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POP, calés dans le moule

L'Univers d'un jeune homme de 17 ans peut-il être psychédélique ? Question sans intérêt ? Mais s'il y a des gens qui dissertent sur ce qui est aujourd'hui digne d'intérêt, il nous en faut d'autres pour se demander si la lumière du frigo s'éteint réellement une fois la porte refermée...


Je suis l'individu idéal, celui qui reste calme quand tout explose autour, celui à qui on demande un service parce que l'on sait que son innocence l'empêchera de vous le rendre en échange de considérations futures, celui qu'on aime bien mais que l'on admire rarement, je suis l'acteur de soutien à la gueule universelle que tous les réalisateurs hollywoodiens blasés embauchent pour jouer le boy next door, en fait je suis une véritable merde. C'est ce que je me dis alors que ce refrain composé par Mr. Jack White retenti dans ma brillante tête d'adolescent pseudo borné et encore immature de 17 ans et demi. Ce'et demi'témoigne bien de ma petite volonté mal faite d'atteindre des sommets, parce que tout le monde s'en balancent de ces six mois de plus. C'est là que j'ai toujours été dans l'erreur, parce que 17 ans c'est indubitablement le meilleur âge de l'humanité. Laissez-moi vous expliquer. À 17 ans, on est sensé en avoir rien a foutre du Darfour et de l'Irak, C'est la frontière entre la connerie et la conscience sociale qui viendra faire de vous un vrai jeune idéaliste de 18 ans voulant changer le monde en prônant les bienfaits du commerce équitable et en chahutant sur les méfaits de la mondialisation et blah blah blah... Voilà, à 17 ans vous êtes un grave imbécile et généralement vous le savez et vous voulez en profiter au maximum avant de tomber dans l'inquiétude de ce qui arrive au vrai monde, du moins c'est comme ça que ça se passe ici dans ma tête. Profitant d'un statut de majeur avant l'heure à cause de nos barbes mal faites et de la cupidité des propriétaires de bars et des boîtes de nuit, on jouit d'un statut quelque peu intouchable dont le parfait imbécile va généralement exploiter à injuste droit. C'est à dire qu'il boit comme un trou et s'engage dans un marathon d'actes cons et indécents gratuits qui font de lui l'être le plus primaire depuis Néanderthal. Voilà, ça résume bien ma situation depuis le 17 juin 2005, soit mon 17eme anniversaire de naissance. Je suis le modèle sur lequel le genre humain va bâtir son avenir. Je suis à mi-chemin entre l'homme de Descartes et de Rousseau, je suis Dilbert rencontre American Pie, Je suis le futur et pourtant je n'existe même pas, mon nom est Ziv Ziza, mais appelez-moi ZiZi parce que quand on est jeune et imbécile ou tout simplement imbécile, c'est le genre de surnom qu'on se donne, faut pas chercher plus loin.


