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Pissegirl

Aucune description n'est disponible, ni courte ni longue. Et j'assume les conséquences.


Ida -mon adorable bien aimée- m'a laissé ce message dans ma boîte électronique : " quand tu viendras pour t'occuper de mes orifices, je te ferai une superbe surprise, une de ces choses que tu aimes autant que moi ." Je lui ai répondu : " le we prochain mon bébé; je vais prendre mon vendredi et bloquer mon we pour toi. " J'ai quitté Paris le vendredi 9, en début d'après-midi comme prévu. On circulait bien sur l'autoroute. En fin d'après-midi, fatigué, heureux, j'arrivais aux portes de Nantes. J'avais de grandes envies de pisser mais j'ai préféré d'attendre afin de voir Ida le plus vite possible. Sa demeure se trouvait au centre ville. Dans l'air on sentait l'orage. Le ciel, très bas, se couvrant subitement, laissait tomber une lumière argentée, lourde, sur les rues inconnues que, imitant les sinuosités de l'Erdre, me conduisaient irrémédiablemente et avec beaucoup de sensualité jusqu'au seuil de sa porte. Le seuil de sa porte qu'on atteint par un escalier en colimaçon, un escalier rouge et noir. Les marches de cet escalier sont si proches les unes des autres que l'on peut grimper jusqu'à la porte d'Ida sans les toucher... Je roulais lentement vers cette porte, pas pour faire chier les autres conducteurs d'automobiles, mais pour mieux savourer ces instants magiques. Je sais, ça peut paraître contradictoire, mais j'aime conduire ma voiture. Dans quelques secondes elle serait garée en bas de l'immeuble où habite la future mère de mes triplés... Sa façade est d'une beauté radieuse, avec ses grilles et décorations frontales, n'a absolument rien à envier à celles que l'on trouve dans les plus beaux quartiers nantais du 18ème. Me voilà devant cette porte en bois précieux dont la partie supérieure est sculptée d'angelots jouant de la trompette. Nul besoin de sonner : elle est grande ouverte car quelqu'un déménage. Je ne monte pas les escaliers, je grimpe. Et par le trou de la serrure je regarde l'intérieur du salon. Ida est assise sur le canapé blanc, devant elle, sur une table blanche, il y a un tas de livres.

Je me suis arrêté un instant. Le silence -comme dirait Cervantès- n'était pas " merveilleux ". De temps en temps on entendait claquer une porte, tomber un carton, sonner un klaxon, ou bien des voix qui montaient de la rue ou résonnaient dans la cage de l'escalier. Le visage de ma délicieuse créature, ma chère Ida, semblait serein et limpide. Après une longue attente faite d'abnégation, de sacrifice et de beaucoup de masturbation, le jour tant attendu arrivait enfin. Et elle n'aurait sûrement pas cet air de béatitude, cette posture presque d'une sainte à laquelle ne manquait que l'auréole, si elle n'était pas en train de m'attendre, comme elle avait l'habitude. Je regardais ma bien aimée par le trou de la serrure; elle contemplait le tas de livres, les caressait, les serrait contre sa poitrine, puis les remettait sur la table basse... J'ai frappé à la porte. Le vacarme du déménagement absorbait mes coups trop douces. J'ai frappé de plus en plus fort. Ida s'est levée pour ouvrir elle-même. Nous nous sommes regardés et embrassés amoureusement. K, l'esclave d'Ida, faisait la vaisselle. Dans pas longtemps il serait enfermé dans la cave.

