| Robbie Lawler, l'histoire d'une renaissanceDepuis le rachat du StrikeForce par l'UFC, peu d'anciens représentants de la compagnie californienne ont brillé dans l'Octogone. La meilleure adaptation est provenue d'un homme qu'on n'attendait plus, Robbie Lawler, bientôt 33 ans et déjà plusieurs vies dans le monde du fight.La prestigieuse ceinture de Champion UFC des welters, celle-là, il ne l'aura pas volé ! Et pourtant... Lorsque deux des trois juges pointent un score en sa faveur ce samedi 6 décembre 2014, Robbie "Ruthless" Lawler est le premier surpris. Neuf mois plus tôt, Johny Hendricks l'a vaincu par décision unanime, alors que de nombreux observateurs le créditaient de trois des cinq rounds. Le retour de manivelle désarçonne tout le monde. Le départ de Georges Saint-Pierre rend-il impossible l'avènement d'un nouveau patron dans la catégorie ?
Protagoniste du premier match diffusé sur le câble
Ce succès vient de loin, de très très loin même. Robbie est un combattant à l'ancienne, à mille lieux de posséder les caractéristiques de Champions modernes tels Jon Jones, Cain Velasquez ou Jose Aldo. À l'heure où le MMA ne jure que par la polyvalence, le Californien est un OVNI. Il s'appuie sur des qualités unidimensionnelles : celles du striking. Ceinture noire de karaté, c'est pourtant sa superbe boxe anglaise qui fait la différence.
Si l'on veut trouver des modèles à Lawler, il faudrait chercher du côté des ténors de la première moitié des années 2000 : Tito Ortiz, dont le règne s'est uniquement basé sur son haut niveau en lutte, ou Chuck Liddell et son légendaire kickboxing.
Mais son premier parrain est Pat Miletich, tenant du titre des welters à l'UFC entre 1998 et 2001. Robbie, remarqué pour ses bonnes performances scolaires en lutte et football (US, bien entendu), intègre le Miletich Fighting Systems, club bientôt fameux. Il hébergera notamment Matt Hughes, Jeremy Horn ou Jens Pulver, trois légendes de l'organisation leader.
L'éclosion de Lawler est précoce. Sitôt sorti de l'école secondaire, il débute sur les rings. À seulement dix neuf ans, sa première année en MMA est bluffante : quatre combats, quatre victoires par KO/TKO au 1er round.
Bien que réalisée dans des organisations mineures, cette série de succès, couplé à l'appartenance à un club prestigieux, lui ouvre les portes de l'UFC dès 2002. Comme à son accoutumée, Robbie démarre sur les chapeaux de roues. Des circonstances exceptionnelles vont le conduire à combattre deux fois en moins d'un mois et demi. En mai, il tient tête au déjà expérimenté Aaron Riley (alors 22 combats pros à son actif) et s'adjuge une décision unanime. Il s'agit de la trente-septième édition de l'UFC, la suivante ne devrait avoir lieu qu'en juillet. Or, suite à un nouveau partenariat, la compagnie américaine monte un gala intermédiaire en urgence. Le nouveau venu relève le gant. Contrairement au processus alors en vigueur, le show ne sera pas diffusé en pay-per-view, mais destiné au réseau Fox Sports. Au final, une seule rencontre sera sélectionnée pour être diffusée à l'antenne, au cœur d'une émission omnisports. Présenté comme "le meilleur combat de la soirée", le duel Robbie Lawler/Steve Berger est sans doute aussi choisi pour une question de format. Conclu par KO au début de la 2e reprise, il est notamment préféré au main event entre Chuck Liddell et Vitor Belfort. Ainsi Ruthless devient, par pur hasard, l'un des deux acteurs du premier affrontement de MMA diffusé sur le câble américain.
Lawler termine l'année sur un nouveau KO devant Tiki Ghosn. Le voilà auréolé d'un parfait record de 7-0. La course au titre n'est pas d'actualité pour autant, car la ceinture de sa division est détenue par son équipier d'entraînement, Matt Hughes. Mais un autre contretemps mine la suite de son parcours : une blessure à la hanche, l'obligeant à abandonner son opposition avec Pete Spratt. Cette première défaite lance une pèriode difficile. À l'image de ce KO subi des mains de Nick Diaz en avril 2004, à ce jour le seul revers de ce type à son compteur.
