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Le Monde ne veut pas de lui

Champion Olympique il y a un peu plus d'un an à Londres, Renaud Lavillenie n'est pas parvenu à prendre le titre mondial à Moscou, le seul qui manque à son palmarès. La faute à l'Allemand Raphael Holzdeppe, très en forme hier soir.


Renaud Lavillenie est resté plusieurs secondes allongé sur le matelas de reception. Avec énormément de deception, bien évidemment, la barre était à côté de lui, au sol, alors qu'il avait tant rêvé de la voir rester sur les taquets mais voilà, le sort ne voulait toujours pas accorder au Champion Olympique de Londres ce titre de Champion du Monde qui lui échappe depuis 2009. Et il se releva, salua le public avec cet air faussement heureux qu'il se donne lorsqu'il est déçu d'une issue pas forcément malheureuse mais qui pour autant ne le satisfait pas.
Faire face en pareille situation, ce n'est pas évident mais c'est avec une très grande sincérité qu'il alla voir Raphael Holzdeppe pour le féliciter de sa victoire "on s'entend bien quand on est sur les mêmes compétitions. Même si je suis déçu, c'est normal d'aller voir tes adversaires parce que sa victoire, il ne l'a pas volé". Puis, il se retourna voir son entraîneur Philippe d'Encausse sans mots car les deux n'en ont pas besoin pour communiquer et pour se comprendre "quand il est déçu ou en colère, il n'ouvre pas la bouche donc je ne cherche pas à parler non plus. Là, il fallait quand même que je relativise ce qu'il prenait pour une défaite".
Dans le discours que fit Renaud Lavillenie dans les minutes qui suivirent son dernier essai à 5m96, il entretenait le paradoxe "je suis forcément déçu. Mon objectif était de gagner et ça n'a pas été atteint. Je ne suis toujours pas Champion du Monde. Mais ça reste une belle médaille d'argent qui n'a pas été simple à aller chercher parce que le niveau était très élevé aujourd'hui. On ne peut pas cracher sur une médaille internationale. Je regarde derrière moi et je vois que je suis sur tous les podiums, en plein air ou en salle, depuis les Championnats du Monde de 2009. Et puis, la deception n'est pas la même qu'il y a deux ans à Daëgu parce que la physionomie est très différente".


Il n'a pas trouvé les bons réglages

Surmonter la défaite prendra peut-être un peu de temps et viendra le temps de l'introspection "on va se mettre à chercher des raisons pour expliquer cette défaite mais à première vue, je me dis que ça ne va pas être facile parce que Renaud n'a pas vraiment fait d'erreurs techniques comme ça avait été le cas lors des précédents Mondiaux où il avait été en dessous de son niveau. Là, ce n'est vraiment pas le cas" disait Philippe d'Encausse, un peu circonspect. Mais parfois, il est plus simple de savoir ce qui n'a pas causé cet "échec" plutôt que les causes et ce constat, Renaud Lavillenie n'attendait pas pour le faire "on pourrait croire que la présence de Valentin, et le fait qu'il ne passe pas de barres, m'ait déconcentré mais ce n'est pas le cas. J'étais comme dans bien d'autres compétitions. Ça ne change rien qu'il soit là ou pas. C'est peut-être même un moteur. Ce sont les conditions exterieures qui ont joué un rôle très important même si je ne me cache pas derrière ça pour fuir mes responsabilités".
Et il n'est pas le seul à s'être plaint de ces conditions exterieures compliquées, histoire de montrer que la paranoïa ne s'est pas emparé de l'Auvergnat. La principale plainte de Renaud Lavillenie venait de la longueur de la piste allouée à la prise d'élan des perchistes "j'ai besoin de 45 mètres d'élan pour me régler et d'habitude, et j'ai écumé pas mal de stades, j'ai la place pour être bien. A Londres, la piste faisait 53 mètres donc c'était parfait mais là, elle faisait 42 mètres. Ce n'est pas normal à ce niveau là et dans un stade de cette envergure. ". Et dans un tel cas, il est contraint d'empiéter sur la piste des coureurs "ce n'est pas notre zone mais on est obligés sauf que sur le piste, on ne peut pas prendre de marques, on est gênés par les lignes, par des fils, par les courses qui peuvent s'y dérouler. Les perchistes qui ont des courses d'élan courtes, comme Raphael Holzdeppe et Malte Mohr, n'ont pas été dérangés alors que ceux qui ont besoin de plus d'élan, on n'a pas pu se régler. Ce n'est pas étonnant que Bjorn Otto n'ait pas fait plus que 5,82 mètres".


