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Lille n'était pas assez ambitieux

Le LOSC a logiquement été éliminé par Porto (1-0 à l'aller; 2-0 au retour) en barrages de la Ligue des Champions. Il n'y aura donc que deux équipes françaises en phase de poules de la C1. Il faudra malheureusement s'y faire car cela risque de devenir habituel.


La réalité fait parfois mal et même très mal. Mais il faut la regarder droit dans les yeux et faire face. Il le faut car il n'y a pas d'autres alternatives possibles. Il le faut car il n'y a pas de choix. C'était d'ailleurs le leitmotiv qui ressortait incessamment hier soir dans les travées du Stade du Dragon après que Lille ait été très logiquement battu une seconde fois en six jours par Porto (0-2). Une idée reprise par les joueurs et par l'entraîneur. Même Michel Seydoux, Président du LOSC connu pour ses hautes exigences envers ses joueurs, paraissait résolu "que voulez-vous que je vous dise ? Que je suis déçu ? Ce n'est pas le cas parce que notre adversaire était très forte. Que mes joueurs n'ont pas fait leur boulot ? Ce n'est également pas le cas. Je ne peux rien leur reprocher. Ils ont donné tout ce qu'ils étaient capables de donner et ça n'a pas suffi. La défaite fait parti du sport et c'est malheureusement normal de perdre contre plus fort que toi". En même temps, le contraire aurait été presque impossible à défendre.

On pourrait très bien dire qu'il est très compliqué de trouver quelques reproches à adresser envers le troisième de la Ligue 1 qui a simplement perdu deux matches contre une équipe qui n'appartenait pas à son rang. Mais on pourrait aussi trouver à redire sur certains choix de René Girard comme le fait que Salomon Kalou ait été contraint de suivre la rencontre des tribunes alors que l'Ivoirien était bien le seul à avoir une certaine expérience des moments importants en Coupe d'Europe. Il lui a préféré Nolan Roux, déjà titulaire en Championnat le week-end dernier à Lorient, qui n'a pas démérité et à défaut de pouvoir réellement déboussolé la très solide défense portugaise, il a au moins fait preuve d'une envie que n'avait pas démontré l'ancien attaquant de Chelsea la semaine passée mais comment penser battre une équipe de la trempe de Porto sans Kalou. On pourrait également se demander la raison qui a poussé René Girard à aligner le même milieu de terrain qu'au match aller, c'est à dire constitué de trois milieux défensifs (Balmont, Mavuba, Gueye) qui n'a pas fait plus le poids hier que mercredi dernier.


Comment battre porto sans y mettre les moyens

Une chose encore plus grosse est vraiment à regretter, c'est certainement l'état d'esprit général qui accompagna les Lillois jusque à la pointe ouest de l'Europe. L'entraîneur en est le principal responsable et ce dernier a beau dire que la fin de l'histoire aurait peut-être été bien différente si Gueye avait mieux négocié une remise de Nolan Roux en fin de première mi-temps, il ne pourra se défendre de ceux qui l'accuseront de frilosité. En fait, on se rend bien compte qu'il y a des tonnes de choses à reprocher parce que les souvenirs des épopées françaises dans les coupes continentales nous forcent à ne pas renconcer. S'il y a bien une chose exaspérante chez les clubs français, c'est cette peur d'affronter une grande équipe. A voir les titulaires lillois, on savait avant même le coup d'envoi que le club nordiste n'irait pas plus haut que la Ligue Europa. Avec Sébastien Corchia, arrière droit de métier, positionné comme milieu droit et seulement deux éléments offensifs (Roux et Origi), on ne peut pas dire que la victoire était possible.

Les clubs français engagés en Coupe d'Europe nous font mal pour cette raison. Ils perdent contre des gros par peur et contre des petits (et on se rend bien compte que ce n'est pas forcément le cas) parce qu'ils sont battus dans l'engagement en pensant que leur réputation d'équipe française suffira. Lille a davantage joué pour ne pas se faire battre trop sévèrement plutôt que pour arracher un ticket en C1. Certains peuvent penser qu'il est préférable de perdre dans la dignité (en gros ne pas se prendre quatre buts) mais la vraie dignité aurait été de jouer sa chance à fond, de prendre des risques. Ce dernier mot ne fait plus parti du vocabulaire du football français et c'est bien dommage. Connaissant la faiblesse du football français à l'échelle européenne, un déclassement qui est loin d'être terminé d'ailleurs, ce ne sont pas même des résultats que l'on quémande mais simplement de la fierté d'avoir au moins donné des frissons à l'adversaire. Hier soir, il fallait être un supporter de Porto inquiet de nature pour penser que Lille pouvait marquer.


Derrière la russie à l'indice uefa

De son côté, Yacine Brahimi pouvait bien dire que "Lille leur avait donné du fil à retordre", le fait est que la victoire ne pouvait leur échapper. Comment Porto aurait pu perdre le contrôle contre une équipe qui ne parvenait pas à aligner trois bonnes passes de suite une fois la ligne médiane traversée. L'affaire aurait pu être conclue très rapidement si Jackson Martinez avait cadré sa reprise (10è). Mais le Colombien a préféré attendre le début de la seconde période pour voir un coup franc lumineux de Brahimi au ras du poteau qui trompait Enyeama (49è). Puis il se chargea lui-même de conclure la fête vingt minute plus tard (69è), profitant d'une perte de balle idiote de Souaré.

Il fut un temps que les moins de deux ans ne peuvent pas connaître. Un temps où le troisième du Championat de France participait à la Ligue des Champions. L'année dernière, Lyon était tombée contre la Real Sociedad qui lui était tout autant supérieure que ce soit techniquement que tactiquement. Dorénavant, le podium ne sera plus visé pour la plus prestigieuse des compétitions européennes mais pour une place en Ligue Europa. Et ça ne va pas aller en s'arrengeant. Entre l'élimination lilloise et la qualification du Zénith Saint Petersbourg face au Standard de Liège, la Russie va passer devant la France à l'indice UEFA. Ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Si ce classement ne change pas d'ici la fin de la saison, seuls les deux premiers clubs du Championnats de France pourraient prétendre à la Ligue des Champions. Et encore, le deuxième devrait passer un barrage. Juste histoire de continuer la grande dégringolade générale du football hexagonal...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 16 septembre 2014
Modifié le 14 septembre 2014
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