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Son jour de gloire est arrivé

Martin Fourcade a apporté le premier titre olympique de la délégation française à Sochi au terme d'une poursuite qu'il aura parfaitement maitrisée. Cerise sur le gâteau, son ami Jean-Guillaume Beatrix l'accompagnera sur la troisième marche du podium.


Il ne restait qu'un seul tir à Martin Fourcade, juste une toute dernière cartouche le séparait de sa première médaille d'or olympique quatre ans après une médaille d'argent remportée lors de la mass-start à Vancouver. Il a simplement relâché son index. Une pression de l'index sur la gâchette plus tard et la balle venait mourir en plein dans la cible "j'avais un peu la pression parce que j'avais fait la différence sur les skis. J'étais arrivé seul sur le pas de tir. Les quatre premières cartouches passent bien. Je vais assez vite ou du moins plus vite que sur les trois précédents tirs et il reste juste un dernier tir. Je vois que Dominic Landertinger arrive à côté de moi. Je sais que si je met cette balle, je suis champion olympique et je la met dans la cible" commente le meilleur biathlète mondial depuis deux ans. Ensuite, il s'est retourné le poing levé, serré avec un soupçon de rage. Un poing tourné vers son équipe. La victoire lui tenait les bras mais il restait encore un tour de piste à négocier avant de pouvoir relâcher la pression. Fourcade ajoute "paradoxalement, cette dernière boucle a été la plus longue de ma vie. Enfin, je l'ai senti comme ça. Pourtant, j'étais seul en tête avec assez d'avance pour parer un retour de Moravec mais, alors que ça m'arrive jamais d'habitude, j'ai eu peur de tomber ou de casser un bâton. En plus, plus tôt dans la course, il y a eu le Canadien Le Guellec qui est tombé juste avant moi dans un virage vraiment piégeux mais je crois que le titre olympique ne pouvait pas m'échapper".
Enfin, le Catalan allait s'emparer de l'or lors de Jeux Olympiques trois jours après la déception du sprint de samedi où il avait terminé sixième à douze secondes du vainqueur Bjoerndalen "le plus compliqué a été qu'il digère rapidement cet échec même si, selon moi, ce n'était qu'une défaite contre un monstre de la discipline. Heureusement que le programme de biathlon est copieux. Aux Jeux Olympiques, les courses s'enchainent tous les deux jours. C'est bien parce que Martin n'a pas eu le temps de gamberger. Dès le lendemain du sprint, il ne parlait que de la poursuite" analyse Stéphane Bouthiaux, entraîneur du biathlon masculin.


Une seule faute au tir

Cette course, Martin Fourcade l'a négocié comme un patron du début à la fin. On pût s'en apercevoir dès le départ de cette poursuite longue de 12,5 kilomètres. Parti en sixième position à un peu plus de douze secondes du Norvégien, il n'attendit pas une seconde avant de prendre la tête du groupe de poursuivant parti en chasse derrière Bjoerndalen et Landertinger respectivement premier et seconde du sprint. Il ne lui a fallu que de neuf cents mètres avant de revenir sur la tête de course. Cela montrait que le Perpignanais allait jouer la victoire sur les skis. Hier, il signa le sixième temps cumulé de ski de fond mais il fut le plus rapide des favoris. C'est ici ce qui a fait la différence. Samedi, il avait pris le troisième temps en ski mais il n'avait pas crée d'écarts suffisants avec Bjoerndalen and co. Hier après-midi, sur le plateau de Laura, il montra ses talents de stratège en course "en sprint, je suis souvent plus fort sur le pas de tir et moins bien sur la glisse. En course, j'aime me placer, placer des attaques et gérer mon effort par rapport aux autres. Cela se joue parfois au détriment du tir mais hier, ce ne fut pas le cas" explique Fourcade.
Avec dix-neuf tirs réussis sur vingt, Martin Fourcade a été l'un des meilleurs la carabine en main. Une réussite qui lui coûte du temps. Tellement soucieux de son tir, Fourcade perd un peu de temps et ne réalise que le vingtième chrono cumulé sur le pas de tir. Il ressort du premier tir couché sixième à six secondes du Scandinave. Il revient sans trop de mal sur le groupe de tête. Il ne fait pas de fautes sur le deuxième tir couché et va un peu plus vite à tirer alors que de son côté, Bjoerndalen doit faire un tour de pénalité. Le Norvégien fera trois fautes. Les trois fautes de Landertinger lui profite également et à l'orée du premier tir debout, il se décide à attaquer. Il lâche Moravec auteur de zéro faute. Il fait une faute mais ses adversaires en font aussi, si bien qu'il ressort devant la meute. La suite, on la connait.