Pas loin de passer à 5,96m

Les conséquences s'en sont ressenties dès l'entrée de Renaud Lavillenie qui manquait son premier saut à 5,65m avant de s'envoler largement au dessus de la barre pour son second essai "les qualifications ont un peu changé ma tactique. J'avais dû mal à me régler donc j'ai commençé plus tôt que prévu. Après, je fais l'impasse sur 5,75m parce que je me dis que j'ai plus à perdre qu'à gagneg et qu'il vaut mieux me préserver pour passer la barre à 5,82m dès le premier essai mais je n'arrivais pas à me régler et j'ai encore eu besoin de deux essais pour passer. "
En voyant Holzdeppe réussir tous ses sauts jusqu'à 5,89m dès son premier essai pendant que lui ratait ses deux premières tentatives sur cette même barre, on aurait pu croire que le double Champion du Monde, alors dans l'obligation d'aller plus haut que l'Allemand, fasse l'impasse pour tenter le tout pour le tout à 5,96m avec une seule cartouche dans son chargeur "on ne va pas mentir mais c'est vrai qu'on y a pensé mais pas longtemps en fait. On avait pu voir que Renaud avait besoin de sauter plusieurs fois pour se régler. Je ne le voyais pas passer 5,96m du premier coup" expluquait Philippe d'Encausse, visage fermé mais toujours moins que son poulain.
Renaud Lavillenie devait donc passer la barre à 5,89m pour s'assurer une médaille et continuer le concours. Il le fit parfaitement, avec une aisance qui nous rammenait une année auparavant lorsqu'il avait electrisé le Stade Olympique de Londres de ce suspense haletant qui tourna à son avantage. Cette fois là encore, on crut que le petit Auvergnat, meilleur performer cette saison, nous referait le même coup mais les conditions n'étaient pas les mêmes "il n'était pas comme d'habitude. Il paraissait concentré mais plus que ça, il était très nerveux, presque fermé. Ce qui n'est pas habituel pour Renaud qui aime parler aux autres pendant les concours. Même avec ses frères, il était moins expansif. Il ne s'attendait pas à être à la bagarre et encore moins avec Holzdeppe. Renaud est meilleur quand il est complètement relâché et là, ce n'était pas le cas. Ça ne l'a pas empêcher de passer à un cheveu de devenir Champion du Monde" commentait Jean Galfione qui ne parvint pas non plus à trouver les mots pour le consoler. Car si Holzdeppe paraissait très loin d'être capable d'effacer 5,96m, Renaud Lavillenie n'en fut pas si loin "ça m'aide à relativiser. Je me dis que je suis Champion Olympique et que ça reste le plus important. Je me dis que je perd contre des facteurs que je ne pouvais pas maîtriser. Je me dis que je ne me fait pas battre par un mec qui est allé plus haut que moi mais juste aux essais. En plus, je pense qu'avec un pu deux sauts de plus, je passais 5,96m alors que Holzdeppe ne pouvait pas aller plus haut. Sans doute que cette nuit ou dans les nuits qui vont venir, je rêverai de ce troisième essai qui n'était pas loin de passer. " Espérons seulement que l'Auvergnat, que Jean-Claude Perrin n'avait pas hésité à comparer à Usain Bolt mais pour le saut à la perche, tourne rapidement la page car l'année prochaine, il sera question d'un Championnat d'Europe et un double titre de Champion continental, ça se défend...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 24 août 2013
Modifié le 19 août 2013
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