The only living boy in new york

Certes, vous connaissez désormais mon nom et ça vous en dit déjà beaucoup plus sur moi, c'est fou comme la plupart du temps les noms en disent long sur les gens qu'ils identifient, sans pousser au préjugé mais tous les Bernard Dumont, par exemple, sont des cons cocus et tous les Jean ont une petit bite, c'est un fait, mais au fond c'est pas la faute de leurs noms, c'est juste que, je vais partager ce petit secret avec vous, les parents choisissent les noms en fonctions de nos attributs physiques et psychologiques -- l'aspect culturel ne venant influencer que la prononciation ou l'orthographe-- et chaque personne étant différente sur ces deux plans, il s'est créé depuis la nuit des temps des milliards de noms différents. Du moins, nos parents font généralement de leur mieux pour lire juste dans nos petites têtes de mômes fraîchement délivrés de la prison utérine et des fois ils visent dans le mille, ils ont tellement les yeux rivés sur leur progéniture qu'il en font quasi inconsciemment la synthèse physique et psychologique par un nom qu'ils choisissent parfois au pif. Vous vous dites sûrement, ah il était si beau le citoyen idéal, mais là il a des préjugés et c'est laid. Mais non, pas du tout il ne faut pas confondre l'évidence avec le préjugé parce qu'il y a évidences auxquelles il faut bien se plier sinon on deviendrait gaga, et c'est pour cela que l'on doit accepter que la plupart des André sont souvent pédés et que les Michaël ont tous déjà eu des pensées suicidaires. Mes parents avaient sans l'ombre d'un doute viser juste avec un choix comme Ziv. Mon père, un juif agnostique au passé trouble et au nez crochu --parce que les juifs doivent avoir un nez crochu et ça ce n'est peut-être pas une évidence—, m'avait tout de même donné un nom hébreu : Ziv, qui veut dire "intelligent" ou quelque chose du genre dans la langue d'Abraham, veuillez disculper l'ignorance de l'imbécile, parce qu'une fois qu'on accepte les imbéciles ils faut bien les prendre en pitié. Bon, mon père devait certainement nager dans un certain sadisme car lui, n'étant pas un imbécile n'aurait pas pu me donner un nom aussi susceptible aux moqueries dans une société nord-américaine. Peu importe, les Ziz, au moins, ne sont ni pédés ni cocus et ne sont ni des trouducs ratés. C'est ici, je crois qu'il serait opportun et très adéquat de dresser un portrait familial enchanteur ponctué de quelques anecdotes savoureuses, mais là je ne veux pas forcer pour rien les yeux des quelques presbytes qui lisent ce bouquin en leur faisant lire des bêtises qu'ils oublieront aussitôt avalées et qui, de plus, n'auront aucune influence sur mon parcours. Voilà, pour être bref je fais partie de la IIIe Imbécillité, comme il y a eu la IIIe internationale et comme il n'y pas encore eu la IIIe guerre mondiale. Ne cherchez pas dans cet ouvrage de belles aventures du garçon un peu marginal et ringard qui va triompher et qui roulera une pelle à la fille de ses rêves, vaut mieux ne pas faire durer le suspense sinon mon imbécillité prendrait des ampleurs inégalées. C'est, en toute simplicité, l'histoire d'un pauvre type imbécile au nom pointu racontée dans les mots de cet imbécile, et ce n'est pas à moi d'en juger s'il est digne d'intérêt puisqu'il ne s'agit pas d'une évidence. J'habite Montréal et, ici, comme partout ailleurs, c'est un vrai bordel et je m'y plaît dans ce bordel, mais en tant qu'imbécile parmi tant d'autres je m'y plait sans me questionner trop. Cette ville c'est ci et c'est ça, il y a des juifs, des musulmans, un quartier coloré où les André se regroupent pour être des André en paix à leurs dires, mais tout le monde sait bien que c'est pour jouer à touche-pipi sans trouver ça anormal. Moi je vais à une école où il y a plein de membres de la IIIe Imbécillité; évidemment seul les imbéciles y sont admis. Être bête n'est pas suffisant, c'est pas qu'on encourage la connerie mais du moins on essaye de la justifier en se regoupant tous dans un même tas par instinct. En fait, pour y joindre ses nobles rangs, il faut aimer et admirer les beaux culs frais et il faut être conscient de sa condition en tant que triste imbécile. Oui, je tombe dans la facilité mais, encore une fois, pardonnez-moi je suis un imbécile; j'aime bien justifier ma bêtise. Ah oui, j'oubliais, seul les mâles y sont admis pas que j'sois misogyne, sexiste, phallocrate ou n'importe quel autre des qualificatifs équivalents, mais il y a des conventions comme ça, inébranlables par l'être humain parce qu'elles sont celles imposées par la nature.
"Ring ! Ring !", la cloche est une triste alarme stridente qui me ramène à la réalité sur la rue Fairmount en plein paysage urbain montréalais alors, qu'assit sur un banc public, je fixe de mes deux yeux bien ronds et noirs un cul féminin bien joli et abondant de rondeurs... Allez, je me lève me ressaisit en tatant, je veux dire en tentant d'effacer de ma pensée ce postérieur de rêve... Ma littérature ne vole pas haut et je rentre dans mon cours de français le zob bien redressé.