Dans l'intimité du salon, sous la lumière tendre et verte d'une boule japonaise, écoutant les éclats de l'orage mêlés aux accords de la partita numéro II de Bach, les minutes s'écoulaient paisiblement. Paris et sa vitesse – énervement dans les bouchons, bousculades dans le métro, sandwichs mangés debout, coïts sans pénétration... - semblaient si loin. Il semblait qu'Ida ne me laisserait jamais partir de ce canapé blanc et moelleux où l'on oublie si facilement les contraintes du réel, et moi je n'avais l'intention non plus de la laisser m'abandonner pour qu'elle puisse taper inlassablement des mots, des phrases, des paragraphes, voire des romans entiers pour ses amis, ses nombreux partenaires mâles avec lesquels elle joue à la littérature interactive. Une demie heure s'est écoulé sans que je pense à aller faire pipi ni à mes problèmes de prostate. Et quand l'idée m'est revenue, j'ai hésité encore un moment avant de dire à ma princesse que j'avais besoin de pisser. Elle était si charmante. On aurait dit une blanche orchidée à l'ombre d'un platane. J'ai hésité encore un instant puis commencé à introduire le sujet, avec beaucoup de tact, car c'est ainsi que j'agis dans la vie. J'étais surpris de voir le peu d'intérêt qu'elle semblait prêter à mon discours. Le manque de délicatesse dont elle faisait preuve en changeant continuellement de sujet, voire carrément du manque de respect en me coupant la parole, pour l'inhabituel, ces comportements attiraient mon attention. Avec beaucoup de maladresse elle essayait de me détourner de mon inquiétude biologique. C'était étrange. Il y avait quelque chose dans l'atmosphère qui n'était pas normal et accoutumé. Sa parole s'entrecoupait soudainement, basse et tremblante. Je n'ai pu contrôler plus longtemps un mouvement de surprise. C'était évident, il se passait quelque chose. Je regardais Ida en silence. Elle parlait machinalement. Elle parlait et bougeait nerveusement certaines parties de son corps, sans qu'aucune raison ne le justifie, portant sa main aux lèvres ou au front, elle sautait du coq à l'âne.

-que se passe-t-il, ma chère ? -dis-je en la regardant droit dans les yeux.

-rien... Rien... Que veux-tu qui se passe... -répondit-elle d'une voix faible.

Me dire qu'il ne se passait rien était un flagrant mensonge, l'ambiance toute entière était imprégnée d'incertitude et un malaise difficile à expliquer. Peut-être qu'il ne se passait rien de bien méchant, mais il se passait bel et bien quelque chose. En affirmant qu'il ne se passait rien, d'une voix si faible, elle ne faisait que renforcer mes soupçons. Ce "rien" répété deux fois voulait dire "tout". Les choses de la vie les plus chargées de sens, les plus profondes, les plus essentielles, se répètent toujours et ne s'appellent jamais par leur nom, mais par celui qui désigne leurs contraires... Si, si, il se passait TOUT ici. Je le devinais. Et je commençais à regretter même ces envies de pisser que j'avais. J'aurais dû m'arrêter pour me soulager avant d'arriver chez Ida. Nous nous sommes tu tous les deux. Nous nous sommes tu un moment, pendant lequel l'arche du solo pour violon donnait la réplique à la colère du tonnerre. Cet orage semblait interminable.

-si, Ida; si, Ida -réussis-je à lui dire-. Il se passe quelque chose; dis-moi s'il te plaît. Tu as confiance en moi. Rien n'est grave, tu peux tout me dire. Parle mon bébé, parle.

Elle n'osait plus parler, ni me regarder, ses yeux fuyaient les miens, se réfugiaient sur une plante verte. Elle refusait de me dire quoique ce soit, mais j'insistais. De mes deux mains j'ai pris délicatement sa tête pour l'obliger à me regarder. Les yeux d'Ida commençaient à se voiler de larmes. Tout à coup, instinctivement presque, je me suis levé pour aller aux toilettes et soulager enfin ma vessie car je n'en pouvais plus. Soudainement Ida s'est mis debout elle aussi. Je n'avais jamais vu chez elle un tel mouvement élégant et violent à la fois, ni une telle expression de son visage, son visage angélique terrorisé par l'anxiété et l'incertitude. Ce spectacle était unique, merveilleux. Je me disais que jamais lors de nos séances bdsm l'émotion avait était aussi pétrifiante. À une vitesse de lumière, sans faire aucune attention aux multiples obstacles, le corps d'Ida volait pour aller se planter devant la porte fermée des toilettes, les bras ouverts en croix.

-si, Ida, si, il se passe quelque chose... Pourquoi ne veux-tu pas me laisser pisser ? -disais-je.

Et mon bébé niait, implorait. Une larme très longue glissait sur sa joue.

Je n'avais plus aucun doute. Il se passait quelque chose... Mon ange était complètement hors d'elle, je ne l'avais jamais vu dans un tel état. Les secondes s'écoulaient terriblement. Son visage bouleversé passait de la vague incertitude à la terreur confirmée. Ses bras s'accrochaient à la porte des toilettes avec une angoissante dextérité. En même temps que je savourais l'intensité de la scène, je regrettais de ne pas pouvoir épargner une telle souffrance à ma douce créature...

