| Le tourbillonLe temps passe; mille choses s'achèvent et recommencent, sans que nous n'y prenions garde. Puis, les années passent; nous revenons souvent, au point antérieur. Je m'adresse à des amitiés fictives, je les perds, je les retrouve... Je vous invite à les songer... Il s'agit de prendre plaisir !...Il a fait si beau soleil aujourd’hui. Dans quelques mois, il fera chaud, très chaud ; mais, vous ne serez plus là. L’air deviendra lourd, les murs suinteront la torpeur; les meubles décrépiront de craquelures… Nos corps, accablés par la chaleur, se dépouilleront sur les plages. Mais vous ne serez plus là. En vacances, en famille, au-delà de frontières, que même mes rêves n’envisagent ; vous jouirez du soleil. Vous serez libre, divinement libre ; d’aller partout où le désire vous guidera. Ici, à Marseille, je resterai. Accablé par la chaleur, et l’odeur ranci des fèces de chien dans ma rue ; je vous attendrai.
Le savez-vous ? La ville phocéenne, gagne en beauté, quand elle se vide. Le vacarme des moteurs s’amenuise et, les rares passants sont souvent des touristes. Ils apportent avec eux, le doux murmure des langues qui me sont fermées. Ils ont des voix différentes, des aspects singuliers, et, souvent la nonchalance des temps perdus. Ils rapportent ici, un peu de vos vacances. Marseille à le soleil, les touristes ont l’exotique. Les plages bondées; le centre-ville, se fait plus calme ; ainsi, l’on peut goutter tranquille, à l’écho de la ville. Tout y résonne autrement ; le bruissement des feuillages, le pas des voisins, le crépitement des fontaines, le grondement des boulevards… Tout, absolument tout, cuit au soleil.
Puis, le temps passant, les feuilles se mettront à geindre. Les couleurs soleil déteindront. Nous échangerons nos petites tenues, contre des boutonnières. La terre exhalera des encens de brûlé ; les feuillages jaunis rempliront les avenues; pour le bonheur des enfants qui s’y laisseront choir. Tout, absolument tout, ne sera que ravissement.
Bien sûr ! Vous m’écrirez. Vous raconterez vos amours, vos passionnantes découvertes, vos délices en bouche… Tout cela, vous me le raconterez, en une dizaine de lignes - tout au plus- avec l’écriture hachurée du bonheur… Ici, je vous lirai. Je donnerai des ailes à vos nouvelles. Elles deviendront flot de mots. Je vagabonderai, partout, dans le monde, où que vous soyez. D’ailleurs, vous serez au-delà de mille frontières, à la fois. Et si les pays manquent, j’en inventerai, pour que vous soyez à vos aises.
Vous me reviendrez riche ! Vous me conterez tout. Je veux tout savoir ; le clapotis de l’eau, le goût du clafoutis, la couleur des plages, le regard des gens… tout ; s’il vous plait. Il me faudra, l’éclat de vos joies ; les douceurs qui étaient vôtres ; les frustrations banales ; tout cela, pour voyager avec vous.
De vous perdre quelques semaines, me fait exécrer les vacances. En revanche, je n’aime guère l’école. Si j’avais le choix, nous serions toujours en vacances. Vous passerez, de temps en temps, me faire des contes à la maison. Je vous trouverai, rajeunis, pleins de malices ; puis vous repartirez…
Au lieu de cela, sitôt rentrée ; à peine m’auriez-vous fait voyager ; que déjà s’annonceront les maux scolaires. Nous trimerons les notions rébarbatives et, les théorèmes carrés, vides de ludique. A ces maux là, s’ajouteront ceux du stress ; la peur de l’échec, l’urgence de la moyenne. Puis, le temps passera si vite, que sitôt, nous nous perdrons, les uns pour les autres. Ceux qui auront déménagé disparaitront. Ceux dont les parents divorcent, connaitront le silence. Ceux qui, n’ont jamais eu de parents, devront travailler… Et le temps passera... des siècles. Un jour, subitement, vous me reviendrez.
Esquintés, indisponibles, comblés, par des grâces que je ne saurai compter. En tous les cas, vous serez là ; comme aujourd’hui. Nous aurions perdu, la vielle complicité. Là, vous me conteriez, si le cœur vous disait ; milles choses inouïes. Je boirai avidement. Puis, une fois encore, je vous perdrai, pour le prochain tourbillon… | | |
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