We don't need no education

Le cul grandement féminin que jeme suis efforcé de vous décrire sans trop disserter, c'est celui d'une jolie nana très bien dans sa peau appelée Judith, c'est pas joli comme nom mais puisque je suis le citoyen idéal j'ai pas le droit de penser de telles choses, alors pour calmer mes idées préconçues, je me contente de l'appeler Jude ; ce qui est plutôt sympa comme surnom, et contrairement aux noms les surnoms ne vous coincent plus dans un moule et c'est pour ça que les gens les aiment bien. Jude était vraiment une fille bien, autant sur le plan physique que social, chaque fois qu'on cherchait à l'interpeller on y mettait de l'aplomb et on lui lançait un "Hey Jude !" et elle se retournait en souriant parce que les filles biens, elles ne font que sourire, le reste du temps elles dorment. Bon, c'est Lundi le 29 août, mais c'est aussi le premier jour d'école et donc mon premier cours de français de l'année scolaire. Je rentre en classe avec mon air con habituel pour être fidèle à moi-même, ce qui est toujours important. L'ambience régnante y est aussi artificielle que dans un bar ou un club branché où les imbéciles aiment bien paraître. Dans cette salle de classe, ça sent le faux, en fait, c'est la fausseté totale. Et qu'est-ce que ça sent le faux ? Hé bien, ça sent l'Église le dimanche matin, les bonnes gens biens habillés dont les parfums Dior et Channel viennent s'approprier l'air ambiant. Et à quoi ça ressemble ? Ça ressemble à plusieurs briques rouges bien superposées les unes sur les autres : une trentaine de jeunots non affectés par le teen angst parce que c'est fini cette époque et les 30-minutes Hairdo y abondent ; parce c'est comme ça depuis toujours, on se lève 30 minutes plus tôt pour s'admirer et être admirés. Tous finissent par se ressembler et tout le monde est aussi pute même ceux qui ne parlent à personne et qui s'accrochent à une fausse marginalité. Une fois tous les étudiants bien installés à leurs pupitres respectifs, la professeure fait son entrée et on la connaissait tous, c'était Mme Robinson et j'avais récemment appris par l'intérim d'un copain qu'elle avait la réputation de se taper les petits amis de sa fille ; ce qui est assez surprenant pas qu'elle soit hideuse mais disons qu'il y en avait beaucoup à aimer dans cet individu. En d'autres mots, on pouvait bien se demander si Bibendum ne figurait pas sur son arbre généalogique. Ça y est, le cours débute et Mme Bibendum devient un moulin à paroles. Pour la plupart du temps, on l'écoute attentivement parce qu'on nous a dit depuis qu'on est haut comme trois pommes que si on n'écoutait pas le prof, on ne deviendrait jamais quelqu'un. Alors, voilà, on assimile la matière, on prend des notes, on pose des questions, on fait la tête quand nos résultats sont merdiques...
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Re: pop, calés dans le moule
Posté par zebends le 01/02/2007 02:00:07
j'suis tout de même heureux que tu ne considères pas mon article une merde. :-)
Bien que , règle générale, j'en ai rien branlé de ce que les gens pensent de ce que je fais; il serait hypocrite d'appliquer cette pensée à ma plume. On écrit pas seulement pour soi, on écrit aussi pour être lu... du moins, je crois.

A+
ZeBends

Modifié le 01/02/2007 02:01:04
Re: POP, calés dans le moule
Posté par lunatiquement_cerise le 13/01/2007 11:44:30
J'suis assez étonée qu'y ai pas d'commentaires sur ton article, sachant qu'y a bien des merdes à côté qu'on commente.
Enfin c'est dur de commenter un texte comme ça.
Comment dire, quand on fait l'éloge de la connerie par l'autodérision, l'est difficile de dire 'Tiens ton texte il est génial.'
D'autant plus que le mot génial, je le trouve laid, comme moche.
Bon j'suis juste égocentrique, et je voulais marquer mon passage, comme un chat.

La corde !
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Publié le 07 septembre 2006
Modifié le 04 juillet 2006
Lu 1 210 fois

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