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Sauve-moi

Tu as recommencé. Tu avais pourtant juré que tu en avais fini pour de bon. Je pensais que tu étais sincère. Je crois en fait que tu l'étais. J'ai cru à une époque que je pouvais te tirer de toute cette merde mais on ne peut pas changer les gens. Ou alors il faut qu'ils le veulent vraiment.


Tu as recommencé. Tu avais pourtant juré que tu en avais fini pour de bon. Je pensais que tu étais sincère. Je crois en fait que tu l'étais. J'ai cru à une époque que je pouvais te tirer de toute cette merde mais on ne peut pas changer les gens. Ou alors il faut qu'ils le veulent vraiment. J'avais pourtant tellement espoir, j'avais tellement foi en toi. Tu m'as fait tant de promesses et de beaux discours ! Et des projets ! Nous avions tant de projets tous les deux ! Et j'y ai cru, bon sang oui, j'y ai cru et je voulais vraiment y croire car je t'aimais, car je t'aime !

J'ai rechuté. Je m'étais réveillé cette nuit-là en sueur. Avais-je eu un cauchemare ? Les draps étaient trempés. J'ai pris une serviette pour m'essuyer mais rien à faire, je dégoulinais. J'étais tendu, nerveux. La fièvre ne tombait pas. J'ai pris mes cachets mais ce n'était pas suffisant... Je me suis roulé un joint. J'ai mis une bonne demi heure, j'ai du réitérer l'opération plusieurs fois tellement mes mains tremblaient. J'ai tiré quelques lattes et j'ai arrêté. Ça me foutait la gerbe. Toi, tu dormais paisiblement. J'aurais tout donné pour être comme toi, si sereine. Tu étais si belle. Je me suis couché à tes cotés mais je n'arrivais pas à me calmer. Tu m'as attrappé la main et tu l'as serré de tes petits doigts comme pour me rassurer.

Tu t'agitais dans tous les sens si bien que tu m'as reveillée. J'ai compris que tu étais anxieux mais je n'avais pas la force de sortir de mon demi sommeil. Je t'ai vu te lever, enfiler ton t-shirt et ton pantalon. Tu as pris ton portable, ton bic bleu et ton paquet de Marlboro. J'ai juste entendu la porte d'entrée se refermer.

J'ai appelé Emilien, lui il en aurait. J'en avais envie. J'en avais tellement envie. J'ai composé le numéro une première fois et j'ai raccroché. Non, putain ! Qu'est-ce que je fous ? ! Je ne vais pas tout gacher. Pas maintenant, putain ! On décide de s'en sortir, on s'en sort presque et tout à coup, on replonge. Mais merde quoi, pourquoi ça me poursuit ? Pourquoi après quatre mois de galère à suivre ce traitement je ressens encore ce manque ? Car je sais que c'est de ça dont il s'agit. Je connais mon corps et il m'en réclame, il m'en demande et le plus vite possible en plus. Je ferai soft. Juste un petit rail et après on en parle plus. J'appuie sur la touche appel. Ça sonne : une sonnerie... Deux... Trois... Quatre... Cinq. Répondeur. Je retente : répondeur à nouveau. Je jette mon portable avec furie. Et merde ! Je me prépare à donner un coup de pied dedans quand soudain il se met à vibrer. Je le ramasse : c'est Emilien. "Ouai gros, ça va ?, dis-je en essayant de reprendre ma respiration, t'as du matos ?... Ok, je passe dans un quart d'heure".

J'ai essayé de te joindre. Cent fois. Tu ne m'avais laissé aucun mot, aucun indice. Où étais-tu bordel ? ! Pendant des heures j'ai tourné en rond, je ne voulais pas sortir de peur de te rater. J'ai appelé tous tes potes dont j'avais le numéro mais personne ne m'aidait. Je m'arrachais les ongles et les cheveux. Un jour sans nouvelle. Puis deux. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus. Je n'osais pas téléphoné aux hopitaux. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. C'est un de tes amis qui est venu me voir. Cinq jours s'étaient écoulés depuis cette fameuse nuit. Il m'a dit que tu ne voulais plus de moi, qu'il fallait que je me casse le plus vite possible. Il m'a fait peur, j'ai pris mon sac et je suis partie. J'ai pris le premier train pour Paris. J'ai versé des litres et des litres de larmes. Mes copines m'ont ramassé à la petite cuillère. Que s'était-il passé ?

C'était tellement bon. Mais je savais que tu ne voudrais pas partager ça avec moi. J'aurais voulu que tu fasses aussi ce voyage, tu m'aurais compris, tu en aurais redemandé aussi. Mais non, je voulais te préserver. Non, c'est faux, je peux peut-être te mentir mais je ne peux pas me mentir à moi-même : je n'ai pas pensé une seconde à toi. J'étais trop heureux, je n'avais plus besoin de toi, je me sentais détendu, tellement détendu... Je n'avais pas été aussi heureux depuis longtemps. Chaque cellule de mon corps étaient comme enveloppées par des millions de petites bulles d'air. Je flottais, j'étais leger, leger ! Pourquoi avoir lutté si longtemps ? C'était chan-mé de revivre un truc pareil, cette chaleur, cette douceur... Impossible à décrire, l'ecstase !

