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Quelle forêt derrière l'arbre ?

Les derniers championnats d'Europe de natation ont confirmé le talent et la classe de Florent Manaudou. Mais ce phénomène ne cache-t-il la déliquescence de la natation tricolore ?


Maintenant que les Championnats d'Europe de Berlin sont terminés, il est nécessaire de dresser un bilan du niveau global de la natation en France. Ce n'est pas dans le moment d'une semaine si forte en émotion qu'il était possible d'en juger. Il faut quelques jours pour analyser à froid la performance globale des Français dans la piscine hors-sol qui fut mise en place au plein milieu du Vélodrome de Berlin. En Allemagne, le clan français a récolté dix médailles. Sachant que les estimations de la Fédération française prévoyait une fourchette de huit à douze médailles en raison des différentes absences majeures (Camille Muffat a pris sa retraite; Camille Lacourt et Frédérick Bousquet étaient blessés), on pourrait croire que l'objectif a été rempli ou du moins que les résultats furent à peu près comparables aux attentes qui étaient placées dans les nageurs français. Mais il n'est pas vraiment intéressent de se concentrer sur le seul nombre de médailles en lui-même. En creusant le sujet avec plus de précision, les critiques pourraient être nombreuses.

Cependant, il parait juste de commencer par les raisons de se réjouir et il y en a assurément. La première, celle qui saute immédiatement aux yeux, concerne Florent Manaudou. Celui qui avait été découvert sur la scène internationale il y a deux ans en prenant l'or olympique à Londres sur 50m nage libre a été l'un des hommes forts de ces championnats avec le Britannique Adam Peaty en brasse. Ses quatre titres continentaux (relais 4x100m, 50m papillon, 100m nage libre et 50m nage libre) pèsent tellement lourds dans le bilan global du clan français. Le DTN Lionel Horter le soulignait particulièrement "c'est sûr qu'il a marqué profondément ces championnats d'Europe. Il a marqué tout le monde d'ailleurs. Il a poussé tout le monde vers le haut. Il sait qu'il a pris un tout autre poids dans cette équipe. Il parle plus et sait, malgré son côté taiseux, que son rôle est important. On l'a beaucoup plus entendu".


Zéro pointé pour les filles

Le relais 4x100m nage libre prête également au sourire. L'équipe de France reste invaincue depuis deux ans (Championnats d'Europe 2012, Jeux Olympiques 2012, Championnats du Monde 2013 et Championnats d'Europe 2014). Cette année, alors même qu'elle n'était pas donnée comme favorite loin s'en faut, elle est parvenue à écraser la concurrence la Russie et l'Italie en tête "c'est une course qui nous tient forcément à coeur. On la domine sur le plan international depuis deux ans et on y est compétitif depuis 2008. C'est important de continuer comme cela mais il faudra faire attention l'an prochain quand on sera donné favori. Il faudra gérer cette réputation" estimait Romain Barnier. Mais surtout, ce relais inaugural attire les jeunes. L'année dernière, Florent Manaudou avait rejoint ce relais et la France était devenue championne du monde. Cette année, ce sont Mehdi Mettela et Clément Mignon qui firent leur première apparition en son sein et la France a conservé son titre continental.

Passons maintenant aux choses un peu moins marrantes. Il n'est pas question ici de s'inquiéter inutilement mais seulement de se poser quelques questions. La première d'entre elles est la faible contribution de la natation féminine dans ces dix médailles. Encore si elle n'avait été que faible. Elle a été carrément inexistante. La dernière fois qu'aucune fille n'avait ramené une médaille d'un Championnat d'Europe, c'était en 2002. Depuis, la natation féminine avait pu compter des leaders de l'envergure de Laure Manaudou et de Camille Muffat. Mais ces deux ne sont plus. Si les médailles n'y étaient pas, les finales se comptaient facilement sur les doigts d'une seule main (Bonnet en finale du 100 et du 200m, Hénique finaliste du 50m papillon et Santamans en 50m nage libre). "On constate que les filles ont clairement besoin de leaders qui les entraînent dans leur sillage. Ce n'est pas la même chose chez les gars. Quand il y a un absent de marque, d'autres nageurs prennent le relais. Il faudra qu'on travaille sur ce problème" constatait Lionel Horter.


Agnel et stravius se posent des questions

Et ce n'est pas tout. Tout du long de cette semaine, ce sont les jeunes nageurs et nageuses présents à Berlin qui n'ont clairement pas convaincu. La direction technique avait pourtant tenu à en faire venir en nombre (19 des 43 engagés célébraient leur première sélection) mais cela n'a guère suffi. Pourtant, cela ne surprend guère Alain Bernard. "Ce n'est pas vraiment cela qui me dérange. Ce qui me dérange, c'est la seule médaille obtenue en Championnats d'Europe junior. Moi, je ne les avait pas faits et ça ne m'a pas empêché de gagner un titre olympique mais c'est tout de même un indicateur assez sérieux". De son côté, Lionel Horter essayait de tempérer "l'objectif de ces jeunes n'étaient pas de faire des places. On aurait très bien pu ne pas les emmener mais on a décidé de les faire venir pour découvrir ce que c'est de nager dans une grande compétition. Surtout à deux ans des JO. On leur avait demandé de battre ou de se rapprocher de leurs meilleurs temps et la plupart l'ont fait et il y en a même qui ont fait un Top 16. Après, c'est sûr, il n'y a pas de médailles mais ce n'était pas ce qu'on visait avec eux".

Enfin, il y a ceux qui n'ont pas répondu aux ambitions qui avaient été placées en eux. On parle ici de Yannick Agnel et de Jérémy Stravius. Le premier, éliminé en séries du 400m et médaillé de bronze du 200m dont il était champion du monde et champion olympique en titre, a répété maintes fois qu'il n'avait pas d'énergie et qu'il n'était pas capable de faire ce qu'il voulait tant physiquement que techniquement. Il a déjà signalé qu'il aurait une sérieuse discussion avec Bob Bowman pour savoir la raison de cette défaillance mais surtout pour que ça ne se reproduise pas l'année prochaine lors des Mondiaux ou en 2016 à Rio qui reste son seul et unique objectif. Le second a remporté quatre médailles (l'or en relais 4x100m, l'argent en 50 et 100m dos et en relais 4x100 4 nages) mais a nagé très loin de ses standards chronométriques. Lui également devrait en parler à Michel Chrétien surtout après qu'il ait avoué avoir sérieusement penser à arrêter la natation vers le mois d'avril. Ce coup de moue semble derrière lui et son morale à l'air d'être revenu. D'autres objectifs ont éclos comme celui de se concentré sur du crawl en 100 et 200m où il pourrait retrouver un certain Yannick Agnel...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 14 septembre 2014
Modifié le 14 septembre 2014
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