| Toulouse Football Club, l'aveu d'impuissance Silence, on coule. Suite à sa pâle défaite à Caen, le Toulouse Football Club est tombé à la 17e place du classement de Ligue 1. Deux petites longueurs d'avance sur le premier relégable. Plus que la situation comptable, l'inquiétude porte sur l'inertie affichée sur le terrain... Et sur un calendrier qui promet d'être infernal."C'est une mauvaise performance, on a été indignes d'un match pour le maintien." La réaction d'Étienne Didot est sans appel au micro de Be In, deux minutes seulement après le coup de sifflet final au stade Michel D'Ornano. Comment contredire cet homme de bon sens, dont l'avènement tant attendu en tant que capitaine ne résout pas tout, à l'heure d'étudier de près cette rencontre ? Didot fut sans doute le seul à tenir son rang, à la recherche constante de la solution face à une situation très tôt (comme d'habitude) mal engagée. Hélas, ses équipiers n'ont pas démontré la même envie, ou la même capacité au choix (nous y reviendrons).
Le sursaut d'orgueil devant un Reims faiblard aura donc été un nouveau mirage, un mois et demi après un succès surprise à Nantes, et trois mois après une éclaircie devant Metz. À ce rythme-là, l'opération maintien est vouée à l'échec.
Les murs tremblent... Et rien ne change
Pourtant, les signaux étaient au vert depuis une semaine. Notamment la promesse de renouveler enfin un système de jeu et un onze de départ similaires à ceux du match précédent. Simple réajustement à la marge, suspension de Grigore oblige, nous promettait-on. Or une nouvelle indisponibilité a bouleversé les plans : Moubandjé dût déclarer forfait. La ligne défensive perdait ainsi, après Veskovac et Spajic, le dernier élément titulaire au temps du format 3-5-2. Les faibles options de rechange conduirent à tester une nouvelle ligne dans l'urgence. Sur les quatre arrières alignés à Caen, seul Tisserand évoluait à son poste de prédilection, Ninkov bouchait le trou à gauche, tandis que la paire inédite Yago-Spano se chargeait de l'axe. Devant eux, les repères étaient plus avérés entre Doumbia et Didot, autant qu'entre Braithwaite et Trejo. Le manque de complicité criant du duo offensif Ben Yedder-Pesic n'avait pas empêché l'effusion de tirs face à Reims, alors pourquoi ne fonctionnerait-il pas devant une équipe normande encore dernière il y a quinze jours ? Aussi, le souvenir d'un match aller débridé (3-3) laissait entrevoir de belles possibilités. Les deux clubs se situaient au-dessus de la zone rouge au coup d'envoi, donc théoriquement sereins.
L'illusion dura quarante secondes, Doumbia laissa filer Féret, auteur d'une passe lumineuse pour Privat. Premier avertissement sans frais, mais sensation de malaise. Persistante. Ainsi le milieu défensif Malien, si brillant pour son retour de la CAN le samedi précédent, sombrait dans les approximations au fil des minutes. De nouveau dépassé par Féret, Doumbia reçoit un jaune prématuré (4′) et persiste dans une agressivité mal dosée (8′). Caen laisse volontiers la possession à son visiteur, mais joue chaque percée à fond. Le débordement de Kanté aura raison de l'attentisme de Spano, devancé par Privat de la tête (18′). Peu puissante, la reprise suffit néanmoins pour ouvrir le score. Dès lors, le match est plié. Dans la continuité de ses flops successifs à Montpellier, Lille, Lyon, Annecy, le onze toulousain baisse pavillon au premier élément défavorable. Ni les quelques inspirations de Trejo, ni les multiples touches de balle de Ben Yedder, ni les persistantes tentatives de centres de Tisserand ne sonnent la révolte. Pis, les Normands disposent aisément, dans un rythme de sénateur, de leurs concurrents.
