| L'Homme de nulle partUn intriguant amnésique à la recherche de son passé...Thelma Ritter est de retour. Mais si ! Vous savez bien, celle qui fidèlement veille sur les chaussettes et la poussière de Ray Banana (le héros très fifties au physique de Clark Gable inventé par Ted Benoît au début des années 80). Avec L'Homme de nulle part (histoire rééditée par Casterman en avril dernier dans la collection "Classiques") Thelma n'est pas cantonnée au statut de personnage secondaire comme dans Berceuse électrique ou Cité lumière, mais devient la narratrice de ses propres Mémoires. Et elle nous raconte une bien drôle d'histoire, celle de l'homme de nulle part. Curieux personnage que Thelma rencontre sur un trottoir, et qui lui demande : "Excusez-moi, madame... Pourriez vous me dire comment je m'appelle ?"
Ce début énigmatique laisse présager une enquête tortueuse pour comprendre le mystère de cet amnésique. Et on n'est pas déçu. L'homme de nulle part, rebaptisé Max, est pris en charge par Laura Linnel, la fille des patrons qui embauchent Thelma. Mais l'idylle naissante est mise en péril par les ennuis qui s'enchaînent subitement. Laura et Max, se croyant complices d'un meurtre, partent en cavale ensemble. Petit à petit, ils se sentent prisonniers l'un de l'autre, et leur romance se dissout à mesure qu'ils remontent aux sources de l'amnésie de Max. Son passé refait surface au détour de la route...
Le scénario de Ted Benoît fait intervenir bon nombre de personnages plus intrigants les uns que les autres. Tous sont très doués pour la manipulation, si bien qu'on ne sait plus très bien qui manipule qui et qui se fait avoir. Beaucoup se présentant sous de fausses identités, Max n'est pas le seul personnage mystérieux aux yeux du lecteur... Avec ce captivant récit extrait des Mémoires de Thelma Ritter, Ted Benoît n'a pas son pareil pour distiller savamment le suspense et tenir ses lecteurs en haleine. Mais il est vrai qu'à la fin nous sommes un peu perdu dans cet imbroglio. Rien de plus normal puisque tout le mystère tourne autour d'une opération militaire (nom de code : Projet Anaconda) qui est soigneusement cachée au public. On ne révèle pas au grand jour des activités militaires plutôt douteuses. Ceux qui s'approchent un peu trop du mystère y laissent bien souvent la vie...
Ted Benoît a dessiné les deux premières planches de cette BD, puis a confié le dessin à Pierre Nedjar. Pour tout dire, on est plutôt déçu de ce changement de dessinateur. Même si Nedjar reste dans le registre graphique inspiré par la "ligne claire" et dans des décors évoquant l'Amérique des années 50, on ne retrouve pas la saveur du dessin de Ted Benoît. Celui de Pierre Nedjar est plus froid et statique. De ce fait c'est avec bonheur qu'à la fin de l'album, on découvre en supplément quelques planches complètement réalisées par Ted Benoît, évoquant la rencontre au fin fond du désert entre Thelma Ritter et un homme aux lunettes noires et aux cheveux gominés, le dénommé Ray Banana...
Titre : L'Homme de nulle part
Auteurs : Pierre Nedjar - Ted Benoît
Editeur : Casterman
Collection : Classiques | | |
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