Beatrix prend le bronze

Mais, comme si la joie n'était pas tout à fait à son comble, une fois la ligne d'arrivée traversée, il se retourna directement pour suivre la bataille pour la médaille de bronze qui se disputait entre Beatrix et Bjoerndalen qui se terminera bien pour le premier nommé "je ne savais pas que Jean-Gui était troisième. Le coach m'avait simplement dit que Moravec était deuxième. C'est pendant le demi-tour de l'arrivée que je l'ai vu troisième mais Bjoerndalen était juste derrière. Dès que je suis arrivé, j'ai suivi son arrivée. J'avais peur qu'il se fasse dépasser sur la dernière ligne droite mais il en avait gardé sous la spatule" avouait Fourcade. Les deux compères se jetèrent dans les bras l'un de l'autre histoire de savourer le succès de tout le biathlon français, très encourageant en vue du relais. Le destin avait voulu que Jean-Guillaume Beatrix trouve une place dans le jour de gloire de Martin Fourcade. Les deux se connaissent depuis un petit bout de temps et ce ne fut pas toujours l'entente cordiale entre les deux. En junior, Fourcade et Beatrix sont adversaires. Les courses se disputent régulièrement entre les deux qui ont un niveau similaire. Beatrix raconte "on était adversaires mais hors de la course, on s'entendait bien comme des jeunes. On faisait la part des choses. Mais les années ont passé et on s'est perdu de vu au fur et à mesure. Martin progressait alors que moi, j'avais un peu de mal de passer au niveau supérieur. Je lui en ai voulu au départ parce que je ne comprenais pas pourquoi il avait tant progressé par rapport à moi. Je ressentais de l'injustice. Tout a changé quand je suis entré en équipe de France. La génération précédente était en bout de carrière. Il y avait des places à prendre et j'ai saisi ma chance. Mon amertume envers Martin avait disparu parce qu'on était ensemble sur les relais. Il aura fallu ça pour que je me rende compte que ce n'était pas à cause de lui que j'avais mis tant de temps à entrer en équipe de France. Et puis, grâce à lui, je vais entendre la Marseillaise alors que je ne suis que troisième".


D'autres objectifs se profilent

Après Beatrix, les séances de embrassades et les accolades se succédèrent entre l'arrivée de Simon Fourcade, l'ainé de la famille, Siegfried Mazet, chargé du tir, et Stéphane Bouthiaux. On voyait chez ce dernier une larme se mettre à couler sur ses joues "c'était son objectif depuis les derniers Jeux. Il ne pense qu'à ça depuis longtemps. Il est important que le public sache cela. Martin est un bosseur. Il y a deux ans, il est venu me voir la veille du début de la saison et il m'a montré un tableau avec tous les stages et toutes les compétition jusqu'aux Jeux Olympiques. Je n'y croyais pas mes yeux. Il vit pour son sport et fait attention à tout dans le seul but de devenir le meilleur de sa discipline" souriait Bouthiaux, un brin impressionné.
Cette médaille d'or le fait entrer pour l'éternité dans la légende du sport français, ce qui pourrait changer son image vis à vis du public. Avant son entrée en compétition le lendemain de la cérémonie d'ouverture, Martin Fourcade avait prévenu qu'il voulait frapper fort d'entrée et montrer son niveau de performance dès le début. Fourcade explique "j'ai vu des messages sur les réseaux sociaux après le sprint. Ils n'étaient pas tous gentils mais je comprenais. Ca fait longtemps que j'en parle. J'affiche mes ambitions alors forcément il y a de l'attente et encore plus quand c'est pour ouvrir le compteur. Alors j'ai lu que j'étais prétentieux car le résultat ne suivait pas. Hier, quand je prend le temps de me retourner vers mon clan après mon dernier tir, ce n'est pas de la prétention, c'est de la joie".
Champion olympique, le pression n'est pourtant pas retombé, il poursuit "mes Jeux sont très loin d'être terminés. J'ai encore quatre courses et je compte bien remporter d'autres médailles pas plus tôt que jeudi avec le 20 kilomètres. On pourra fêter les succès quand tout sera terminé". Septième au classement de la spécialité, le 20 kilomètres de jeudi ne semble pas être sa plus grande chance de médaille. C'est surtout la mass-start de dimanche, où il figure en tête de la Coupe du Monde, qui pourrait figurer un nouveau succès du Pyrénéen. Mais aussi le relais. Avec Fourcade, Champion olympique de la poursuite, Beatrix, troisième, Fourcade, dix-septième et Desthieux, vingt-et-unième, l'équipe de France sera l'une des favorites et avec Commandant Fourcade à sa tête, on a le droit d'espérer...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 25 février 2014
Modifié le 24 février 2014
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