| Tron LegacyUne seconde incursion dans un univers à part, pavée de bonnes intentions mais qui laisse un arrière goût d'inachevé.Kevin Flynn (Jeff Bridges) a disparu depuis 25 ans. Son fils, Sam (Garett Hedund), décide un jour de percer le mystère de la disparition de son père. Il se retrouve aspiré dans la "Grille". Il découvre un monde dans lequel vivent des programmes hostiles, qui organisent des jeux dangereux. C'est dans cet univers que Kevin vit depuis tout ce temps. Sam va essayer de retrouve son père et le ramener dans le monde réel.
En 1982, "tron" apparut. Il révolutionna la vision de chacun sur l'électronique. Son atout majeur était son univers original, créé autour de l'univers que sera quelques années plus tard l'informatique. Les spectateurs entendirent pour la première fois les termes de réseaux informatiques, d'échange de fichiers, de logiciels, d'antivirus. Ces concepts étaient amenés avec une histoire d'aspiration d'un homme dans un ordinateur, sur fond d'usurpation de droits privés. Une esthétique particulière et unique amenait le tout, composé de couleurs vives qui traversent des tons largement monochromes, et une utilisation d'effets spéciaux en trois dimensions proposées pour la première fois l'écran. Le long-métrage de manquer ni d'arguments ni de profondeur, mais c'est un échec retentissant durant son exploitation. La faute à quoi ? Un univers trop visionnaire, aux propos abstraits et infondés pour les spectateurs de l'époque. Toutefois, il resta un film majeur dans le monde de la science-fiction. À tel point qu'une suite lui est consacrée. Grâce à cela et, surtout, à la volonté de Disney de trouver une franchise aussi énorme que "pirates des Caraïbes" pour renflouer ses caisses. Quoi qu'il en soit, ce second film et de là, porté par une publicité très présente, grandiose et peut être trop grandiloquente au regard du film. Nous allons voir pour quelles raisons.
Cette seconde incursion dans l'univers de l'informatique laisse perplexe. Le spectateur sait à quoi s'attendre car il est conditionné par le tapage marketing qu'on lui assène : de l'action, du rythme et une esthétique originale. L'action est bien présente, avec des scènes de course-poursuites, de combats et des séquences dans le jeu proposées par la Grille, accompagné de ralentis et de mouvements de caméra tape-à-l'oeil. On a parfois l'impression d'être revenu dans la "Matrice", sans le côté réflexif et assumé. En effet, ce que recherche "Tron legacy", c'est la séduction du spectateur par l'esthétique. Il faut ajouter à cela le système de couleurs propres à l'univers de "Tron" : les couleurs grise et noire monochrome accompagnées de couleurs vives, comme le bleu ou le rouge, qui confère une identité très personnelle à l'univers. La musique électronique des Daft Punk souligne à merveille l'aspect "informatique", avec une composition grandiose, qui accentue le langage de cet univers particulier. Le spectateur est emporté dans un environnement, un monde à part.
Malheureusement, cet univers apparaît inconsistante, à cause de plusieurs points. Certes, l'environnement informatique de "Tron" est solide, mais il manque cruellement de rythme. La majeure partie du film est trop bavarde, voulant trop en expliquer, quitte à s'emmêler les pinceaux dans ses propres considérations. On tourne alors à vide, cherchant un sujet sur lequel disserter sans réel but. On essaie d'intégrer des éléments déjà vus, comme "Matrix" ou "star wars", qui sont plus que des références, mais des reprises flagrantes car trop redondantes dans le courant de l'histoire.
Ce sentiment de vide est accompagné par le scénario. Un fils qui va chercher son père dans un ordinateur. Il faut rappeler que "Tron" possédait une fin fermée, qui garantissait une lecture autonome. Le pitch de départ apparaît comme un viol de la trame originale, une superficielle historiette permettant d'ouvrir à nouveau la Grille pour une dernière incursion. Dès le départ, pour le spectateur ayant vu l'original, la trame apparaît superflue et ne permet pas de susciter l'intérêt. L'accroche ne sera pas de mise avec l'ensemble du film. L'intrigue est un prétexte grossier pour reprendre des séquences de l'original avec la technique d'aujourd'hui. "Tron Legacy" serait donc un remake ? Il n'y a qu'un pas. Le réalisateur rajoute une population vivant dans la Grille, avec une vague histoire d'un peuple opprimé et exterminé par un despote qui règne en maître sur les programmes. Cela rappelle, forcément, histoire de la seconde guerre mondiale et l'extermination du peuple juif.
La trame est, ensuite, traversée par la relation de paire de fils, mais qui ne convainc jamais vraiment, car trop succincte.
Le spectateur s'ennuie dans le film. Il peut espérer pouvoir se raccrocher au personnage. Malheureusement, l'interprétation reste très froide.
Que ce soit Garrett Hedlund, Olivia Wilde et même Jeff Bridges, aucun ne se sent concerné par son sujet. De quelle manière peut-on restituer une interprétation dont on ne croit pas soi-même ?
On peut noter l'utilisation spécifique du procédé de la 3D dans ce film. Les scènes tournées dans le monde réel son temps doté et celles qui se passent dans la Grille sont en 3D. Ceci concrétise la traversée d'un univers à l'autre, et qui appuient l'immersion dans cet environnement unique, ce qui se révèle être une bonne idée de départ.
"Tron Legacy" possède une esthétique personnelle et inclassable qui, accompagné de la musique desDaft Punk, participe à une immersion dans un univers singulier. Malheureusement, l'ensemble reste englué dans des défauts handicapants qui l'empêchent de posséder une certaine profondeur qui manque cruellement. Au final, "Tron Legacy" est un film visuellement impressionnant mais nettement creux, une belle coquille vide. Dommage. | | |
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