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L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?

L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ? Question assez complexe... Et si nous essayions d'y répondre ?


L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ? Oui ? Non ? Voici quelques pistes... Vous pouvez bien sûr réagir à la fin de cet article...


L'aide humanitaire rend la misère intolérable

La charité est une manière de s'offrir à peu de frais la bonne conscience d'avoir aidé, sans se priver, le pauvre, le déshérité. L'aide humanitaire fait du bien à celui qui donne. En effet, la justice consiste à donner à autrui ce qui est à lui, ce qui lui revient de droit, alors que la charité semble faire autre chose : elle donne ce qui est à soi. En ce sens, l'aide humanitaire va au-delà du droit exigible et la personne peut avoir bonne conscience : elle a fait plus que son devoir.

Aussi longtemps que l'aide humanitaire sera un don dépendant de notre fantaisie, de notre bon vouloir, la moindre aumône nous remplira d'aise et notre conscience s'endormira sur la satisfaction du devoir accompli.

"L'aumône fait du mal à celui qui reçoit" disait Anatole France. En effet, non seulement le pauvre est pauvre, mais comme on lui fait remarquer qu'il n'a droit à rien, il va remercier son bienfaiteur. Cette reconnaissance de l'exclu conforte "les bonnes consciences bien pesantes et bien nourries" (Jankélévitch). On peut voir dans les pratiques charitables un certain machiavélisme destiné à faire accepter l'injustice à ceux qui sont exploités. Comme Gide, on peut considérer que l'aumône est importune à quiconque a conservé le sentiment de sa dignité. Elle avilit encore plus celui qui reçoit en lui montrant qu'il est dépendant des caprices et de la générosité d'autrui.

"Parce que j'en ai les moyens, je peux acheter ma bonne conscience grâce à la charité. - Et cela m'évite d'avoir à penser au devoir de partage- "


L'aide humanitaire est une exigence du coeur et de la raison

Quand la raison cherche à sauver les autres, elle se sauve elle-même. A vouloir apaiser les misères, la raison a découvert la justice.

La charité d'aujourd'hui sera la justice de demain. L'histoire a plus d'une fois montré que les initiatives charitables sont à l'origine de l'organisation de la justice. Ainsi, Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge, s'est d'abord rendu sur les champs de bataille avant de pouvoir faire adopter la Convention de Genêve. L'acte charitable initial est bien devenu un acte de justice. Par conséquent, la charité n'est positive que si elle aboutit à un principe plus élevé : la justice. Son essence est donc d'instituer un ordre qui vise l'abolition de la pauvreté, de l'exclusion, grâce au droit qu'elle instaure.

Il y a une impérieuse nécessité à être charitable. La charité sincère, qui ne sert pas des intérêts égoïstes, ne considère pas l'aide humanitaire comme facultative et dépendant de notre bon vouloir. L'humanité est une réalité morale. Sa dignité est infiniment supérieure à celle des individus. Devant l'indignité et le scandale des situations qui avilissent l'homme, chacun, et de façon impérieuse, doit se sentir obligé d'aider autrui. Telle est l'obligation morale de Kant : "Agis de telle sorte que tu traites l'Humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen". Autrement dit, agis avec les autres aussi bien qu'avec toi-même, au nom de la jsutice (une fin) et non de ta bonne conscience (un moyen).

"L'aide humanitaire n'est pas une question de bonne conscience mais de justice. Elle concerne l'homme en général, sa dignité"


Conclusion

Avoir mauvaise conscience, c'est se reprocher quelque chose, c'est avoir le sentiment d'avoir mal agi ou, dans le cas qui nous intéresse, de n'avoir rien fait. Avoir bonne conscience, c'est s'estimer sans reproche, tout en sachant que l'injustice demeure. Si je n'aide pas, d'une façon ou d'un autre, "Médecins du Monde", je me fais le reproche de ne rien faire pour les victimes de la guerre. Si j'aide les "Restos du Coeur", je me donne bonne conscience, tout en sachant que cela ne changera rien aux causes de l'exclusion. Aucune des deux solutions n'est satisfaisante, mais je ne peux rester insensible. Au-delà de ma responsabilité individuelle, l'aide humanitaire est du ressort de la responsabilité collective et de la politique.
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Re: L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?
Posté par asia-23 le 06/01/2007 14:20:05
+1 pour mister utile?
Re: L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?
Posté par m@th le 06/01/2007 12:58:02
Bonne conscience, dans une certaine mesure, il faut aussi surtout les conséquences;
Quand on regarde certaines situations par exemple au Biafra, l'aide humanitaire n'a pas été que bénéfique, le chef de la secession a fait expres de plonger son peuple dans la famine, une fois l'aide humanitaire sur place, il a fait en sorte d'aggraver la situation, tout ca pour quoi, pour un soutient diplomatique et finançier, a croire qu'on était pas les bienvenus, oh non, si, on était bien les bienvenus, notre bonne foi a été détournée, on a été manipulés, peut on se donner bonne conscience en sachant que l'on est la cause de ce genre de chose ? Et cette situation s'est revue dans d'autres pays ... Je ne dis pas que l'aide humanitaire est une mauvaise chose, au contraire, et si je pouvais je contribuerai meme, mais il faut aussi ne pas se lancer a corps perdu dans une entreprise qui pourrait ne rien apporter; c'est un des cas extreme, mais qui n'est pas a laisser sur le trotoire. Voila ^^
Re: L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?
Posté par utile? le 06/01/2007 12:46:20
La nature humaine n'est pas assez bonne pour que la majorité aille aux actions désintéressées. Faut pas se leurrer.

Une chose est sûre: même si l'intention première de certains est désintéressée (et encore, l'inconscient et ttes ces choses cheloues (on accorde le verlen?^^) qu'on a ds la tête me laissent dubitative qd à cette affirmation), l'inévitable satisfaction ressentie ensuite enlève toute sa vertu à la "B.A." en elle-même.

"j'ai fait ma B.A. du jour!" (la personne est contente, trèèèès contente) => "hypocrisie qui donne dix sous d'attention pour recevoir vingt francs de gratitude." (Jules Renard)
Re: L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?
Posté par asia-23 le 06/01/2007 12:04:49
Je pourrais réaffirmer mes propos mais je ne le ferai pas...

tout simplement parce que ça me fait plaisir de voir des messages *des gens* comme ça.

Bon permettez moi tout de même de rester dubitative ^^ mais en tout cas p'tit sucre nous a écrit un beau message.

*c'était toi le père noël ?*
Re: L'aide humanitaire est-elle notre bonne conscience ?
Posté par ptit sucre le 06/01/2007 11:36:24
Bon article, sujet interessant .

asia-2 --> Je ne suis pas d'accord ... Il y a des bonnes actions desinteressés ! Quand je fais une "ba" je ne le fais pas pour me donner bonne conscience, enfin je ne crois pas ! et aider les gens en detresse, c'est désinteressé car je n'espere rien en retour. Au final, oui, ça m'apporte quelque chose, de la joie peut etre d'avoir vu un enfant heureux, ou des gens se sentir un peu mieux.Mais je ne le fais pas dans ce but la, c'est la consequence de mon geste .
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Publié le 06 janvier 2007
Modifié le 10 décembre 2006
Lu 2 992 fois

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