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Le chêne et le roseau

En s'imposant contre le futur numéro un mondial, Sam Querrey crée la première grosse surprise de ce Masters de Paris-Bercy.


En ce jour du 31 octobre, veille de la Toussaint, Jean de la Fontaine a dû esquisser un sourire en voyant la défaite de Novak Djokovic, hier après midi, contre Sam Querrey, joueur classé au vingt-deuxième rang à l'ATP. Car ce match et le représentation quasi-parfaite d'une des fables les plus connus du répertoire du poète du XVIIe. Comment ne pouvons-nous pas comparer Novak Djokovic à un chêne, du moins dans le circuit du tennis professionel, et comment ne pas entrevoir un roseau en lieu et place d'un Sam Querrey ?
On pensait tout de même que le chêne, aux vues des évènements de la semaine passée, pouvait être quelque peu amoindri. Comment ne pas l'être alors que son père est à l'hôpital, à Belgrade ? Comment ne pas l'être après avoir fait un aller-retour express en Serbie pour voir son paternel ? Comment ne pas l'être après avoir contacté une vilaine gastro à peine revenu de son périple d'Europe de l'Est ? A un tel point qu'on était en droit d'attendre un forfait de sa part, histoire de se ménager un peu avant les Masters qui se dérouleront dès la semaine prochaine du côté de Londres. Mais Novak Djokovic est une personne de parole. Lorsqu'il donne son accord à une personne, il ne se défile pas par la suite donc c'est tout logiquement qu'il ne fit pas faux-bond à Guy Forget, nouvel organisateur du Masters 1000 de Paris-Bercy. Mais avec quel état d'esprit ?
On fut rassuré immédiatement quand on le vit pénétrer sur le central de Bercy arboré d'un masque de Dark Vador. On revoyait un Novak Djokovic qui fait le show et ça faisait un petit bout de temps qu'on ne l'avait plus vu avec cette même décontraction. Et le premier set allait complètement dans le même sens. Un résultat cinglant de 6-0 sans que Sam Querrey n'est pu voir la petite balle jaune. Trois fois breaké sans n'avoir jamais trouvé ne serait-ce qu'une opportunité de débreaké une fois. Mais le serbe étant d'un naturel généreux, il laissa tout de même douze points pour son adversaire. Une première manche parfaite contre un Sam Querrey qui est censé se défendre en indoor "je commence bien le match. Je me sens bien sur le court. Tennistiquement, ça va parfaitement et c'est ce que je voulais. Comme j'ai été souffrant en fin de semaine dernière, je redoutais les matches longue durée donc un 6-0 m'allait parfaitement. Mais ça n'a pas duré malheureusement" commentait le futur numéro un mondial. Pourtant, il faisait une entame de deuxième manche sur les mêmes bases que la première. En breakant l'américain, on le croyait lancé vers le match le plus facile de sa carrière mais sa crainte s'est avérée vraie hier. Il annonçait ne pas savoir s'il pouvait rester compétitif sur un effort long et il aura suivi un débreak rapide de Querrey pour faire douter Novak Djokovic. Mais ce n'est pas pour autant qu'il craqua complètement. Il arriva jusqu'au tie-break qu'il commença de la plus belle manière. Seulement, le numéro deux américain derrière John Isner ne lachait rien et continuait à y croire. Au point qu'il s'empara du deuxième set 7-6. Dans le troisième set, on voyait le serbe manqué des coups qu'il réussit d'habitude. Son pourcentage de première balle reflétait bien qu'il n'allait pas si bien que ça. Plus aussi béton sur son service, c'est sans surprise que Querrey était le premier à breaker l'autre. Ce n'est pas pour autant que Djokovic finit en roue libre car mené 4-3 service à suivre pour son adversaire, il obtint la bagatelle de cinq balles de débreak mais un Querrey agressif sur première balle réussissait à contrer tous les assauts du serbe. Le sort en était jeté.


Repos avant les masters

Sa dernière semaine mouvemementée est-elle la seule raison de cet échec ? En conférence de presse, quand on lui posa la question, c'est avec un brin de langue de bois qu'il nous donna la réponse "j'ai fais un bon début mais ensuite, j'ai perdu mon tennis et contre un joueur du talent de Sam Querrey, ça ne pardonne pas". On attendait un peu plus de Sam Querrey qui exprima sa version des faits "au premier set, c'est le vrai Novak Djokovic que j'avais face à moi et je pense que le score s'en est ressenti. Mais au fil du deuxième set, il commençait à faire des erreurs et il me laissait attaquer plus facilement".
Cette défaite serait peut-être, en fin de compte, un mal pour un bien car dans la nouvelle formule des Masters, la phase de poules commence dorénavant le lundi donc s'il avait du jouer la finale de dimanche, son état de fatigue aurait été quelque peu problématique alors que son principal objectif en cette fin de saison est de conquérir ses Masters de Londres dans son fauteuil de leader du classement ATP. Mais cette défaite montre tout de même que, malgré sa première place mondiale au terme de l'année 2012, sa saison a été jonchée de contre-performance. C'est vrai, cette défaite contre Sam Querrey n'est que son deuxième échec contre un joueur hors top 10 mais il vient s'ajouter à sa finale perdue à Roland-Garros contre Rafael Nadal, à son match pour la médaille de bronze raté contre Juan Martin Del Potro et à sa défaite en finale de l'US Open au profit d'Andy Murray. Quant à Querrey, il s'ouvre les portes d'un huitième de finale abordable contre le canadien Milos Raonic. En cas de victoire, il pourrait retrouver Mickael Llodra en quarts de finale mais pour cela, il faudrait que le parisien se débarasse d'un certain Juan Martin Del Potro. Autant dire pas facile...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 16 novembre 2012
Modifié le 04 novembre 2012
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