| Le jazz à la lumière de l'art au quai BranlyAu musée du quai Branly, une exposition d'une richesse inouïe ausculte les rapports entre le jazz et les arts visuels : peinture, photographie, cinéma, graphisme.Comment écouter une image ? Le Canadien Jeff Wall nous en fait la démonstration avec sa célèbre photo "After "Invisible Man" by Ralph Ellison" où l'on peut voir un homme noir assis dans ce qui ressemble à un débarras
encombré d'objets de toutes sortes, dont au plafond une quantité phénoménale d'ampoules électriques - 1369 exactement. En explorant ce chaos apparent, on découvre soudain un phonographe placé en face de l'homme. Sur la
platine tourne en boucle une composition de Fats Weller interprétée par Louis Armstrong ("What Did I Do to Be so) "Black and Blue ? "
Comme l'indique le titre de la photo, l'image s'inspire du roman "Invisible Man" de Ralph Ellison, un classique de la littérature afro-américaine où le héros réfugié dans une cave abondamment éclairée par des ampoules électriques
écoute la musique de Louis Armstrong. On peut découvrir cette oeuvre emblématique des rapports entre le jazz et les arts visuels dans le cadre de l'exposition "Le Siècle du jazz" présentée en ce moment au musée du quai Branly
à Paris. Un des nombreux mérites de cette exposition - la plus importante jamais consacrée à un tel sujet, composée avec soin par le musicologue et critique d'art Daniel Soutif -, c'est de nous donner une nouvelle vision du jazz à
travers le parcours qu'elle propose et la quantité d'oeuvres sélectionnées.
Les oeuvres exposées se résument rarement à de simples illustrations de la musique mais renvoient à des interactions plus complexes. Des peintures du mouvement Harlem Renaissance dans les années 20 aux installations
contemporaines d'un David Hammons, les relations entre la musique et le visuel sont multiples. Et c'est justement cette diversité que donne à voir et à comprendre cette exposition. Fidèle à son intitulé, elle suit une ligne
chronologique faisant au passage la peau à certains clichés, comme celui qui voudrait que le jazz soit une musique primitive. Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, Romare Bearden, Bob Thompson ou encore Norman McLaren, pour
n'en citer que quelques-uns, témoignent du courant très riche qui n'a cessé de circuler entre la musique jazz et les arts visuels. | | |
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