| Toulon en route pour le BrennusUne semaine après avoir vaincu Clermont-Ferrand en finale de Coupe d'Europe (16-15), les Toulonnais sont parvenus à se qualifier pour la finale du Top 14 qui se disputera la semaine prochaine. Pour cela, Toulon a dù s'imposer contre le champion de France en titre qui l'avait battu en finale l'année dernière.Le lendemain de la finale de Heineken Cup, Coupe d'Europe si vous préférez le nom sans sponsor acollé, pendant laquelle son équipe l'avait emportée sur Clermont, le président du Racing Club Toulonnais, le fantasque mais non moins attachant Mourad Boudjellal, avait avoué s'être discrètement échappé de l'Aviva Stadium de Dublin alors que son équipe tout de rouge et de noir vêtue venait d'encaisser un second essai, par Brock James, trois minutes après un premier inscrit alors par Nalaga. Il s'était alors réfugié dans un taxi qui tournait sans arrêt autour de la gigantesque enceinte dublinoise avec la radio en fond sonore pour se tenir un minimum au courant de l'évolution de la situation. Ce souvenir amusant en tête, on était tout à fait en droit de se demander si on allait avoir le plaisir de voir la frimousse du Président du RCT alors que Mr Gauzere, arbitre qui officiait hier soir sur la pelouse de la Baujoire, venait d'envoyer Toulon pour sa deuxième finale de championnat de France d'affilée.
On se demandait même s'il allait assister à cette demi-finale tant il nous semblait impassible à quelques heures d'un nouveau rendez-vous important pour le club de la Rade "Toulouse n'a pas joué depuis quinze jours. Il a pu se préparer tranquillement pour ce match alors que nous, on a eu un agenda un peu rempli avec cette victoire en Coupe d'Europe. Toulouse est largement favori parce qu'il aura la tête tournée entièrement sur le match qui peut sauver sa saison alors que mes joueurs penseront encore à la victoire" avait-il déclaré en arrivant à Nantes accompagné de la délégation varoise. Mais ses joueurs n'aiment pas le voir defaitiste comme il l'était avant la rencontre, même s'il devait s'agir plus de communication qu'autre chose, alors dans les vestiaires des Rouges et Noirs et ce à quelques instants de l'entrée des Gladiateurs, on voyait Jonny Wilkinson, devenu capitaine après que Joe Van Niekerk n'ait perdu son statut de titulaire, en appeler au mental de ses coéquipiers, pour pallier une condition physique légèrement altérée avec la débauche d'énergie qu'avait été la victoire en Coupe d'Europe comme en témoignait l'absence de Carl Hayman blessé au mollet pendant la finale de H Cup, pour aller vers cette finale, une autre finale après la défaite de l'année passée contre son adversaire du soir (18-12).
Wilkinson décisif en seconde mi-temps
Être rassuré dans les paroles, c'est une chose mais par les faits, il est coutume de dire que c'en est une autre. De ce côté également, Mourad Boudjelal a pu rapidement soufflé. Dès la première mêlée de la rencontre, les Toulonnais, bien que diminués par le forfait de Carl Hayman, faisaient la différence. Dans l'action qui suivait, Frédéric Michalak distillait un merveilleux petit coup de pied en diagonale en direction de Danie Rossouw. Ce dernier profitait de l'absence de défenseurs toulousains pour inscrire le premier essai du match "on commence un peu mou dans les phases et on a vraiment de la chance de marquer sur une action non construite et surtout aussi tôt dans le match. On dit souvent que c'est compliqué à gérer de marquer rapidement mais ce n'est pas vrai. C'est tellement difficile de marquer dans ce genre de match qu'on se fiche à quelle minute ça se passe" expliquait l'ouvreur varois.
Mais, comme en finale de Coupe d'Europe et malgré cet essai rapide de Rossouw, Toulon a éprouvé des difficultés à rentrer pleinement dans son match mais comme face à l'ASM, Toulon a su parfaitement gérer ses temps faibles, même quand ces derniers ont duré plusieurs dizaines de minutes comme ce fut le cas hier. Le Stade Toulousain attaquait mais Toulon resistait en s'appuyant sur un Bakies Botha des grands soirs, sur l'expérience de Chris Masoe et sur la rudesse infaillibe au plaquage de Mathieu Bastareaud. Arrivé à la mi-temps en encaissant que deux coups de pied et surtout aucun essai, le RCT savait qu'il avait fait le plus dur et qu'il suffisait de resister pendant encore quarante minutes en essayant de gratter des points par ci par là. Et dans ce genre d'exercice, Jonny Wilkinson est le patron. Alors qu'il avait raté une transformation du long de la ligne de touche et une pénalité de plus de quarante mètres, c'est lui qui prit ses responsabilités, et avec réussite par dessus le marché, pour inscrire deux pénalités et un drop qui donnaient un avantage plus confortable aux hommes de Bernard Laporte "Jonny nous fait tellement de bien. A chaque match, il apporte quelque chose même quand il n'est pas en forme. Il met les points quand l'équipe en a besoin. Je suis tellement heureux car c'est un homme en or. Tout le monde m'avait dit que je faisais une connerie en le recrutant à l'été 2009. J'avais raison et je suis content que tout le monde reconnaisse que c'est un des meilleurs joueurs du rugby mondial" soulignait le président heureux de la soirée. Et pour pousser le parallèlisme avec la finale européenne de la semaine précédente jusqu'au bout, il fallut que, sur un ballon de récupération des toulonnais après une erreur de Guthro Steenkamp, Jean-Charles Orioli, rentré depuis peu à la place du toujours jeune et vaillant Sebastien Bruno, donnait rapidement l'ovale à Delon Armitage qui crucifiait toute la défense de la ville rose avant de finir sa course dans l'en-but adverse "on menait déjà de huit points mais contre Toulouse, on sait que ça peut ne pas suffire donc il fallait faire encore mieux et marquer un essai pour nous mettre définitivement à l'abri. Je marque comme contre Clermont donc je suis heureux car je suis venu à Toulon pour gagner ce genre de match" se réjouissait l'arrière azuréen.