Des titres secondaires... Puis le Strikeflop
Ruthless est tombé dans le piège tendu par son adversaire, opter pour la bagarre pure et dure, au lieu de se replier dans un autre domaine. Cette absence stratégique lui coûte cher aussi face à Evan Tanner, qui l'entraîne au sol et lui administre un Triangle Choke. Lawler venait de monter en middleweight. Manque de chance, il croise la route du futur Champion de la catégorie. Exit l'UFC, bonjour l'anonymat. Entre 2005 et 2007, Lawler s'empare des ceintures des confidentiels SuperBrawl et Icon Sport. En chemin, il s'impose pour la première (et toujours seule) fois de sa carrière par soumission, une clé de bras face à l'obscur Jeremy Brown. Ses autres victimes sont davantage connues : Falaniko Vitale, Frank Trigg et Joey Villasenor, atomisé d'un coup de genou sauté au Pride 32. Ce sera sa seule apparition pour la compagnie japonaise, alors proche de la faillite.
À défaut de rejoindre l'Octogone, le Californien devient une tête d'affiche de nouveaux et ambitieux concurrents de l'UFC. Hélas, ils s'effondrent les uns après les autres, International Fight League, Elite XC, StrikeForce. Quant aux performances de Robbie, elles rentrent dans un cycle "montagnes russes" à compter de 2009. Sa réputation et ses KO retentissants (devant Melvin Manhoef et Matt Lindland) lui permettent néanmoins de demeurer en haut du pavé.
Reste cette grosse lacune à défendre les prises de soumission au sol. Sous toutes les formes qu'elles soient : Jason miller lui place un étranglement bras/tête, Jake Shields le coince dans une guillotine, Ronaldo "Jacaré" Souza le domine avec un étranglement arrière. L'absorption du StrikeForce par l'UFC intervient au moment où Lawler est rentré dans le rang. Son bilan mitigé au SF (4-4) traduit ce constat. À 30 ans, sa carrière semble derrière lui.
Les résolutions de 2013
Ce rachat n'inclut pas le transfert automatique de tous les anciens fighters du SF dans l'Octogone. Seuls les plus performants, ou bankables, auront leur accès garanti. Même sur la pente descendante, RL affiche un CV solide (19-9 + 1 NC), il aura donc sa chance... En poids welters. Retour salutaire à sa division d'origine. Mais ce n'est pas tout. Ruthless quitte la team Miletich pour rejoindre l'armada de l'American Top Team. Sans rien renier. Au lieu de travailler ses faiblesses, il perfectionne un peu plus son stand up. Ses sprawls seront le meilleur atout contre les grapplers.
Début 2013, neuf ans après son départ de l'UFC, il hérite du gatekeeper par excellence, Josh Koscheck. L'ancien ennemi intime de Georges Saint-Pierre. Une rencontre à quitte ou double. La foudre s'abat sur Kos en fin de 1er round. Le monde se rappelle d'un seul coup du style Lawler, tranchant, sans calcul. Visiblement pas assez convaincant pour la compagnie, elle lui réserve par la suite Bobby Voelker, un combattant en bout de course. Lawler ne s'en offusque pas, et assène un pur KO via head kick.
Le coup d'accélérateur surgit mi-novembre, lorsqu'il croise Rory MacDonald. Le Canadien appartient à la TriStar Gym, est promis à la conquête de sommets dès lors que son compatriote et mentor, Georges Saint-Pierre, prendra sa retraite. Or, seul lui le sait, mais GSP a décidé de raccrocher au soir de cet UFC 167. De préférence suite à une nouvelle défense de titre efficiente. Malgré la prestation hallucinante de Johny Hendricks, le "grand frère" de Rory conserve son précieux. Puis sonne la fin du bal au micro de Joe Rogan. Sauf que les plans de la TriStar ne se sont pas déroulés sans accrocs. Plus tôt, MacDonald a dû se rabattre sur une lutte soporifique pour contenir Robbie Lawler. En vain... Le "vieux" lui donne la leçon, passe près de le déconnecter dans les 2e et 3e rounds. Initialement voué à servir de marche-pied, l'Américain vient de court-circuiter l'histoire. Ce sera finalement lui qui ira défier Hendricks, pour la remise en jeu du titre en mars 2014.
La suite, tout le monde la connaît : une décision controversée, des nouvelles démonstrations devant Jake Ellenberger et Matt Brown pour acquérir une revanche, un couronnement au goût étrange en clôture.
Ces deux dernières années ont été justement inondées de prix divers (comeback of the year, breakthrough fighter of the year, fighter of the year) par les médias spécialisés comme Sherdog ou MMA Fighting. Le défi 2015 sera de prouver qu'il ne s'agissait pas d'une parenthèse enchantée. Désormais Lawler est dans la peau du chassé. | | |
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