Au retour de la mi-temps une information importante émerge des journalistes présents aux abords des vestiaires : Olivier Sadran s'est substitué à son entraîneur pour venir donner de la voix. Paraîtrait-il que les murs s'en souviendront... Mais les joueurs ? Et bien ils s'appliquent, gentiment, lentement, patiemment, inlassablement ils remontent les ballons. Sans créer le moindre danger. Comme une bande d'écoliers bien intentionnés, démunis hélas de la touche fantasque ou saine folie permettant de sortir d'une impasse. Ainsi un seul tir cadré de Pesic (et quel faible tir !) traduira cette phase de domination stérile. Ainsi qu'un nombre conséquents de centres et de corners. Adrien Regattin eut le mérite de remuer, comme toujours, ciel et terre durant sa demi-heure disputée (huit centres, un coup franc et un tir non cadré). Toujours mieux que l'apathie d'un Ben Yedder, totalement ailleurs. Puis dans la pure tradition téféciste, l'offrande d'un pénalty permit à Caen de se mettre à l'abri.
Un match comme on en a vu des dizaines avec notre cher club de la ville rose. Sauf qu'ils étaient autrefois entrecoupés de moment plus réjouissants, de matchs de gala ou de mini-série de quatre ou cinq résultats probants. Le ressort est cassé, en dépit de l'union sacrée décrétée, de tous les leviers utilisées pour renverser la vapeur, des changements tactiques aux huis-clos en passant par l'intégration de jeunes pousses. Au bout de vingt quatre rencontres, vingt six si l'on compte les coupes, aucune certitude ne se dégage. Les rares valeurs sûres de l'effectif régressent à leur tour : après Aguilar, Ben Yedder, Ahamada, ce fut au tour de Doumbia de passer à côté.
Il y a effectivement de quoi pousser des coups de gueule à la mi-temps. Mais après qui ? Après quoi ? Vu son refus dogmatique de remettre en cause Alain Casanova, le président Sadran devra bientôt se résoudre à houspiller le responsable du recrutement, Ali Rachedi, jusqu'ici protégé par la faible aura médiatique du TFC. Le moment de se poser les questions interdites est venue : et si la bonne volonté des joueurs n'était pas en cause ? S'il s'agissait simplement d'un niveau global trop faible pour la Ligue 1 ? S'il s'agissait de l'échec d'une politique dans son ensemble ?
Relancer les morts et conforter les vivants !
Car il y a des données qui ne trompent pas. Prenons les quatre victoires obtenues à domicile par les Violets cette saison. Trois d'entre elles le furent face à des candidats au maintien, la dernière devant un Lyon diminué par une dizaine de blessures, remontant à mi-août, une autre époque. Certaines circonstances peuvent aussi permettre de nuancer les succès obtenus à l'extérieur. Plus que le standing des équipes vaincues, ce sont les scénarios des rencontres qui importent. Le TFC a par exemple ouvert le score lors de chacune de ses sept victoires, pu bénéficier d'une adversité défaillante : l'irrégularité des Rennais, les blocs Stéphanois ou Nantais hermétiques mais atones offensivement. Face à un élément contraire, le TFC a rarement su se rebeller. Tout juste doit-on souligner les nuls arrachés devant Guingamp et Bastia, deux équipes diminuées par des calendriers chargées les semaines précédant leur venue au Stadium.
La spécialité-maison c'est plutôt de s'effondrer à la moindre anicroche, d'être le rebond idéal pour un adversaire dans le doute. Deux exemples parmi d'autres : le LOSC de René Girard peine à inscrire des buts, en trente huit matchs toutes compétitions confondues, il n'est parvenu à en marquer plus de deux dans la même partie une seule fois... Face à Toulouse le 14 décembre dernier ; quant aux Girondins de Bordeaux, ils ont connu une difficile série depuis mi-décembre, ne remportant sur neuf duels que leur 32e de coupe face à leur voisin haut-garonnais. Qu'espérer alors devant un Caen en plein rush ?
