| Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag IIBAvec sa première oeuvre sur la seconde guerre mondiale, Jacques Tardi rend un très bel hommage à son père."Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag IIB, Jacques Tardi concrétise un projet mûri de très longue date : transposer en bande dessinée les carnets de son propre père, rédigés des années durant sur des cahiers d'écolier, où celui-ci tient par le menu la chronique de sa jeunesse, en grande partie centrée sur ses années de guerre et de captivité en Allemagne.
Après avoir, comme on le sait, énormément travaillé sur la guerre de 14 – 18, c'est la première fois que Tardi se penche d'aussi près sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Ce faisant, il développe également un projet profondément personnel : en mettant en images l'histoire de son père militaire, Tardi explore rien moins que les racines, les origines et les ressorts de sa propre vie. Ce "roman familial" prend des accents d'autant plus intimes que Tardi a associé au projet deux de ses propres enfants, Rachel (qui assure la mise en couleur) et Oscar (documentation et recherches iconographiques).
Cet ouvrage s'annonce d'emblée comme l'un des événements bande dessinée de la fin d'année. Jamais sans doute Tardi ne s'était autant livré dans l'un de ses albums." (Présentation Casterman)
Après avoir tant raconté la première guerre mondiale, Jacques Tardi s'intéresse cette fois-ci et pour la première fois à la seconde guerre mondiale. Il retrouve ainsi un thème qu'il avait déjà développé dans C'était la guerre des tranchées, et plus largement son goût pour l'Histoire (on se souvient de son admirable récit sur La Commune, Le Cri du Peuple). Comme à son habitude, il ne s'intéresse pas aux grands généraux, mais au petit soldat qui est ballotté malgré lui par les événements. Et ce soldat, c'est son père ! Dans les années 80, Jacques Tardi demande en effet à son père de coucher par écrit toute son expérience de la guerre : la mobilisation, les combats, l'incarcération dans un stalag... C'est tout le quotidien ordinaire d'un soldat lors de la seconde guerre mondiale que nous découvrons... Tardi nous offre une belle manière pour poursuivre le devoir de mémoire.
Au cours d'un récit dense, d'environ 160 pages, Tardi nous épargne rien des atrocités des combats et de l'horreur de la vie dans le stalag. Il y décrit la faim qui tenaille en permanence les prisonniers, la maladie, l'ennui. Pourtant l'auteur fait également preuve d'humour, en se représentant en tant qu'enfant. Il imagine ainsi un dialogue entre lui et son père. Se confrontent alors des visions différentes de l'histoire. Ces échanges sont souvent pleins d'humour... Noir.
Au niveau mise en page, Tardi adopte un découpage en trois strips par page (à part quelques variantes ici ou là). Ces grandes cases panoramiques sont chacune conçues comme un véritable tableau à elle seule. La mise en couleur est effectuée par sa fille Rachel. Celle-ci joue en fait sur le noir, le blanc, et toute une infinité de dégradés de gris. Elle nous plonge ainsi dans la réalité sombre de ces années. Le tout est d'une très grande qualité et à lire très vite !
Titre : Moi, René Tardi, prisonnier de guerre - Stalag IIB
Auteur : Tardi
Editeur : Casterman | | |
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