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Les Ours de Grisolles envahissent Bruxelles

C'est une histoire de fous, l'histoire d'un professeur de judo qui croyait en ses élèves, qui pensait qu'ils pouvaient figurer parmi les meilleurs d'Europe. En lisant cette histoire vous vous rendrez compte les sacrifices que peut faire un professeur de judo pour rendre heureux ses élèves et pour réaliser l'impossible...


L'histoire que je vais vous raconter est véritablement une histoire de fous, l'histoire d'un professeur de judo qui croyait en ses élèves, qui pensait qu'ils pouvaient participer parmi les tous meilleurs. Pour prouver leur valeur, il échafauda l'idée démentielle de les faire participer au seul tournoi international se déroulant en Europe et mettant en compétition des benjamins et minimes, catégories d'âge où se trouvaient les élites et les plus grandes chances de médaille. Mais ce tournoi se déroulait à plus de mille kilomètres de là, à Bruxelles capitale de la belle Belgique.


Lorsqu'on gère un club de judo dans une petite ville d'à peine 3500 habitants, que la municipalité préfère aider d'autres sports plus médiatiques, qu'il faut trouver des soutiens bénévoles pour faire les petits travaux, ou qu'il faut acheter avec ses propres sous les tatamis, il est difficile pour ce club et pour cet entraîneur de joindre les deux bouts tous les jours. Alors, avec quelques autres personnes qui croyaient en lui, partirent en quête de sponsoring. Beaucoup fut séduit par ce projet qui n'est pas commun du tout. Alors, il commença à en parler à ses judokas, ce qui éveilla dans leurs yeux une étincelle de rêve. Voilà, cela aurait était trop beau, malheureusement les sponsors le lâcher un à un et un individu sans scrupule déroba l'argent qui avait été récolté auparavant.


Mais là où bien d'autres auraient déjà jeté l'éponge, lui décida de tenter une dernière action désespérée. Il réunit les parents des 14 élites du club, qu'il avait sélectionnait et leur demanda si ils étaient prêts à participer de façon plus conséquente, pour ne pas éteindre la flamme d'espoir qu'avait nourri tous les judokas. Les parents acceptèrent, il peaufina pendant des nuits entières les derniers points de son projet fou...


Ainsi un vendredi soir, ils partirent, 14 judokas, leur maître, plus quelques supporters ou encore chauffeurs bénévoles, ou même les deux à la fois. Ils roulèrent toute la nuit et ne parvinrent à destination le samedi vers 5 heures du matin. Fourbus, ils prirent quelques heures de repos devant le dojo. Au matin lorsque les premiers organisateurs arrivèrent, ils les trouvèrent là, les traits tirés et l'on put lire sur leurs lèvres un petit sourire ironique et moqueur. Mais il fallait davantage pour ébranler les vaillants qui trouvèrent vite leur hargne et volonté de gagner.




Il y avait là Maxime (9 ans), le plus jeune, la mascotte de l'équipe, qui montra l'exemple, se défendant comme un petit lion et remportant une superbe médaille d'argent. Par la suite vinrent Sébastien, Lucas, Enzo et Jules qui se battirent avec rage, arrachant tous les quatre une médaille d'or bien méritée. On lu dans leurs yeux leur motivation, puis Simon remporta sa finale en battant aux points son camarade Romain qui fondit littéralement en larmes, c'est la dur loi du sport et du judo, il était en effet sur le coup de la déception.
Le lendemain les trois judokas de moins de 23 ans Momo, Jean-Christophe et Ludovic terminèrent au pied du podium avec une belle 5 eme place chacun. Puis vint le tour des minimes, Grégory et Alexis remportèrent tous leurs combats par Ippon et terminèrent 1 er. Philippe, quant à lui gagna une belle médaille de bronze.
Le professeur était donc comblé, 10 médailles sur 14 combattants dont 7 avec le métal le plus précieux, bien loin des pronostics qui disaient qu'il n'y aurait que deux médailles.