Le manque de caractère toulousain contraste avec celui des autres clubs destinés à lutter pour le maintien. Pour s'en convaincre jetons un œil à cette 24e journée qui s'achève. Acte 1, Stade Geoffroy-Guichard, un RC Lens à la peine encaisse un deuxième but à l'heure de jeu. Au lieu de sombrer, les Sang et Or sonnent le tocsin et vont chercher un nul 3-3. Acte 2, Stade Auguste Delaune, Lorient livre une solide bataille à son hôte Rémois, avant de subir un coup du sort arbitral. Dans la même minute, les Bretons sont victimes d'un pénalty oublié et de l'ouverture du score adverse sur le contre. Mené à la mi-temps, les Merlus ne cèdent pas à la morosité ambiante et vont chercher une victoire essentielle. Acte 3, Stade du Roudourou, Guingamp est baladé par un visiteur monégasque éminemment supérieur, tendance renforcée par l'expulsion rapide de Moustapha Diallo (22′). Les joueurs du Rocher vont monopoliser le ballon à près de 65%, tirer dix huit fois, centrer à quarante reprises et réussir 86% de leurs passes. En face, les héros de l'Europa League adaptent leur jeu, résistent et placent des banderilles en contre-attaque. Héroïques, ils parviennent à ouvrir le score et tiennent la baraque jusqu'au bout. Le gardien guingampais Lössl réalise des prouesses, mais il n'est pas le seul. C'est toute l'équipe qui a su tacler jusqu'au désespoir, sauver des ballons sur la ligne, contrer des frappes par des moyens à la limite de la légalité. Bref jouer en guerriers ! Des valeurs intrinsèques à ces clubs, habitués à lutter pour leur survie, des valeurs perdues voilà longtemps du côté de la Haute-Garonne ?
Lanterne rouge à la fin du mois ?
Avant une étude approfondie des équipes en lutte pour le maintien, voici un récapitulatif des matchs à venir pour les Violets.
25e journée (14 février)
Toulouse-Rennes
26e journée (21 février)
Paris SG-Toulouse
27e journée (28 février)
Toulouse-Saint-Étienne
28e journée (7 mars)
Toulouse-Marseille
La série des quatre "finales" aura donc débouché sur ce faible bilan de quatre points (victoire contre Reims, nul devant Bastia, défaites à Annecy et Caen). L'heure est venue d'entrer dans l'enchaînement des quatre "cadors", ou se voulant comme tels. Voilà cinq mois, le TFC avait disputé ses meilleures rencontres face aux Rennes, PSG et Saint-Étienne. Dans la manière comme dans la finalité. Comme si porter l'étiquette de victime désignée lui ôtait toute inhibition, soulageait son jeu. En sera-t-il de même lors de cette phase retour ? La pression a changé de camp, les éventuels points pris face aux gros de la L1 ne seront pas du luxe.
Car si l'on en croit les dernières saisons, c'est des confrontations avec les équipes concernées par le maintien dont il faut se méfier le plus. Les déplacements chez des "candidats" (Reims, Bastia, Evian TG, Caen) se sont jusqu'ici soldés par des défaites. Sans même inscrire le moindre but. À domicile, les apparences sont sauves (huit points pris sur douze devant ces mêmes adversaires). Si on élargit l'analyse aux huit équipes actuellement en course pour garder leur place dans l'élite, le bilan est encore moins flatteur (cf récapitulatif des résultats ci-dessous). Or, il reste trois rencontres "à six points" à disputer cette saison, toutes à l'extérieur. L'absence de culture de la survie scellera-t-elle le sort des Violets ?
Le destin entre les mains des autres !
Classement particulier dans les confrontations entre les huit candidats au maintien
1er CAEN 18 points (9 matchs – 5 victoires, 3 nuls, 1 défaite)
2e LORIENT 15 points (8 matchs – 5 victoires, 3 défaites)
3e EVIAN TG 15 points (8 matchs – 5 victoires, 3 défaites)
4e LENS 13 points (9 matchs – 3 victoires, 4 nuls, 2 défaites)
5e REIMS 13 points (11 matchs – 4 victoires, 1 nul, 6 défaites)
6e TOULOUSE 11 points (11 matchs – 3 victoires, 2 nuls, 6 défaites)
7e BASTIA 10 points (10 matchs – 2 victoires, 4 nuls, 4 défaites)
8e METZ 9 points (8 matchs – 3 victoires, 5 défaites)
Remarques relatives à ce que traduisent ces résultats
*Le Stade Malherbe de Caen est donc le crack des chocs "d'en bas". Invaincu chez lui, le promu a seulement baissé pavillon d'un petit but d'écart à Metz. Encore cinq rencontres directes à disputer, dont trois à domicile. La hype entourant les Normands promet de se poursuivre.
