| Où le regard ne porte pasEntre l'amitié et la haine, les passions éclatent dans un panorama idyllique..."1906, Barellito. Une famille venue de Londres emménage au bord de la mer, dans ce petit village d'Italie. Le père veut devenir pêcheur. Le fils, William, se réjouit déjà à l'idée de courir en pleine nature, loin de la grisaille londonienne. Et puis, il y a Lisa, la petite voisine aux cheveux noirs qui l'a si gentiment accueilli... Mais les habitants de Barellito ne cachent pas leur hostilité aux nouveaux arrivants. Ils n'apprécient pas que des "étrangers" s'installent chez eux. Quant à Lisa, elle semble douée d'étranges pouvoirs..." (Présentation Dargaud)
Les deux jeunes auteurs BD, Georges Abolin et Olivier Pont, racontent à travers l'album Où le regard ne porte pas, une histoire poignante qui ne laissera personne indifférent. Tout commence donc dans un cadre idyllique où le soleil brille tous les jours. Mais contrairement aux apparences, ce lieu paradisiaque n'est pas forcément propice à l'amour mais bien au contraire les haines s'y déchaînent. La peur de l'étranger crée des tensions qui ne se déferont jamais, pour atteindre leur paroxysme à la fin de ce premier album. L'album se termine donc sur plusieurs ruptures ouvertes : rupture entre les villageois et les nouveaux arrivants, rupture non voulue entre William et Lisa.
Le scénariste joue sur la gamme des sentiments profonds. En contraste avec la haine, l'autre thème phare de Où le regard ne porte pas est l'amitié qui semble indéfectible entre quatre gosses nés le même jour et qui s'organisent en petite société avec leurs réunions secrètes et leurs rites. Toute la magie et la confusion de l'enfance inondent cet album. Pour les auteurs, l'enfance est le temps du mystère et de toutes les premières fois. Les auteurs prennent donc le temps de nous raconter une histoire touchante par les thèmes abordés et le dessin tout en douceur. Après avoir été présentée chez Vents d'Ouest, et chez les éditions Le Téméraire, cette histoire est finalement publiée chez Dargaud. La collection "Long Courrier" de cette maison d'édition permet aux auteurs de déployer leur récit sans contrainte d'un nombre de pages limité. Le premier album ne comporte pas moins de 94 planches.
Le dessin d'Olivier Pont est vraiment splendide et très clair. A l'image de la couverture (les abonnés de la newsletter de Dargaud peuvent découvrir dans "le bonus" le travail porté sur la couverture et ses différents états avant le résultat final), les planches d'Olivier Pont se caractérisent par une épure très bien venue et qui exprime tout le charme du récit. Les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud contribuent à la beauté et à l'épure du dessin par des couleurs cristallines, notamment le bleu de la mer et du ciel. Le coloriste a réussi à rendre toute la luminosité de la Méditerranée.
Des planches en double page se distinguent du reste de l'album par le fond noir et leurs teintes rouges. Elles donnent l'impression au lecteur d'être dans un rêve, un rêve différent à chaque fois. Mais nous ne savons pas qui est l'auteur de ces rêves, de ces fantasmes. Je n'ai toujours pas compris la signification de ces planches (si vous avez des idées, j'attends vos propositions avec impatience) si ce n'est qu'elles ajoutent au mystère qui se développe autours des enfants. Il faudra attendre le deuxième album pour comprendre la clé de cette énigme.
L'histoire formera en effet un diptyque, chaque album présentant une période de la vie des deux héros William et Lisa. Donc que ceux qui apprécieront ce bel album ne s'inquiètent pas, le deuxième tome est prévu pour dans six mois seulement.
Titre : Où le regard ne porte pas
Auteurs : George Abolin, Olivier Pont
Editeur : Dargaud
Collection : Long Courrier | | |
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