Mais si tout en était resté là, peut-être n'auriez vous jamais entendu parler de cet exploit, seulement voilà, le professeur, dans un autre excès de folie, s'était lui aussi engagé dans la compétition, comme plus de 300 judokas de l'Europe entière. L'angoisse le tenaillait, comment pourrait-il se montrer digne du magnifique palmarès de ses élèves ?
L'attente dura jusqu'à 16h environ, les plus jeunes judokas, restèrent durant près de 6 heures au bord du tatami, caméra au poing en attendant un exploit de leur idole, qu'ils n'avaient jamais vu combattre en compétition officielle pour la plus part. Le professeur s'angoissait, lui qui avait remporté de prestigieux tournois internationaux, comme celui de Paris, craignait maintenant de voir pâlir le respect que ses plus jeunes élèves avaient pour lui.


Aussi lorsque le premier combat s'engagea, il se livra sans retenue dans un magnifique judo d'attaque, qui enthousiasma tous les spectateurs. Mais moins d'une minute après le début du combat, luttant au sol avec son adversaire, il se luxa l'épaule gauche, réveillant une ancienne blessure, qui paralysait quasiment son bras et lui arrachait un rictus de souffrance à chaque sollicitation. Fallait-il abandonner, décevoir la longue attente de tous ses jeunes supporters qui ne l'avaient pas déçu ? Faisant appel à tout son courage et toute sa volonté, porté par les clameurs de ses fans, de tous les accompagnateurs et sous le regard médusé du publique, rapidement conquis à sa cause, il reprit le combat et le gagna par Ippon.


Mais lorsque les muscles se refroidissent à l'attente du second combat, la douleur devint de plus en plus lancinante, l'handicapant d'avantage. S'il avait combattu pour lui il aurait certainement abandonné là. Oui mais voilà, ses jeunes élèves attendaient toujours sur le bord, un nouvel exploit de leur maître, de leur plus grand héros. Il repartit alors au combat, poussé par la ferveur de ses supporters, usant de technique plutôt que de force, se servant du bras droit pour pallier la défaillance du gauche. Qu'importait que l'adversaire d'en face soit le champion de Belgique en personne, il lui fallait remporter la victoire, pour eux, pour le bonheur qu'ils lui avaient donné, ce n'était qu'un juste retour des choses... En rajoutant la manière il le vainquit par Ippon.


Puis, enfin, vint le moment le plus important de la compétition, la finale. Il savait que son adversaire serait meilleur encore et le début du combat lui en donna raison. Mené au score, porté par les cris de ses supporters en délire, sous les yeux ébahis d'une foule qui ne pouvait saisir toute l'émotion de l'instant, il revînt au score, d'un geste d'une rage incroyable, la même qu'avait ses élèves auparavant. Il ne pouvait en resté là, laisser le dénouement du combat au jugement de l'arbitre, poussé par une volonté surhumaine, il mit à profit d'une erreur de son adversaire, pour se lancer dans un mouvement inspiré par la folie, la folie de ces voix qui lui disait qu'il n'avait pas mal, qui lui criait qu'il fallait gagner. En plus, il ne sentait plus son front qui perdait sa peau, frottant sur le tapi rugueux, il ne voyait que le bras de son adversaire, qu'il devait faire plier pour vaincre et de son seul bras valide il contraignit son valeureux adversaire à rendre les armes.
Ce jour là, ce Dimanche 16 Avril 2006, jour de pâque, lorsqu'ils comptèrent les médailles gagnées par ces 15 judokas, 8 en or, 2 en argent et une de bronze, les regards de la foule massée dans le Dojo, ceux de tous les organisateurs et compétiteurs, ne furent plus les mêmes, on pouvait y lire désormais du respect.
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L'auteur : Simon Rio
30 ans, Toulouse (France).
Publié le 12 mars 2010
Modifié le 28 février 2010
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