| LagavulinUn must parmi les single Malt d'Ecosse...Pour ceux qui auraient lu mon avis sur l'Ecosse vous savez combien j'ai été enchanté de parcourir ces terres de légendes. Il était donc dans la logique des choses que je vous parle un jour ou l'autre d'un de ses nectars les plus appréciés, fleuron, à mon sens, de la production d'eau de vie maltée dans le monde.
J'ai nommé Lagavulin
Avant d'aller plus loin dans la découverte de ce whisky, je vous propose une petite balade sur le lieu de sa fabrication.
Vous comprendrez alors mieux d'où lui viennent tous ses arômes.
Lagavulin est l'un des whiskies les plus célèbres de l'Ile d'Islay au sud-ouest de l'Ecosse. La distillerie est la propriété de White Horse Distillers dont le siège est à Glasgow. Elle est située sur la côte sud de l'ile, près des ruines du château Dunyweg, dans une petite baie battue par les vents et les embruns de l'atlantique. Si près de la mer que ses caves, qui engendrent ce délice, sont en permanence battues par les flots.
C'est l'une des plus vieilles distilleries d'Ecosse encore en activité aujourd'hui. En effet, son inauguration remonte à 1816. Historiquement parlant, on suppose que l'origine réelle de la remonte à 1742, où plus d'une dizaine de distilleries officiaient alors dans cette région de l'ile dans la plus parfaite illégalité. Deux seulement subsistaient en 1830, Lagavulin et Kidalton (fondée un an après Lagavulin), et leur fusion en 1837 donna naissance à une seule distillerie : Lagavulin.
En gaélique, Lagavulin signifie "le moulin dans la vallée". En 1908, les propriétaires firent construire une autre distillerie, "Malt Mill" - le moulin à malt – pour mener une rude concurrence à une distillerie voisine, Laphroaig. Malt Mill cessa toute activité dans les années 1960 et ses deux grands alambics furent installés à Lagavulin.
En 1989 United Distillers a sélectionné Lagavulin pour figurer dans la gamme des 6 "Classics Malt". Il s'y trouve toujours en bonne compagnie d'ailleurs.
Voilà pour la partie historique de l'avis.
Récapitulons maintenant en quelques mots le procédé de fabrication du whisky en Ecosse.
Lagavulin est un "Single Malt"
A ce titre il est élaboré à partir d'orge maltée (après avoir germé, l'orge est séchée dans un four à tourbe).
Le malt ainsi obtenu est alors broyé et mis à fermenter dans l'eau de source, généralement puisée à proximité.
Le mélange obtenu, appelé "Wash", titre environ 8 °. C'est à peu de choses près de la bière.
Ce mélange subit alors une double distillation en alambic de cuivre : Les POT STILLS.
(J'ai eu l'occasion de voir ceux de la distillerie d'Oban, c'est fabuleux !)
Au sortir des alambics, le whisky est totalement incolore.
Reste à passer à l'étape majeure de l'élaboration. Le vieillissement.
Il s'effectue dans des fûts de chênes ayant contenu du Xérès (vin blanc sec espagnol) ou du bourbon. Pour avoir l'appellation "Scotch", un whisky doit passer au moins trois ans dans ces fûts. De leur qualité dépend le devenir du whisky. Il y prendra ses arômes et ses éléments tanniques, ainsi que sa couleur définitive.
Les "single malt" peuvent se bonifier 10, 12, 15 années et même au-dela. Les plus grands peuvent s'y affirmer pendant plus de 25 ans.
A savoir : Un whisky, au contraire du vin, ne vieillira plus n'y n'évoluera plus dans sa bouteille. L'age devient donc un bon critère de choix mais il influe souvent très fortement sur le prix à payer.
Bon, vous savez presque tout sur Lagavulin.
La boite
D'un vert sombre avec des inscriptions en léger relief de couleur doré, elle porte le sceau des "Classic Malts of Scotland".
Lagavulin
Single Islay Malt whisky
aged 16 years
Scotch whisky
La bouteille : D'une belle couleur brune, fumée. Elle ne laisse pas se dévoiler le secret de la couleur du nectar qui n'attend que vos papilles et qui sommeille à l'intérieur... Les inscriptions sur les étiquettes respectent cette sobriété. Point de clinquant, messieurs dames, nous sommes en Ecosse. Tradition et sérieux sont de mises.
Voilà tout est dit : le design est sobre !
Passons maintenant au principal : lui : Lagavulin
Il a passé 16 ans en fûts de chêne
Attendez, je verse... ;))
L'aspect.
Limpide et fortement ambré, d'un "caramel profond". On sent le passage prolongé en fûts.
Les arômes.
L'impression première est celle d'un léger picotement. Une odeur fumée et boisée vous parvient immédiatement aux narines. Le parfum est sec. On perçoit déjà l'odeur tourbée qui se révèlera bientôt en bouche !
