| Stravius en super formeLe nageur amiénois a remporté hier après-midi deux nouveaux titres de Champion de France en 50m dos et 200m quatre nages. Les deux premières places étant qualificatives pour les Championnat du Monde de Barcelone, il sera en lice dans au moins trois épreuves individuelles.Jérémy Stravius n'est pas du genre à se mettre sans arrêt en avant. Et dans le passé, ce caractère lui a été bénéfique à certains moments et un peu moins à d'autres. Son grand côté reservé à pour origine son enfance difficile à Saint Valéry sur Somme et d'un placement en famille d'accueil à Friville-Escarbotin. C'est dans ce petit village qu'il découvrira la natation et qu'il y prendra goût. Car Jérémy Stravius n'est pas en quête perpétuelle du résultat, ce qu'il veut, c'est prendre le maximum de plaisir à pratiquer le sport qu'il adore tant depuis sa plus tendre enfance "il avait d'excellents résultats chez les cadets et chez toutes les catégories de jeunes. Mais lui s'en fichait un peu en fait. Tant qu'il s'amusait dans la piscine comme quand il y jouait avec ses frères et soeurs" se rappelait Michel Chrétien, l'entraîneur de Jérémy Stravius au pôle d'Amiens.
Mais Michel Chrétien se rappelait surtout du manque de confiance en lui de son poulain "mon boulot d'entraîneur est aussi de voir les compétitions de juniors et je suis allé le voir pour lui dire que son potentiel était vraiment intéressent mais il n'y croyait, il ne me croyait pas quand je lui ai dis que sa technique de dos était remarquable. Il n'était pas comme son frère qui ne pensait qu'à la compétition. Lui ne voulait pas se lancer pleinement dans la natation et j'ai eu un mal fou à le faire venir au club d'Amiens. Mais quand il a obtenu son baccalauréat, les choses ont changé car il avait plus de sécurité si sa carrière sportive ne fonctionne pas. En fait, c'était ça le problème. Il ne se voyait pas aussi bon et était persuadé qu'il n'était pas dans les meilleurs".
A dix-huit ans, il quittait sa famille pour s'installer à Amiens pour pleinement profiter de son porentiel prometteur et il s'y sentit bien dès les premières semaines "ce n'était pas simple de me retrouver tous les jours dans une piscine. Je m'entrainais déjà beaucoup mais jamais à ce point là. Je n'avais peur que d'une seule chose. J'avais peur de perdre la joie de nager. J'avais peur que ma passion ne soit plus la même et ne devienne qu'un travail où seul la performance n'a de valeur. Mais à Amiens, j'ai vite eu de très bonnes sensations car j'étais soutenu et je sentais que mon entourage avait pleinement confiance en moi" glissait Jérèmy Stravius.
Trois qualifications pour les mondiaux
Sa jeune carrière touche son point d'orgue lorsqu'il décroche la médaille d'or du 100m dos, qu'il partagera avec Camille Lacourt ayant fait le même temps que lui, lors des Championnats du Monde de 2011 "c'est sans doute le plus beau moment ou au moins un des plus beaux moments de ma carrière. Même si les années précédentes, il figurait parmi les meilleurs nageurs en dos, il lui fallait une victoire pour se rendre compte de son talent fantastique. Je pensais que ça pouvait être un déclic pour lui pour qu'il s'ouvre enfin sans avoir peur de quoi que ce soit" avouait Michel Chrétien. Il devient par la suite un des favoris en vue des Jeux Olympiques de Londres mais rien ne se passe comme il le voulait "je ne sais pas si je me suis vu trop beau mais je ne pense pas que ce soit cela. La pression est devenue plus forte car je me sentais attendu, ce dont je n'étais pas habitué. Je prenais moins de plaisir à aller à la piscine tous les matins et les conséquences ont été immédiates" reconnaissait Stravius. Ces conséquences, c'est lorsque, durant les Championnats de France qui faisaient office de sélections olympiques, il ne prend que la troisième place du 100m dos derrière Camille Lacourt et Benjamin Stasiulis "ça a été compliqué à vivre. Heureusement qu'il y avait les relais qui m'ont permis d'aller à Londres quand même. Sans ça, j'aurais eu beaucoup de mal à le vivre".
Mais au lieu de se morfondre, il rebondit instantanément et se prépare rigoureusement pour les échéances de fin d'année "j'ai adoré sa réaction car il montrait enfin qu'il aimait gagner et que ça le touchait de ne pas être premier" confiait Chrétien. Lors des Championnats de France en petit bassin, il surprend par ses performances mais c'est surtout lors des Championnats d'Europe en bassin de vingt-cinq mètres où il raffle six médailles dont cinq en or "après mon échec olympique, je me suis remis en question et je pensais bien mieux de me refaire le plus rapidement possible au lieu d'attendre les Mondiaux de cette année. J'ai bossé comme un malade et ça a payé encore mieux que mes espérences".
Mais ce succès, il était attendu "il était plus souriant qu'avant les Jeux Olympiques. Il était complètement relâché. Il plaisantait et retrouvait vraiment du plaisir à être dans la piscine. Il ne le montrait pas mais il a eu beaucoup de mal à assumer son titre mondial. Il était stressé tout le temps et était persuadé qu'il n'était pas à son niveau de l'année d'avant. Après les Jeux, il était tellement différent que c'était sûr qu'il revienne à son meilleur niveau" affirmait Mélanie Hénique, sa partenaire d'entraînement au club d'Amiens.
Cette année et lors des Championnats de France qui selectionnent ceux qui iront à Barcelone pour les Mondiaux, il a démontré qu'il poursuivait avec la même forme qu'à la fin de l'année passée. Après un premier titre sur 100m dos où il prit le dessus sur Camille Lacourt, il a encore remporté hier deux nouveaux titres nationaux sur 50m dos et 200m quatre nages avec à la clé, une meilleure performance de l'année sur 50m dos et un record de France en 200m quatre nages "il gagne trois titres avec une nage et des temps remarquables. Ce qu'il me plait, c'est de le voir enfin libéré des doutes qui le suivaient depuis longtemps. Il a souvent vu Camille Lacourt comme une idole et non comme un adversaire mais il se rend compte qu'il est au-dessus de lui. Il n'a plus peur de faire du quatre nages lui qui est très polyvalent même s'il me rabache qu'il n'est pas bon en brasse et en papillon. Et puis surtout, il a une nouvelle mentalité. Il veut gagner partout où il passe car il n'est pas satisfait dans le cas contraire. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y prend pas plaisir, au contraire. Ses courses préférées restent clairement les relais mais il sait penser qu'à lui aussi" se satisfaisait Michel Chrétien. Autant dire que les Mondiaux de Barcelone vont être chauds... | | |
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