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Lacourt reprend la main

Camille Lacourt est devenu hier, en fin d'après-midi, champion de France du 100m dos reprenant ainsi le titre que lui avait piqué Jérémy Stravius l'année dernière. Mais le temps décevant obscurcissait la victoire.


Camille Lacourt n'est pas un extraverti de nature. Cela se remarque aisément chez un nageur. On le voit à sa façon de réagir après une victoire. Certains frappent dans l'eau, d'autres ont simplement envie de hurler et il y en a même qui font les deux. Chez Camille Lacourt, un simple sourire, et parfois un bras levé, suffit. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé hier dans le bassin de Chartres. Il a d'abord touché le bord de la piscine, puis il s'est retourné pour voir son nom inscrit à côté du chiffre 1 symbole de victoire et d'un cinquième titre de champion de France du 100m dos. Il a esquissé un simple sourire. Rien de plus. On comprit rapidement pourquoi. La place le satisfaisait forcément mais c'est le temps marqué juste à côté qui faisait tâche. Un temps qui faisait en sorte que la victoire ne soit pas complète. Camille Lacourt explique "au départ, je voulais m'approcher des 53 secondes et pourquoi pas passer en dessous pour lancer réellement ma saison. A la place, le temps est mauvais. J'étais même plus rapide en demi-finale". Au final, le nageur sociétaire de Marseille finissait son aller-retour en 53"73, très loin de ses ambitions de départ et même quatorze centièmes moins rapide que lors de sa demi-finale de la veille.
Romain Barnier, entraîneur du champion du monde du 50m dos l'été dernier, accourait au secours de son poulain "le temps n'est pas exceptionnel. Je savais que Camille souhaitait passer en dessous des 53 secondes comme il l'avait fait en 2011 et en 2012. Personnellement, je trouvais que cet objectif était très difficile d'atteinte. Il ne faut pas oublier que Camille n'est revenu d'Australie qu'il y a trois semaines. On avait fait ça pour qu'il ait le temps de digérer le décalage horaire mais ces trois semaines n'ont pas suffit. Il y avait pas mal de choses à régler". Plus que le temps c'est également les sensations ressenties dans l'eau qui ont déplu à Lacourt "en demi-finales, je me sentais pas mal même si ce n'était pas le top. J'espérais que ça aille encore mieux en finale mais ça n'a pas été le cas. Je ne me sentais pas très bien dans l'eau. C'est sans doute un manque de compétition".


Lacourt récupere son bien

Si on ne regardait que ces déclarations, on penserait que le Français ne se serait même pas qualifié pour les Championnats d'Europe. Et pourtant, chose extraordinaire, dans ce flots de regrets et de déception se cachent quelques bonnes nouvelles. Barnier poursuit "il y a quand même quelque chose qui m'a plu. Un truc vraiment encourageant pour la suite. Sur cette finale, il a paru maîtriser sa course. D'habitude, il fait un très gros premier 50m sans penser à la suite. Ca lui a déjà joué des tours dans le passé et là, il y a eu de la sagesse dans sa course. Peut-être même trop". Une chose que soulignait également le nageur "c'est vrai que j'ai tendance à partir vite, même très vite au risque d'avoir beaucoup de mal pour finir. J'ai essayé de faire différemment. C'est intéressent mais ça ne doit pas m'empêcher de lâcher les chevaux".
Dans tout ça, il ne fit pas une seule fois mention à son compatriote, qui fut également son dauphin hier. Pas un mot sur Jérémy Stravius. Aucune animosité entre les deux. D'ailleurs, l'Amiénois ne parlent pas non plus de Lacourt. Il y aura toujours entre eux cette rivalité fraternelle. Une rivalité venant du fait qu'il ne peut exister qu'un seul roi sur le trône du 100m dos français. Mais quoi qu'ils puissent en dire, leurs destins sont liés depuis cette fameuse soirée où, dans le bassin de Shanghai, les deux avaient eu la succulente idée de touche le bord en même temps histoire de partager un titre mondial. L'année dernière, les Championnats de France avaient consacrés Stravius. Le Marseillais était relégué au second plan. Et voilà que cette année, le chassé croisé continue.


Stravius ne s'inquiète pas

Le regard fermé, Jérémy Stravius ne séchait pas le passage obligé vers les médias. Sa course, bouclée en 53"86 à treize centièmes de Lacourt, et ce titre perdu donnait un teint encore plus obscur à son visage "je suis forcément déçu parce que je nage pour gagner et que j'ai perdu, c'est tout. J'ai juste apprécié ma gestion de course mais ce n'est pas suffisant. Le coach de l'Amiénois, Michel Chrétien, arborait quant à lui un visage beaucoup plus ouvert "il faut aussi voir le contexte. Il sort un 53"8 et fait une course équilibrée. C'est vraiment pas mal vu qu'il n'est pas censé donner de lui-même sur ces Championnats de France. Il avait pour objectif de se qualifier et c'est chose faite".
Jérémy Stravius est un gagnant dans l'âme. Seule la victoire l'intéresse et il s'en donne les moyens. Il se fout d'être au top en avril. Une seule chose reste imprimée dans son esprit, ce sont les grands Championnats. Et parmi eux, un seul l'obsède. Ce sont les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Tout a changé après les Mondiaux de l'année dernière. Le duo picard est parti du faite que les nageurs qui allaient le plus vite étaient également les plus puissants en prenant exemple sur Matt Grevers, leader de la discipline "ce n'est pas exactement la même chose vu que Jérémy fait dix centimètres de moins que lui" précise Michel Chrétien. Depuis octobre dernier, Jérémy Stravius a donc modifié ses entraînements mettant le développement de sa force en première position. Le but étant d'aller chercher une masse d'eau plus importante, d'aller plus en profondeur afin de créer le plus de vitesse possible. Mais cela prend du temps, c'est un travail de long terme qui ne peut porter ses fruits au bout de six mois. Qu'importe, ce que veux Stravius, ce sont les JO de 2016 et même s'il doit passer à côté de ces Championnats d'Europe "il a encore du mal à allier sa technique et sa force mais ça va venir". Rien d'inquiétant en somme...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 26 avril 2014
Modifié le 25 avril 2014
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