L'attaque en bouche.
Nerveuse ou cuisante, elle pourra vous paraître agressive. Lagavulin titre à 43°. Y'a du répondant.
Persévérez au-delà de cette première approche. Lagavulin ne se laisse pas apprivoiser et boire comme une vulgaire eau de vie de bas quartier. Il y a de la noblesse dans son rang ! Sachez le dompter en douceur.
Le goût.
Puissant et robuste. La première impression, légèrement sucré, est vite balayée par ce qu'on subodorait en le sentant : il a des relents magnifiquement tourbés et fumés. Pourtant, on sent des accents salés et iodés venus de l'exposition de l'orge aux vents du large.
(Vous voyez que c'était important de situer précisément la distillerie !)
Une fois cette grande complexité d'arômes explorée, comment se comporte t-il en bouche ?
J'hésite à le qualifier trop rapidement.
D'un coté on le sent lourd et robuste par la complexité de ses arômes et ses goûts puissants. D'un autre coté, il vous emplit la bouche et le palais sans trop l'agresser.
A la fois lourd et robuste, associé à de la souplesse et du moelleux, vous avez un là un aperçu de la richesse de ce "single malt".
La finale.
C'est l'impression en bouche qui perdure ou qui s'estompe rapidement. Ici, elle est longue, très longue !
Lagavulin ne vous lâche pas aussi facilement.
Il vous a séduit ?
Il vous accompagnera longtemps, bien après la dernière goutte amoureusement bue. Un peu comme une amante qui refuse de laisser oublier après un feu d'artifice de sensations.
Méfiance car l'accoutumance vous guette !
J'ai découvert Lagavulin lors d'une soirée à Brest dans notre QG de l'époque : Le Music Hall dans le quartier Saint Marc. Au début, c'était pour faire le "grand", j'ai voulu me payer un seize ans ! Lagavulin m'a vite ramené sur terre. Il m'a quelque peu ensorcelé. J'ai appris à le boire et l'apprécier. Une multitude de souvenirs subsistent de ces moments. J'ai ramené dans mes valises ce whisky puissant et magnifique. Depuis, j'en ai toujours eu.
C'est sans nul doute celui que je préfère.
Quand le déguster ?
Cette question ne peut être abordée sans sa petite sœur : Comment le boire ?
A mes yeux il n'y en a pas trente six.
Sec ou allongé. Ma préférence va à la première solution, même s'il est vrai qu'allonger un grand whisky avec de l'eau (le top du top serait de le faire avec l'eau de source qui a participé à son élaboration) permet d'en révéler les arômes les plus subtils. Il n'empêche que je ne le fais jamais.
Quand à le mélanger avec n'importe quel soda, je vous préviens que je colle un "inutile" au premier qui ose le dire dans son avis !
Glaçon or not glaçon ? Not glaçon. Au contraire, faites le tourner dans votre verre, réchauffez le doucement entre vos mains caressantes, faites lui rendre ses arômes comme on le fait d'un vin ou d'un cognac.
Vous en reviendrez renversés !
Donc, quand le déguster ?
En apéritif si sa richesse ne vous fait pas peur, en tenant compte du fait que la finale très longue risque de vous accompagner pendant le repas.
Moi ? Bon, ben si vous me demandez, je vais vous dire.
Je me le sers en digestif, le soir, tranquille quand les pitchouns sont couchés et que je peux me mettre à l'aise dans mon fauteuil devant mon aquarium de 900 litres. Sans oublier la cheminée qui crépite pas loin...
C'est magique !
Certains, pour expliquer la merveille qu'est ce whisky, citent cette phrase :
"Lorsque la mer est haute et qu'elle vient frapper les caves de Lagavulin, on dit que ses murs se gorgent d'eau salée et que ses fûts le font des légendes des marins oubliés..."C'est sur cette alchimie merveilleuse que je clos ici mon commentaire sur Lagavulin...
(Les Islay en général ont tous cette note fumée et iodée plus ou moins marquées. Goûtez en un en "aveugle" et vous l'identifierez à coup sûr.
Je dois avouer que je lui fait quelques infidélités avec la bande à "Bowmore", un autre Islay dont je possède quelques déclinaisons sympas. Plus légers que Lagavulin, ils en possèdent néanmoins toute la complexité. Je vous conseillerai le 12 ans ou bien la "cuvée" Mariner en 15 ans d'âge.
On vient de m'offrir Ardberg, un 17 ans d'âge. Un Islay aussi.
J'en sort pas de cette île. Je ne fais surtout rien pour en sortir.)
PS : sachez aussi qu'il existe des éditions "spéciales". Il y a ainsi une cuvée 1979 et une, je crois, de 1980. D'après les dires des 'connoiseurs', ce sont de véritables joyaux.
Au prix de ces derniers d'ailleurs... | | |
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