Des toulousains en manque d'efficacité
Le Stade Toulousain comptait sur cette demi-finale sur terrain neutre et pour la première fois dans l'antre du FC Nantes pour sauver une saison en demi-teinte des Hauts-Garonnais éliminés prématurément en Coupe d'Europe, reversés en Challenge Européen mais s'inclinant face à Perpignan en quarts de finale. En Championnat non plus, tout ne fut pas rose cette saison. Une saison pendant laquelle le Stade Toulousain ne sembla jamais vraiment en mesure de prendre une des deux premières places où se tenaient au chaud Clermont et Toulon pendant presque toute la phase régulière. Troisième après les vingt-six journées, le Stade Toulousain était contraint de jouer un barrage contre le Racing Metro. Seulement, une victoire, synonyme de ticket pour le Stade de France, aurait
effacé toutes les ombres du tableau surtout face au tout nouveau champion d'Europe toulonnais.
Mais on ne peut pas dire que les Stadistes prirent cette demi-finale du bon bout en encaissant un essai au bout de deux minutes de jeu. Un essai où la défense toulousaine est complètement coupable d'avoir laissé à Danie Rossouw un boulevard vers le paradis. On pourrait dire aussi que les gars de Guy Novès ont su réagir avec un calme impressionnant. Deux tirs au but de Luke McAllister suffisaient aux Toulousains pour revenir dans le coup. Surtout que dans le jeu, ce sont eux qui faisaient tout, prenant chaque ballon dans le but de marquer. Pendant une bonne vingtaine de minutes, Toulouse n'utilisa que des ballons d'attaque, un jeu rapide où toute relance se devait d'être réalisée à la main. On crut à plusieurs reprises que les champions de France en titre allaient revenir à un essai partout mais par deux fois, Jean Bouhillou commettait une passe vers l'avant qui anihilait immédiatement l'avancée toulousaine "à ce niveau là, il faut être un minimum réaliste. Bien jouer c'est bien mais personnellement, je préfère marquer car ce que je veux, c'est avant tout la victoire. On a eu des occasions et on s'est trop précipités" reconnaissait Guy Novès.
Dominés dans tous les compartiments
En deuxième mi-temps, Toulouse ne vit le jour que l'espace de cinq minutes, les premières de cette seconde période, pendant lesquelles les Hauts-Garonnais obtenaient une pénalité que s'empressait de conclure McAllister pour donner l'avantage aux siens. Un avantage qui ne durera que quelques instants parce que le Stade Toulousain se mettait trop souvent à la faute. Ces dernières étaient en phase offensive lors des quarante premières minutes, elles étaient défensives après la pause et Toulon, accompagné par la botte magique d'un Jonny Wilkinson en folie, étendait sa domination sur le remake de la finale de la saison dernière. Une pénalité, un drop et une autre pénalité, en vingt minutes, ça fait un peu beaucoup. On n'attendait plus de retour toulousain car ils avaient trop donnés en première mi-temps pour un résultat bien maigre. Ils étaient battus à l'impact symbolisé par Louis Picamoles qui ne parvenait pas à faire la différence comme il en a pris l'habitude ces derniers temps. Ils étaient dominés dans le secteur de la conquête, chaise gardée du Stade Toulousain.
Au final, Toulouse s'est incliné en se battant mais pas assez longtemps "on a essayé de jouer en première mi-temps mais on n'a pas marqués. On aurait dù continuer sur la même lancée mais on s'est baissés, on s'est laissés faire par Toulon. On n'a pas joués notre jeu. On a perdu tous nos fondamentaux. Perdre comme ça, ça me fait un peu chier quand même parce que j'ai vu une équipe débordée par les évènements" regrettait Guy Novès avant d'en aller de son mea culpa "j'ai ma part de responsabilité bien évidemment car je suis l'entraîneur. On va me dire que l'idée de mettre les joueurs en quarantaine était une mauvaise idée. C'est peut-être vrai, c'est un peu tôt pour le dire mais pour l'instant, je reste persuadé que c'était la meilleure chose à faire pour mobiliser les joueurs car quinze jours sans jouer, ce n'est pas facile". Le manager toulousain n'oubliait pas de parler de son adversaire "on a perdu un match. Il n'y a aucun problème à cela. Nous ne sommes pas obligés d'aller en finale tous les ans non plus. Et puis en face, on avait des guerriers. Ils ont réussi à faire un match aussi abouti que face à Clermont. Perdre contre Toulon, ça n'a vraiment rien de déshonorant. C'est le champion d'Europe et le futur champion de France tout de même"... | | |
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