*Lorient, avec aucun nul au compteur, se confirme bien comme un club joueur, apte à se découvrir pour aller chercher trois points, quitte à repartir avec zéro. Un risque loin d'être incongru, car il récolte davantage à ce jeu-là qu'une équipe venue chercher le nul. Pour preuve, ses trois succès à l'extérieur. À noter pas moins de six adversaires directs sur sa route d'ici fin mai. Dont la réception du TFC.
*Evian TG possède les mêmes vertus que les Merlus, malgré un jeu plus pauvre et besogneux. Club irrégulier par excellence, le bastion savoyard est armé pour lutter contre les vents contraires. L'ETG aura lui aussi droit à six duels pour écarter ses rivaux. Un bis repetita de son superbe sauvetage de l'an dernier n'est pas à exclure. Il jouera en effet son ultime rencontre sur le terrain de Caen le 23 mai.
*Dans un contexte kafkaïen (situation financière opaque, rencontres à domicile jouées sur terrain neutre, recrutement encadré), les Lensois font mieux que résister. Ils se sont seulement inclinés deux fois sur leurs neufs parties "bas de tableau". Signalons notamment une invincibilité du côté de leur stade de résidence à Amiens (deux victoires, deux nuls). Cela tombe bien, ils recevront encore trois fois pour deux déplacements.
*Le Stade de Reims est incontestablement, avec le TFC, la plus faible équipe de ce classement particulier. Depuis son retour dans l'élite, la tendance se poursuit : délivrer de belles prestations face aux ténors du championnat, procéder à un nivellement par le bas face aux équipes de leur monde. Cette 5e position ne dit pas tout, à l'image de la 13e place au général. Le danger est bien là pour un club ne comptant plus que trois rivaux directs au programme.
*Le TFC ne se classe que 6e parmi les huit prétendants, avec onze points. Et même dernier si l'on applique un ratio sur le nombre de rencontres jouées. Comme dit précédemment, il croisera ses trois derniers concurrents frontaux sur leurs terres. Or dans ce mini-championnat, il n'a pris aucun point à l'extérieur pour l'instant.
*Bastia compte une confrontation directe en moins par rapport au TFC, et jouera deux des quatre restantes à domicile. Inutile de rappeler l'importance de Furiani dans l'histoire du club corse.
*Metz, en apparence aussi décroché dans ce classement particulier (9 points) qu'il l'est au général, doit encore disputer six duels frontaux, dont quatre à Saint-Symphorien. Loin d'être anodin pour un club qui a été capable d'enfiler trois pions à Reims, Caen et Bastia.
*Mettons enfin en exergue les terribles 26e et 33e journées, puisque six des prétendants croiseront simultanément le fer ces week-end là. D'abord les 21-22 février, soit le moment même où le TFC devrait essuyer sa traditionnelle défaite au Parc des Princes. Pendant que les violets verraient leur compteur figé, les chocs Caen-Lens, Evian TG-Lorient et Reims-Metz offriront forcément des munitions à ses concurrents. Trois résultats nuls limiteraient la casse, certes.
En revanche, le TFC sera parmi les concernés les 18-19 avril, puisqu'il se déplacera au Moustoir pendant que Reims ira à Bastia et Lens à Metz.
Enfin, cinq affiches du bas de tableau seront dispatchées sur les cinq dernières journées, entre le 25 avril et le 23 mai. Trois d'entre elles concernent l'Evian TG, l'équipe la plus aguerrie pour conclure sur la dernière ligne droite.
Demeure la grande inconnue, combien de ces huit équipes seront mathématiquement sauvées à l'aube de l'ultime journée de championnat ? Vraisemblablement une bonne moitié, si l'on en croit les enseignements passés. Et dans la spirale actuelle, il faudrait être un indécrottable optimiste pour imaginer le TFC parmi celles-ci. | | |
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