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Ilianise : tome 2 - Les larmes de sang

Voici venu le temps de vous annoncer la sortie aux Editions Légendes du deuxième épisode de la vie d'Ilianise, cette jeune femme devenue vampire au début du XVIIIe siècle.


Dans ce tome, Ilianise découvrira enfin la triste réalité sur sa naissance, pourquoi son maître en a fait une créature de la nuit. Elle sera confrontée à bien des tourments, ses illusions s'évanouiront. Voici venu le temps des larmes de sang.


Pour trouver ce roman, cliquer sur le lien ci-dessous : http://www.lulu.com/content/2232956
(N'hésitez pas à y laisser un commentaire !)

Et voici un petit extrait, pour vous donner un aperçu de l'ambiance !


Sade

Une faim terrible me réveilla en sursaut. Mon ventre se crispait, tiraillé par cette sensation que je connaissais maintenant trop bien.
Je ne sentais plus mon corps. J'avais l'impression de n'être plus que souffrance.
J'étais faible, presque incapable de bouger. De lourdes chaînes entravaient mes poignets et mes chevilles.
Il me fallut un long moment pour recouvrer complètement mes esprits. Peu à peu, les souvenirs me revenaient entre deux hoquets douloureux qui me renvoyaient dans la bouche le goût du sang coagulé.
Je revoyais mentalement le visage du valet, celui du jeune bourgeois effrayé qui avait sombré dans la folie.
Je frissonnais en me remémorant les coups terribles de mes geôliers, la sauvagerie de cette nuit qui me paraissait si lointaine déjà...
Ma sauvagerie.
Ouvrant péniblement les yeux, je commençais à distinguer les murs de la cellule, le sang séché qui imbibait le sol poussiéreux, la lourde porte de chêne à côté de moi.

Puis je reconnus l'odeur musquée de la peau d'un homme. Détournant le regard de la flaque purpurine, je levais les yeux vers le jeune homme en face de moi. Lui aussi était enchaîné, de sorte qu'il ne pouvait plus m'approcher.
Mais le désirait-il encore ?
Je voyais brûler dans ses yeux bleus la flamme de la démence. Il me fixait de biais, un sourire barrait son visage, qui en disait long sur la perversité de ses pensées.
Instinctivement, je me redressais tant bien que mal et tentais maladroitement de cacher ma poitrine nue en remontant mes mains vers mes seins trop blancs. Je fixais son regard. Je sentais à nouveau la bête rugir en moi, mais cette fois je ne voulais pas lui céder. J'avais tué un homme, pour la première fois je comprenais à quel point ma raison était fragile face à la force de la colère de cette chose immonde, cet autre moi, la créature damnée, l'abomination absolue.
La faim pourtant me déchirait le ventre.
Il dut lire dans mes yeux cette inavouable tentation, il me sourit plus largement avant de s'adresser à moi d'une voix doucereuse :

— Chère Demoiselle, je ne sais pas qui vous êtes, ni ce que vous êtes, mais ce dont je suis sûr c'est que je n'ai jamais rencontré une créature telle que vous. Seriez-vous l'incarnation du démon, une damnation biblique venue des enfers pour me tourmenter ? Car c'est que vous faites, vous savez. Chacun de mes regards sur vous attise en moi la flamme du péché, même si je ne peux me défaire de ces images de cruauté, lorsque vous avez tué sous mes yeux mon valet. Qu'êtes-vous donc, belle jeune femme à la peau laiteuse ?

Je restais silencieuse, préférant détourner un instant mon regard pour ne pas me laisser emporter par la colère que je sentais monter en moi. Le jeune homme en sembla momentanément contrarié. Il soupira, se relevant pour faire un pas vers moi. Ses chaînes tintèrent, il semblait s'en amuser.

— Je ne sais pourquoi vous êtes là, mais j'espère bien que vous me l'apprendrez. Après tout, vous et moi partageons la même cellule, il est normal que nous nous fassions des confidences, vous ne croyez pas ? Ce qui est certain, c'est que celui qui vous a fait venir ici ne vous aime guère. Il s'est livré sur vous à des actes que je qualifierais aujourd'hui d'exquis en regard à votre propre barbarie, même s'ils m'apparurent démesurément violents sur le moment.

Je regardais ce jeune homme maniéré qui s'extasiait devant moi, me demandant un instant si je n'allais pas une nouvelle fois me laisser emporter par la colère. Le voyant ainsi pérorer devant moi, mes sentiments oscillaient entre le dégoût et la haine. Et puis, une pensée surgit, éteignant tout à coup le feu qui me consumait de l'intérieur.

