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Sagan prêt pour la Ronde

Idéalement parti dans le Paterberg avec trois hommes en sa compagnie, Peter Sagan a remporté le Grand Prix E3 en devançant Niki Terpstra et Geraint Thomas au sprint. Excellent à une semaine du Tour des Flandres où le Slovaque figurera dans la liste des favoris.


Il existe un phénomène troublant dans le cyclisme. Ce phénomène étant que certaines courses servent de préparation à d'autres courses un peu plus importantes qui se déroulent le week-end suivant. Ce fut le cas pendant très longtemps en ce qui concernait Tirreno-Adriatico. La course aux deux mers sert bien souvent de préparation pour Milan San Remo qui se déroule le dimanche qui suit. On a utilisé le passé car ce n'est plus vraiment le cas depuis quelques saisons tant Tirreno-Adriatico s'est complexifié par des étapes de montagnes bien plus ardues. Mais ça l'est toujours en ce qui concerne le Grand Prix E3 qui ouvre bien souvent le Tour des Flandres qui se dispute neuf jours plus tard. Preuve en est. Depuis quelques années, quand Tom Boonen remportait le GP E3, il allait gagner la Ronde. Et quand il s'agissait de Fabian Cancellara, la chose se répétait. Et il en va de même pour Peter Sagan. L'année dernière, il était le dauphin du Suisse sur le GP E3 avant de se hisser sur la deuxième marche du podium sur le Tour des Flandres.


Cancellara et boonen le conservaient depuis 2010

La joie de Peter Sagan a donc été double. Premier bonheur de remporté une classique flandrienne de plus en plus disputé, qui attire de plus en plus de gros noms du cyclisme et plus particulièrement les amoureux des Classiques du début du printemps. Mais également le bonheur d'engranger de la confiance avant la Ronde parce que remporter une course promise au duo Boonen-Cancellara depuis 2010 n'est tâche aisée. Est-ce que Peter Sagan sera le grandissime favori du prochain Tour des Flandres ? Sans doute que le caractère exclusif de la question est discutable mais il est certain que le Slovaque animera la course de dimanche prochain. Evidemment, avec toute la modestie d'un gamin de vingt-quatre ans, avec tant de talents dans les vaines, le puncheur de la Cannondale s'empressait de botter en touche "j'ai gagné une course importante avec des concurrents de très grande qualité. Pour l'instant, je savoure simplement le bonheur de gagner une course. Je ne pense pas à la suite. Je comprends très bien que les journalistes regardent immédiatement vers la course suivante mais en tant que sportif de haut niveau, ce n'est pas mon cas. Pour moi, le Tour des Flandres c'est très loin. On a tendance à appeler le GP E3 le "petit Tour des Flandres" mais ce n'est pas vrai. Ceux qui le disent pensent à Boonen et Cancellara qui sont bien meilleurs que moi sur les pavés et qui, eux, peuvent gagner les deux. Moi qui ai fait les deux l'an passé, je peux vous dire que ça n'a rien à voir. Le Tour des Flandres, c'est bien plus difficile".
Qui pourrait contester que le Grand Prix E3 n'est rien à côté d'une course aussi historique que peut l'être le Tour des Flandres, peut-être même la plus grande classique de la saison (il y a match entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix qui se disputera dans deux semaines). Sans s'enflammer inutilement en disant que Sagan remportera à coup sûr le Tour des Flandres, il existe tout de même quelques éléments qui font penser que le Slovaque en sera l'un des protagonistes. D'habitude, le Grand Prix E3, se disputant à la fin du mois de mars, c'est du froid, de la pluie, du vent de face, de la boue et des visages sales. Enfin tout ce qui fait ce que sont les grandes Classiques flandriennes. Ce n'était pas vraiment les conditions climatiques qui amenèrent les coureurs en direction de Harelbeke. Hier, les routes flamandes offrirent volontier douceur, beau temps, calme des vents et visages propres comme tout juste sortis de la baignoire. Au grand dam de certains coureurs avides de traditions et de conditions dantesques comme Sylvain Chavanel "on a l'habitude des temps de chiens dans cette région. C'est même ce qui fait son charme si particulier. Ce n'est pas forcément que je suis un admirateur de la pluie mais je peux sortir du lot dans des conditions difficiles. Ca joue aussi sur la course. Il y a moins d'attaque, moins d'évènements inattendus et plus de risque de terminer au sprint".


Sagan avec la manière

D'ailleurs, une arrivée au sprint aurait pu convenir à Peter Sagan dont la pointe de vitesse ferait presque pâlir Tom Boonen. Mais cela est très mal connaître le Slovaque pour qui Classique rime avec panache. Donc pas question d'attendre les 250 derniers mètres pour mettre le pied sur l'accélérateur. Et lorsque le panache est associé à l'intelligence de course, ça peut faire des malheurs. Peter Sagan avait prévu de sortir assez tôt, il le fit dans le Paterberg "j'avais prévu d'attaquer dans le Paterberg ou dans le Vieux Quérémont. Comme la course a mis du temps à se décanter, j'ai décidé de partir tôt en prenant le risque de perdre du jus et de me faire rattraper. Et puis, attendre le Quérémont, c'était prendre le risque que Cancellara attaque sans que je puisse le suivre. Se souvenant de Vincenzo Nibali qui, une semaine plus tôt lors de Milan San-Remo, prit le parti de s'envoler dans la Cipressa pour mieux se faire rejoindre au pied du Poggio, ni Cancellara ni Boonen décidèrent de suivre le jeune Slovaque. Le Belge décida toutefois de placer deux de ses coéquipiers (Terpstra vainqueur de A travers les Flandres deux jours plus tôt et Vandenberghe) dans l'échappée qui était en train de se former. Geraint Thomas fut le dernier à suivre. Même si Stijn Devolder et Sep Vanmarcke prirent la chasse à leur compte, ça ne suffit pas à contrecarrer les plans de Peter Sagan qui réglait le sprint final assez tranquillement, prenant la mesure de Terpstra et Thomas.
Côté Français, on notera la belle performance de Tony Gallopin qui passa la ligne d'arrivée en sixième position, dans le groupe des poursuivants. Le Français de l'équipe Lotto ne semblait pas le tricolore le plus à l'aise sur les pavés mais il semble en progrès. Il ne sera sans doute pas de la bataille pour la victoire lors du Tour des Flandres mais il pourrait cependant pointer le bout de son nez. Sans inquiéter Peter Sagan même s'il ne faut pas le dire trop fort...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 05 avril 2014
Modifié le 31 mars 2014
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