| Les nuagesUn peu de rêverie dans un monde d'horreur ; Un peu de poésie dans un pauvre cœur. Voici une nouvelle, sortie d'un rêve ; Une histoire pour marquer une trêve !Une lueur qui danse et faiblit, une flamme qui crépite puis, plus rien...
Un sombre manteau de velours m'englobe peu à peu et me berce tendrement suivit d'une douce mais bien réelle odeur acre et soufrée. Je ferme les yeux, les battements de mon cœur ralentissent, ma tête cesse enfin de me faire souffrir et toutes les idées, qui tantôt tournoyaient dans mon esprit, s'envolent laissant place à une sérénité à laquelle je suis étrangère...
Il est l'heure de dormir pour la plupart des personnes qui me sont chères, il est l'heure de partir. De partir en quête, en chasse. De partir pour le monde que je chérie plus que celui qui me porte. Je pars retrouver ma sagesse et ma légèreté, je m'enfuis vers ce monde qui m'accepte et me comprend... Je rentre chez moi !
Quelque chose me caresse la joue, c'est chaud, c'est doux, c'est agréable. Une note musquée s'en dégage, me chatouille les narines et éveille mes sens. Ce quelque chose frôle mes lèvres puis s'éloigne lentement, je sens la distance grandissante qui s'impose entre nous. J'ouvre alors les yeux pour contempler l'auteur de cedélicatréveil mais ma vue me joue un tour et aucune image ne m'apparait, rien d'autre qu'une étrange et envoutante lumière lactée qui peu à peu s'assombrit.
Il fait frais, une légère brise termine l'abolissement de ma torpeur, je me redresse et observe mon entourage dont les contours flous s'affinent et m'apparaissent enfin ; Mais la nuit est sombre et la lueur de la lune descendante ne permet pas une nette distinction de ce qui m'environne. Je profite de la tendresse de l'herbe pour détendre mes muscles et observer les étoiles, les rares nuages nageant dans le ciel semblent exécuter un ballet d'honneur dont je serais seule spectatrice. Cette pensée m'amuse, d'autant qu'elle est erronée puisque quelque chose bouge indistinctement, à quelques pas de moi, et semble m'observer emprunt d'une attention bien différente de celle que je porte aux nuages.
La chose fait un pas, puis un deuxième et s'en retourne vers la pénombre du bosquet qui se détache du paysage céleste. Un arbre bouge... Puis un second, plus haut. Enfin un troisième dont la cime crève un lourd nuage dont la course semble avoir été stoppé du fait de cet amarrage forcé.
Mais qui est-ce ? Que fait-il ici ? Que vient-il chercher ? Chez moi !
C'en est trop, je ne veux que personne s'immisce dans ce monde qui est mien.
Je me lève d'une démarche chancelante mais néanmoins assurée et m'avance vers les arbres oùila pris refuge. La rosée rend l'herbe glissante et détrempe peu à peu le bas de mon pantalon, mais cette même humidité ambiante permet au bosquet que je rejoins d'exprimer toute la splendeur de ses agiles arômes. Le fruité et le boisé forment une divine harmonie, apaisante et rassurante qui gonfle ma volonté à poursuive ma fameuse enquête. Je repère des traces de pas, à quelques foulées de l'endroit où j'ai pénétré la nature généreuse composant le bouquet de verdure scintillante où mon inconnu a disparu. Je rejoins les traces et entreprends de les suivre en profitant de chaque bouffée que m'offre mon entourage olfactif, je réussis même à distinguer cette faible le touche musquée déjà savourée il y a si peu de temps. J'atteins rapidement les pieds d'un trio centenaire semblant porter à eux seuls le tapis végétal qui m'habite et me reçoit telle une invitée.
Emprise d'un intérêt passionnant pour ces géants, je distingue à peine le murmure qui se rapproche de moi, matérialisé par des volutes brumeuses s'infiltrant entre leurs branches et tourbillonnant lentement en ma direction. L'apparition de ce nuage dessinant un circuit progressif visant à m'englober ne m'arrache à ma rêverie que lorsque je perds la perception de l'humus moite délicat de la forêt, tantôt bien présent sous mes jambes. Le nuage amorce alors une ascension régulière autour du torse des colosses jusqu'à la pointe du troisième titan, coiffé de son bonnet de brume. Lorsque mon convoyeur s'arrête enfin, je surplombe ma terre, mon domaine, le monde auquel mon âme appartient. Je distingue peu de détail, mais il en est un de taille, à ma gauche, qui me saute aux yeux à l'instant même ou celui-ci me tend la main, de la place qu'il tient au centre du nuage perché au sommet du goliath que je viens de gravir.
Mon cœur s'arrête lorsque je le reconnais, il m'attire vers lui. Nos mais s'effleurent, nos doigts s'entrelacent, nos cœurs se lient et dans un murmure. "Je t'attendais... Deuxième nuage... "
Lili – 22/25 novembre 2010 | | |
|
|
Connectés : 0 membres et 502 visiteurs |
|
|