Aujourd'hui tu m'as appelée. Ça faisait un peu moins de cinq mois que je n'avais eu de nouvelles de toi. J'ai hésité à décrocher. Moi qui avais eu tant de mal à faire le "deuil", moi qui en fait n'avais jamais fait le deuil, je mourais d'envie de savoir comment tu allais. Je m'étais tellement inquièté pour toi. A peine ai-je décroché que je t'ai entendu pleurer. Ça m'a bouleversé. Tu m'as demandé pardon entre deux sanglots. J'ai fondu en larmes aussi. Tu t'es excusé cent, peut-être mille fois. Tu voulais que tout redevienne comme avant. Tu parraissais tellement en détresse... Moi qui étais censée t'en vouloir _ tu m'avais complètement détruite_ comment aurais-je pu te résister ? En entendant tes supplications, j'ai tout mis de coté : ma souffrance, mon orgueil, ma colère. Je t'ai dis de venir, de me revenir, le jour même si possible, je voulais t'éloigner de tout ça au plus vite, je voulais te serrer fort dans mes bras et te protéger de cette daube.

Je ne voulais pas que tu me vois dans un état pareil. C'est pour ça que j'ai mis tant de temps à te rappeler. Je ne voulais pas que tu me connaisses dans mes moments de manque quand j'étais agressif, nerveux, que j'en voulais à la terre entière. Je ne voulais pas que tu me vois fin défoncé. Je ne voulais pas que tu me trouves dans ma gerbe. Je ne voulais pas t'envoyer chier comme j'ai pu envoyer chier les autres, mes amis, ma famille. Et puis, je me sens si dégueulasse. J'ai tellement honte, honte de tout ce que je suis. Je me sens comme la dernière des merdes. Voudras-tu encore de moi ?

J'étais un peu en retard. Il pleuvait. Finalement, c'était plus simple de ne pas attendre je me serais posée encore dix mille questions. Les gens déferlaient déjà sur le quai et j'essayais de te trouver. J'avais cette peur stupide de ne pas te reconnaitre. Déjà le flot de personnes diminuait et pas une trace de ta frimousse. J'étais de plus en plus anxieuse. Et si tu n'étais pas venu ?

Cela faisait cinq minutes que j'étais descendu du train. Je te voyais, ton regard allait d'un visage à l'autre cherchant un indice, quelque chose de familier. Tu étais si belle. Tu portais ton jean un peu délavé et sous ton manteau, tu avais mis ce pull noir décollété en V que j'aime tant. J'imaginais déjà t'embrasser dans le cou, respirant tes odeurs. Je mourais d'envie de courir et de sauter dans tes bras mais je profitais de cet instant à te regarder de loin. Tu parraisais stressée, remettais sans cesse une mèche derrière ton oreille. Cette vieille manie de toujours remettre tes cheveux en place ! Comme s'ils n'étaient pas toujours impécablement mis !

Il n'y avait presque plus personne à présent sur le quai. Je commençais vraiment à désespérer. C'est là que je t'ai vu. Tu étais un peu à l'écart, si bien que je ne t'avais pas remarqué. Je... Je n'en croyais pas mes yeux. Je suis venue à toi, doucement. A chaque pas mon coeur s'accèlèrait. Etait-ce bien toi ? Etait-ce possible ? Tu avais le teint terreux et_ oh mon Dieu ! _ ce que tu avais maigri ! Tes yeux ressortaient étrangement de leurs orbites. Tu parraissais si fragile ! Si faible ! Arrivée devant toi, je suis tombée à tes genous et j'ai sangloté comme une enfant. La pluie redoublait et nous étions trempés. Tu t'es mis à mon niveau, tu as pris mon visage entre tes mains, tu m'as embrassé et nous avons pleuré ensemble.

"Nous allons nous en sortir, nous allons nous en sortir", répétais-tu en boucle. Et tes larmes se s'arrêtaient pas de couler se mêlant à la pluie, se mêlant aux miennes. Je me sentais nu comme un ver, je me sentais aussi honteux qu'un enfant qu'on venait de pincer en train de tricher. Devant toi, tout ce que j'avais fait n'avait plus de sens. Mon amour, aide-moi, sauve-moi. Ne les laisse pas me détruire à nouveau.
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Re: Sauve-moi
Posté par radium le 17/04/2006 11:10:02
Super bien écrit, très emouvant et tellement proche de la réalité.Je me suis demandé si l'histoire était vraie mais je ne sais pas si dans la came un amour aussi puissant puisse exister vraiment...Je ne pense pas mais j'en suis pas sûr.Qu'en pensez-vous?
Re: Sauve-moi
Posté par pti beurre le 03/04/2006 14:04:20
qu'un mot a dire : MAGNIFIQUE!!
Re: Sauve-moi
Posté par mimilaloutre le 30/03/2006 13:26:40
Je trouve que c'est tres beau !! C'est une belle histoire d'amour en tout cas , et bravo c'est tres bien ecrit ...!
Bis :)
Re: Sauve-moi
Posté par ushiwa.sasuke le 29/03/2006 08:33:56
Bon texte, Bravo !!! Et c'est vrai plutôt émouvant...

Continue comme ca !
Re: Sauve-moi
Posté par serialkinder le 27/03/2006 01:27:42
chapeau bien bas !!!
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L'auteur : Menthe Poivrée
40 ans, Nancy (France).
Publié le 23 mars 2006
Modifié le 26 février 2006
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