| Une aventure rocambolesque du Soldat inconnu : CrevaisonsUne farce grinçante signée Marnu Larcenet« Au fin fond d’un gigantesque cimetière, Ebenezer Raidart, surveillant dudit cimetière, envoie aux « autorités » un
pneumatique de détresse : voilà des années qu’il n’est plus ravitaillé. En attendant, il se nourrit de rats et autres grenouilles rôtis à la
broche en écoutant du punk rock sur un antique gramophone. Pourtant, une nuit, un événement vient meubler sa solitude : un homme
sort de sa tombe, de très mauvais poil. C’est le Soldat inconnu. Mais il en faut plus pour démonter Ebenezer Raidart… » (Présentation
Dargaud)
Après avoir imaginé Freud au Far West, Vincent Van Gogh dans les tranchées de la première guerre mondiale, et un Attila dépressif, Manu
Larcenet récidive dans la déconstruction de l'histoire en bouleversant le mythe du solcat inconnu. Déjà celui-ci perd son anonymat
puisqu’il se présente comme le Lieutenant de Groin-Embrenne (tout de suite ça le désacralise !). De plus, sa tombe a été délocalisée du
solennel Arc de Triomphe vers une « résidence post mortem » pommée on ne s’est où. Quand tout à coup, il ressucite il se retrouve nez à
nez avec Ebenezer Raidart, le gardien de ce cimetierre gigantesque.
Le choc est grand pour ce soit disant héros de la Première Guerre Mondiale, qui se réveille dans un futur lointain. Ebenezer nous apprend
qu’il y a eu encore plein de guerres mondiales, ce que l’on croit volontier vu que le paysage n’est composé que de tombes à perte de vue.
A priori Ebenezer Raidart et le soldat inconnu semblent les derniers vivants (encore que le soldat inconnu ressucité serait plus un mort
vivant). Ses deux personnages très opposés l’un de l’autre (notre soldat apprécie peu la musique « Punk » qu’écoute à longueur de
journée le solitaire Ebenezer) entreprennent de sortir du cimetierre pour retrouver des traces de civilisation.
Sous le rire et l’absurde, Larcenet dénonce une nouvelle fois les turpitudes et la folie de la guerre. Le très patriote soldat inconnu va peu à
peu révéler sa zone d’ombre. L’auteur égratigne également notre société productiviste qui ne cherche qu’à assouvir ses besoins présents
et oublie le passé (pour mieux le répéter peut-être, guerre après guerre). Avec cet album, Larcenet nous propose une farce grinçante à
l’humour plutôt noir.
Comme pour le troisième tome de la série "Une aventure rocambolesque de... ", Manu Larcenet a confié le dessin à Daniel Casenave.
Celui-ci tente de s'inscrire dans le style de son prédécesseur. Il essaie de transcrire les sentiments des personnages avec peu de moyen :
comme des yeux qui s'agrandissent pour exprimer la perplexité des personnages. Cependant l'ensemble du graphisme est nettement
inférieur aux premiers albums. La "patte" Larcenet n'y est plus, et le dessin de Casenave n'est qu'une pâle copie sans réelle saveur. On
espère que Larcenet reprendra les pinceaux pour dépeindre la prochaine cible de son humour sarcastique...
Série : Une aventure rocambolesque de...
Titre : Soldat inconnu : Crevaisons
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Daniel Casenave
Editeur : Dargaud | | |
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