| Le Sang appelle le Sang, le mien chante la MortEt si dans le délire de nos souffrances, nous accédions à nos rêves, ou cauchemards ? De quelles choses terribles serions nous capables ? Parce-qu'il arrive à moment où nos pensées nous torturent, nous deviennent insupportables, et qu'il faut bien les noyer quelquepart. En quelque mots, mon tombeau. Et vous, où iriez-vous vous ensevelir ?Le sang, en séchant sur la peau, se rétracte et se moule à ses nervures, forme les écailles de cuir sombre d'une armure de plates rouge.
Je voudrais que de mon bras, cette armure s'étende sur mon corps entier, le recouvrant, me protégeant. Alors, j'appelerais un grand dragon rouge et sur son dos partirais vers le Nord, dans une sanglante conquête. Les armées sous mes ordres pilleraient, brûleraient, détruiraient toute vie humaine sur leur passage. De ma main, de ma voix, je répendrais la peur, la douleur et la mort, sombre trio. Peur, Douleur et Mort, survolant le carnage, je respirerais leurs remugles, m'enivrant de destruction. Et quand je serais saoulée de ces images lointaines, je descendrais combattre, participant à la mêlée humaine et draconienne sur le ring de l'hallali.
Chante, acier, chante. Je veux entendre encore et encore les cris d'agonies et le fracas de tes éclats. Chante. Je veux que mon esprit se perde dans le tumulte sauvage du feu et du trépas. Danse des lames. Chante ! C'est l'humanité toute entière qui parle sur le champs de bataille et avec elle toutes ses erreurs, toutes ses trahisons, ses laideurs et ses ombres. C'est à son image que je suis, mon épée Chant du Crépuscule sifflant, fauchant, tintant de son reflet plus noir que la nuit elle même. Ecrasant tout ce qui fut de laideur et d'espoir dans le coeur des Hommes, distribuant sans relache l'ultime chatiment qu'elle se réserve à elle même.
Pureté infinie des instants où seule l'action existe. Plus de pensées fragiles. Plus de mots mensongers. Juste le fil de l'acier qui tranche.
Krynn pleurera des larmes de sang, et ce sang me baignera, me nourrira, consolidant mon armure et me tenant dans sa douce chaleur et sa saveur puissante, me fera oublier tout ce qui n'est pas lui.
Puis, quand la dernière parcelle de la race des Hommes sera éradiquée des terres du nord, je me tournerais vers le Sud, puis l'Est et l'Ouest, poussée par ma haine de la vie et mon amour de la destruction, plus forte que tous vos hurlement de rage et de refus.
A la fin, ne restera d'humaine que moi et mes hordes reptiliennes, accompagnée pour l'éternité du chant du vent dans les branches nues et calcinées des arbres, contant les larmes, la clameur guerrière, la fatigue et le goût du sang, murmurant à tout jamais que ni le Seigneur Verminaard et sa masse Nuit-Noire, ni Kitiara, la Dame Noire, et les armées morts-vivantes de son amant maudis, ni Thakisis, la Reine des ténebres elle-même, ne firent autant trembler les peuples humains que la sombre Dame de Sang qui a offert son esprit et son âme à la guerre. Mais ce que le vent chante, lui seul l'entend... | | |
|
|
Connectés : 0 membres et 435 visiteurs |
|
|