| le Portugal en flammeL'été 2003 a été bien néfaste pour les habitants du Portugal. Ils ont vu partir en fumée forêts et parfois maisons sans pouvoir agir. Voici comment cela se passa dans un petit village montagnard.Durant tout le mois de juillet 2003, le Portugal a subi le plus grave incendie depuis presque cent ans. 360. 000 hectares sont partis en poussière en quelques semaines seulement. Parti de l'Algarve, il a traversé les trois quarts du Portugal et a atteint Les alentours de Lisbonneen aout. Voici à peu près comment cela s'est passé pour un petit village des montagnes du sud du Portugal.
Aux environs du 10 juillet, le feu s'était déjà déclaré dans le sud mais n'inquiétait pas encore la région centrale dans laquelle je passais mes vacances. Bien sûr, j'avais entendu parlé d'un incendie à la TV mais cela ne changeait des autres années. Ce n'est que vers le 20 juillet que la menace a commencé à nous affecter. Cela se manifesta par la présence d'horribles volupes de fumée noire qui obstruaient la moitié du ciel bleu. Pourtant, l'incendie était trop éloigné pour nous atteindre tout de suite. Mais, selon les flashs télévisés, cela n'allait plus tarder... Et, à peine une semaine plus tard, les flammes lêchaient déjà les collines à proximité. Le spectacle était splendide bien que terrifiant : cela se passa vers les 21 heures. On commençait par voir les nuages au dessus des collines puis les flammes apparaissaient soudain sur la crète. Leur progression était très rapide. L'air était aspiré par les flammes ce qui produisait un boucan fabuleux et irréel. Cela donnait un tableau étrangement fascinant mais effrayant.
Mais le pire n'était pas vraiment le fait qu'il y ait un incendie. C'était surtout l'attente de l'arrivée du feu qui était la plus éprouvante. En fait, l'incendie évoluait comme de façon cyclique. Tout d'abord, il se déclarait au milieu de l'après-midi, le ciel était obscurci et le soleil diffusait une lueur sanglante au moment de notre réveil après la sieste et cela ne cessait d'empirer. Le soir, la situation était au pire. La nuit se déroulait donc dans une attente laborieuse et sans aucun répit. Lorsque la fatigue nous poussait à aller prendre un peu de repos, nous rentrions à la maison avec apréhension. Le matin, comme tous les matins, s'annonçait prometteur et plein d'espoir. La fumée avait disparu et nous commencions à nettoyer la maison des cendres qui étaient tombées. Pourtant, dès l'après midi, la fumée réapparaissait dans le ciel. Et le cycle continuait. Cela dura toute une semaine.
Quand enfin l'incendie passa chez nous, cela alla si vite que nous ne pûmes rien faire. En quelque minutes, les flammes étaient passée. Nous avions réussi à protéger la maison en l'arrosant avec les tuyaux d'arrosage mais les végétations alentours n'avaient pas été épargnées. Les pompiers ne sont jamais venus nous aider et nous n'avons vu aucun camion passer. Nous étions 5 à défendre tout un quartier ! Le plus étrange, ce fut le soulagement qui suivit le passage de l'incendie. C'était assez normal finalement, inconsciemment, nous nous disions que la pression nous avait enfin quittée. La menace était passée. Suivirent pourtant quelques jours sans lumière, eau courante et téléphone, ce qui fut aussi éprouvant que l'incendie lui même pour le petit citadin que je suis !
Au final, le feu poursuivit son chemin jusqu'à Lisbonne et plus au nord. Le bilan fut lourd matériellement, avec 360. 000 hectares de forêts brûlés. Mais les habitations et les populations furent épargnées : il y eut moins de 10 personnes qui périrent dans les flammes, soit autant qu'au sud de la France pour une étendue largement plus grande.
Une fois la catastrophe terminée, de nombreuses rumeurs circulèrent à propos des causes de ces incendies. Deux adolescents furent soupconnés mais les preuves n'étaient pas suffisantes. Certains pensaient qu'il s'agissait de l'état portugais qui devait rembourser ses dettes auprès de la commission européenne et qui déclencha les incendies pour bénéficier d'une catastrophe pour ne pas avoir à rembourser. D'autres pensaient que c'étaient les acheteurs de bois qui déclenchaient les incendies pour obtenir le bois à moindre prix. Il y eut d'autres rumeurs plus ou moins extravagantes. L'état mit en place par la suite des aides financières pour les victimes de l'incendie.
Et pour finir sur une note plus positive, je préciserais qu'avant que je quitte le pays, la nature reprenait le dessus : des pousses de végétation repoussaient dans les cendres des forêts. | | |
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