y ai pas eu un ou deux kilomètres de plus parce que j'aurais fais encore plus d'écart mais au final, je me dis que c'est un mal pour un bien parce que le maillot, c'est samedi qu'il faudra l'avoir sur les épaules". Traversant la ligne d'arrivée vingt-cinq secondes avant Nibali, Horner ne se retrouve plus qu'à trois secondes de Vincenzo Nibali.
Les exploits de Christopher Horner sont, depuis le début du Tour d'Espagne, l'attraction majeure de la course. Elle pose des questions, des inquiétudes mais également des coups de chapeau. Vainqueur d'étape à Burgos mercredi, Bauke Mollema y allait de son compliment "ce qu'il est en train de faire est purement exceptionnel parce qu'il est presque le favori de la Vuelta et il le fait à quarante-deux ans, c'est la première fois qu'il est aussi proche de remporter un Grand Tour. Vincenzo Nibali lui-même tenait à saluer celui qui risque de lui retirer la tunique rouge d'ici à Madrid "une chose est certaine, quand j'aurais son âge, je serais incapable de faire ce qu'il fait. Il a les jambes et la tête. Il a beaucoup maigri, il reste presque tout le temps en danseuse. C'est lui le meilleur pour l'instant".
Il reste deux étapes de montagne, donc capables de bouleverser le classement général. Aujourd'hui, premièrement, à Naranco, dans une étape qui pourrait être plus intéressante que prévue bien que les pentes soient peut-être un peu trop faibles pour le serial grimpeur que semble être véritablement ce bougre de Horner en ce mois de septembre, mais surtout samedi, au sommet du terrible Angiiru où l'Américain aura le plaisir de retrouver des pentes qui lui sont plus favorables, c'est à dire autour des 20 %, des pentes où pas grand monde ne peut le suivre, pas même Vincenzo Nibali, c'est dire... | | |
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