Je réalisais qu'il était un miroir vivant de ma propre condition, de cette part en moi que je n'avais jamais osé regarder en face, de cette monstruosité qui rugissait et que j'avais cru dompter. Comme il m'avait été facile de m'aveugler moi-même sur cette soi-disante maîtrise de moi, comme il m'avait été facile de succomber à l'appel de la bête immonde.
Finalement, cet homme-là me ressemblait...
Le comprendre me permit de me contrôler.
Il me sourit lorsqu'enfin je lui répondais en murmurant.

— Mais qui... Qui êtes-vous, où suis-je, depuis combien de temps suis-je ici ?

— Oh, pardon charmante Demoiselle qui hantez chacune de mes nuits. Je m'appelle Donatien Alphonse François, Marquis de Sade. Vous êtes emprisonnée à la tristement célèbre forteresse de Miolans, prison des Ducs de Savoie. J'y séjournais avec mon valet, un fort beau jeune homme que je regretterai, depuis plusieurs malheureuses semaines par quelques différends abscons avec des bourgeois effrayés par mes mœurs pourtant irréprochables, lorsque des inconnus ont pénétré ce havre de quiétude pour nous déranger dans nos méditations solitaires de la façon la plus désagréable qui soit. Ils se sont empressés d'aménager ce qui est maintenant votre couche, de même qu'ils ont fermé l'unique fenêtre de cette pièce, nous privant ainsi des quelques rayons de lumière qui nous donnaient l'impression d'être vivants. Ce faisant, je protestais vigoureusement devant tant de bassesse, ne méritant pas tel traitement. Je ne reçus en retour qu'insultes et quolibets que je m'interdis de vous répéter, car, j'en suis sûr, vous êtes une dame de fort bonne éducation, même si vos manières me révèlent une âme bien plus vile que la mienne. D'ailleurs, je vous admire pour cela, vous savez.

— Vous parlez fort bien, Marquis, mais allez au fait avant que je ne vous montre à nouveau toute la noirceur de mon âme, puisque vous semblez y être si sensible. Combien étaient-ils, quand reviennent-ils, l'un d'eux parle-t-il avec un accent italien ?

— Je vois charmante Demoiselle que vous êtes irritée. Je le conçois fort bien, et même l'excuse complètement. Mais voyez-vous, le temps ici prend toute sa valeur. Compte tenu de nos situations respectives, vous ne me priverez ni de mon discours, ni du délice de vous voir languir à mes pieds. Je vous avoue qu'en d'autres circonstances, j'aurais trouvé fort plaisant de me joindre à nos geôliers, ne serait-ce que pour oublier le chagrin de la perte de mon valet. Mais leurs manières passèrent rapidement du badinage libertin à la plus misérable expression de la violence. À cela, j'avoue avoir eu beaucoup de mal à m'intéresser, au début en tout cas car en ce domaine ils ne vous arrivèrent pas à la cheville. Mais ce que je remarquais par ailleurs fut votre incroyable capacité à vous remettre de vos blessures, pourtant par de nombreuses fois sanglantes. Après votre furie sanguinaire, je trouve ce fait des plus troublants. J'espère que vous aurez la délicatesse de m'expliquer ce mystère. Mais pour en revenir aux questions qui vous intéressent, vos tortionnaires sont au nombre de trois et parlent tous l'italien sans accent. Vous allez vite les connaître, car ils ont l'habitude de nous rendre visite trois fois par semaine. Parfois plus, je crois qu'ils sont coquins et d'humeur badine, enfin si j'ose dire. Peut-être même vont-ils s'empresser de revenir dès qu'ils réaliseront que vous avez pleinement recouvré vos esprits. J'ai cru comprendre d'après leurs propos qu'ils tenaient à vous maintenir dans un état de grande faiblesse, mais ne voulaient par pour autant vous plonger dans ce qu'ils appelèrent une trop longue torpeur. Ne trouvez-vous pas cela également fort étrange ? Maintenant que j'ai gracieusement répondu à vos questions, auriez-vous l'obligeance de satisfaire ma curiosité ? Alors charmante Demoiselle, quel est donc ce lourd secret qui vous a conduit jusqu'ici ?
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L'auteur : Francois Facon
54 ans, Chambery (France).
Publié le 14 juillet 2008
Modifié le 31 mai 2008
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