| La paresse , un bonheur négligéQu'est ce que la paresse ? Souvent prise pour un défaut, ne pourait elle pas être une qualité ?Attention ! Dans cet article subversif je prêche une vertu tout a fait étranger à l'échelle des valeurs sociales contemporaines, tels que le travail, l'effort soutenu et le gain d'argent . Définie comme : "répugnance au travail"; (Larousse), "aversion pour l'effort" (Bescherelle) , "faiblesse de tempérament" (Littré), la paresse ne jouit certainement pas d'un bon prestige chez les modernes. Mais jadis ce n'était pas la même situation, et que je vais te le montrer. Par contre, c'était le travail qui faisait honte. La fainéantise peut-elle constituer le "secret" du bonheur ? Je me le demande. Et c'est à toi aussi de me faire part de ton avis.
La Fontaine finit sa fable "Le laboureur et ses fils" par ces vers :
"Mais le père fut sage de leur montrer avant sa mort / Que le travail est un trésor".
Un trésor, oui, le bonheur, c'est discutable. Personne ne nous garantit que nous ne finirons pas comme Harpagon (pour rester dans le Classicisme), hantés par la terreur de être dépouillés de son bien. Et vivre dans une éternelle angoisse, voilà ce qui ne fera jamais le bonheur.
Le travail reste au XXIe siècle une ligne à suivre pour avoir du succès. L'homme actuel est actif, sportif, profésionniste, hyper-compétent et hyper-spécialisé, compétitif et infatigable. Il dédaigne les vacances et ne se sent las qu'au moment où il n'a plus de boulot à faire. Il cherche à belle dent un emploi et déprime quand il sort à la retraite. Il parraît que le travail est maintenant equivalent à la vitalité et à la jeunesse. On ne travaille plus pour subsister, mais pour se procurer une vacance de 5 jours aux Caraïbes, pour s'acheter du mobilier en bois d'acajou ou une villa au bord de la mer où on passera au maximum deux semaines par an (à ce sujet voir Fight Club). Être désoeuvré c'est presque avoir raté sa vie.
La paresse n'a pas été toujours ainsi méprisée. En ouvrant le livre de chevet d'une chrétienité entière on tombe sur le passage où Adam est maudit à travailler pour le reste de sa vie pour obtenir son pain quotidien, après avoir enfreint l'intérdiction de Dieu. Avant de le transgresser, le couple primordial était déstiné à vivre à ne rien faire que se promener dans le jardin d'Eden et se régaler des fruits des arbres. Le travail ne fut que la punition de la curiosité qui a naturellement suivi le desoeuvrement du premier homme.
Les romains eux aussi ont addressé des louanges à une notion qui ressemble au loisir d'aujourd'hui. Ils distinguaient deux conceptes contradictoires : "otium" et "negotium". "Otium" signifiait le loisir, le repos, et s'opposait à "negotium", le négoce, les affaires. "Otium" c'était le temps de la poesie et de la philosophie ; sans paresse, point de civilisation.
Le travail était autrefois réservé aux esclaves ou à la populace. Ce trait est visible dans la mode de l'aristocratie : il fallait que la peau soit autant blanche que possible, pour contraster avec la peau hâlée des paysans. L'idéal de beauté c'était d'être pâle et chétif; les muscles qui rappellaient la force physique, donc le travail, n'étaient point admirés, comme il le sont de nos jours. Plus quelqu'un semblait malade, plus on le censait charmant. Les corsets, les jupes larges et longues, les talons hauts, les habits étroits représentaient une limitation des mouvements distinguant les nobles d'avec basse classe, qui enfilait des vêtements plus commodes pour pouvoir accomplir les tâches quotidiennes. Comparons la silhouette de l'infante Marguerite (Velasquez) à celle d'une servante (Chardin). La pauvre fillette, la robe qu'elle avait, elle doit avoir eu de la peine à s'asseoir.