Les secondes s'écoulaient terriblement. Finalement, avec beaucoup de délicatesse, douceur et fermeté, j'ai réussi à la pousser hors de mon chemin. Ida hurlait; un hurlement aigu, qui déchire. Alors je l'ai ramassé et essuyé ses copieuses larmes. Jamais, jamais, je ne l'avais jamais vu dans un tel état. L'expression de son visage, sa respiration saccadée, la crispation de ses mains, le tremblement de ses jambes au moment ou je la jetais par terre. Et ensuite, son geste lent, terriblement tragique -sans cesser de pleurer- lorsque je la conduisais vers le canapé, l'aidais à s'asseoir, lui calais des cousins derrière le dos, serrais sa petite tête contre mes pectoraux viriles tout en effleurant son téton droit de la pointe de mon index. Merveilleuse était l'image de la douleur de ma délicieuse créature. Un tel spectacle, si majestueux, d'une si belle douleur, ne pouvait avoir lieu tous les jours. Un tel spectacle était rare, précieux. J'étais bouleversé par l'émotion; je me suis levé, surmontant le désir de rester collé à elle; je me suis levé pour lui chercher un verre d'eau. De retour près d'elle, je lui ai donné à boire doucement, pour qu'elle n'avale pas de travers. Elle était ailleurs; promenant ses yeux sur moi, j'ai constaté que son regard était vague, comme celui des autistes. J'ai vu aussi dans cet instant un mélange d'insensibilité, d'intime et profonde douleur maîtrisée. Tout le théâtre tragique, de Sophocle à Shakespeare, de Shakespeare à Ibsen, se retrouvait dans ce regard qu'Ida posait sur moi.

Alors, brusquement, j'ai décidé de mettre fin à cette scène pour pouvoir enfin aller pisser. En lui donnant quelques baisers tendres, je lui ai chuchoté près de sa bouche :

-mais mon bébé, c'est quoi tous ces caprices...

Au son doux de ma voix elle se blottissait entre mes bras, frottant quelques mèches de ses cheveux contre ma chemise aux noirs carreaux. Je caressais son menton et lui disais, en souriant :

-tu es trop gourmande... Faut pas faire ça à chaque fois... Puis souviens-toi de la loi du mérite...

-excuse-moi mon bébé -disait elle d'une voix extrêmement tendre- j'aime trop ton urine. Je l'aime avec passion.

-et moi aussi j'aime te la donner, mon bébé, mais avec modération -répondais-je.

-demain peut-être ? -demandait Ida.

-c'est possible... -répondais-je- mais faudra finir tout le biberon, pas comme la dernière fois que tu as laissé quelques gouttes...

L'orage était fini. Le soleil brillait à nouveau. Et à l'intérieur du salon nos gémissements de plaisir se mêlaient aux accords déchirants d'une sonate de Bach. Une sonate pour solo de violon.
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Re: Pissegirl
Posté par psylock le 26/05/2007 03:04:06
mmm non effectivement je ne l'ai pas lu
Re: Pissegirl
Posté par rita44 le 23/05/2007 18:06:47
psyloc j'imitais le style de lezama lima, ms ne pense pas que tu l'ais lu, il est peu connu en france
Re: Pissegirl
Posté par ushiwa.sasuke le 23/05/2007 15:36:51
Le style est vraiment bon, j'aime bcp
Re: Pissegirl
Posté par psylock le 21/05/2007 14:39:42
mmmm le style est splendide et me fai réellement penser a un auteur connu, impossible de mettre la main sur son nom
la manière d'écrire est licencieuse a souhait
Re: Pissegirl
Posté par rita44 le 20/05/2007 19:46:05
c'est une fausse impression mimi...

banzai, j'ai déjà dit que je voulais faire comme agatha christie...svt celui que tt le monde soupçonne être l'assassin est vraiment l'assassin, on se dit non ça ne peut pas être lui...puis surprise, c'était lui
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L'auteur : Rita 44000
46 ans, Nantes (France).
Publié le 17 mai 2007
Modifié le 04 mai 2007
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