Le mépris des aristocrates pour les bourgeois provenait justement du fait que ceux derniers avaient travaillé de leurs propres mains pour s'enrichir, qu'ils avaient commencé du bas et arrivé en haut de la société à force de tailler de la besogne, tandis que eux, les grands, se sentaient fiers d'avoir hérité des fortunes considérables et des titres de noblesse et de vivre les bras croisés. Si quelqu'un naissait au giron d'une famille patricienne, le travail lui était quasi intredit (à part les études humanistes,tels que le grec et le latin; à remarquer cependant que ce genre d'instruction n'a aucune finalité pratique et qu'aujourd'hui on n'y consacre que très peu de temps . Et penser que Montaigne avait appris le latin avant de savoir parler le français... ).
Tout a changé depuis ces temps où la paresse était l'apanage de l'étage supérieur de la société. Malheureusement pour moi et pour tous ceux qui aiment se laisser aller... On ne perd plus le temps aujourd'hui. Time is money, comme dirait l'Anglais. Prenons par exemple une autre expression anglaise : quand quelqu'un me demande un rendez-vous je lui réponds "Let me check my week-planner"; (Attendez que je consulte mon agenda). Je suis l'esclave des mes rendez-vous fixés d'avance. Il est vrai que je ne dois plus demander permission à mes parents; ils ont été remplacés par mon agenda, un autre-moi qui partage mon temps et ajourne mon loisir à une date inconnue. Mais peut-être le rendez-vous le plus important, c'est le rendez-vous avec moi-même. Il semble que les autres sont toujours plus importants que moi... Sinon, comment expliquerais-je que je leur dédie la plus grande partie de mon temps ?
Aime autrui comme tu t'aimes toi-même, disons pour paraphraser la Bible. Il ensuit que pour aimer autrui, il faut tout d'abord s'aimer soi-même. Et quand on aime quelqu'un, on veut avoit le plus souvent des tête-à-têtes avec lui, on veut passer le temps avec lui, on souhaite mieux le connaître dans son intimité, on lui fait des cadeaux et on est malheureux quand le moment arrive de se séparer. C'est de cette manière qu'on se fera aimer par l'autre. Et si l'autre c'était soi ?... Qu'y a-t-il de mieux que l'amour partagé ? N'est-ce pas ça le bonheur ? Et quand tu es heureux et bien à l'aise dans ta peau, tu dois admettre que tu es dans le même temps plus gentil avec les autres, qui commencent à rechercher ta compagnie. Tu ne risqueras pas de te transformer dans un narcissiste, je te le jure, puisque malheureusement il arrive si rarement aux gens d'être contents avec eux, et encore plus rarement de s'aimer eux-mêmes !... Le plus souvent on se déteste pour les moindres défauts.
Le remède contre ce mécontentement cronique en ce qui concerne sa propre personalité je le conçois en termens de la paresse. C'est-à-dire le temps consacré à soi, qui exclut tout but "constructif", un temps pour se retrouver et pour satisfaire ses caprices, pour se "gâter". Ce temps n'est pas gaspillé, comme prétend-on souvent. Le "dolce farniente" (le doux ne-rien-faire) italien décrit la paresse d'une façon positive, à la difference des dictionnaires cités ci-dessus dans l'introduction.
On peut paresser aussi en feignant travailler, et j'en suis l'exemple vivant. Cet article, je l'ai rédigé pendant mon temps libre, j'ai pris plaisir à l'écrire et j'aimerais bien que tu prennes plaisir à le lire. Je n'ai plus qu'une truc à te dire : prends ton temps pour paresser et tu verras que les meilleures choses que tu produis sont celles que tu fais volontiers, comme loisir (par exemple mon article ;)). Chacun a des talents inconnus qu'il laisse pourrir là-dedans faute de les exerser. Paresser ce n'est pas s'ennuier. C'est s'accomplir ! | | |
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