| Vicaut vu par ses pairsCe samedi soir lors du meeting d'Eugène dans l'Oregon, Jimmy Vicaut disputera le premier 100m de sa carrière sur sol américain. Une excellente occasion de se jauger et de s'intéresser à l'avis des plus gros sprinteurs du circuit.Être Américain, ce n'est vraiment pas rien ! On a des obligations et des devoirs comme faire honneur au drapeau aux cinquante étoiles. Il y a une autre chose interdite, à ne faire sous aucun prétexte. Il est formellement prohibé de craindre qui que soit car comme le rappelle tellement bien Justin Gatlin "quant on est Américain, on ne craint personne". Quand un journaliste français lui demandait s'il craignait Jimmy Vicaut, lui et son compatriote Mike Rodgers se mirent à rire "je viens de dire qu'on ne craignait personne. Jimmy Vicaut ou un autre, c'est très exactement la même chose pour nous".
Une fois les plaisanteries terminées, le ton du vice-champion du monde en 2013 se fit un peu plus sérieux "je connais de mieux en mieux Jimmy et son talent se voit largement". Un sacré compliment de la part de celui qui disait, en compagnie de Asafa Powell au printemps 2012, qu'il n'avait jamais entendu parler d'un certain Jimmy Vicaut. Ce que ce dernier n'avait pas apprécié du tout, détectant malgré tout une note d'humour "Gatlin a dit qu'il ne me connaissait pas ? Sachant que j'ai fait la finale des derniers mondiaux (6è de la finale des Championnats du Monde en 2011), ça fait un peu chier. Mais il en a l'habitude, il avait fait la même chose avec Nesta Carter il y a quelques années". Justin Gatlin, se souvenant de moment en profitait pour faire son mea culpa "je suis réellement désolé si je l'ai vexé. Moi, vous savez, je ne fais pas trop attention aux gars qui m'entourent. Je fais attention à moi et rien d'autre. Mais, qu'il se rassure, je le connais bien aujourd'hui. La saison passée, on a fait plein de meetings ensemble. C'est le meilleur moyen de se rendre compte du potentiel d'un gars et lui, il en a".
Ce soir, à Eugène, ils se retrouveront comme ils l'avaient fait l'année dernière au Stade Louis II de Monaco en Diamond League. Justin Gatlin avait gagné en 9"94 alors que le Français prenait la troisième place en 9"99. Dans l'Oregon, Justin Gatlin sera le grandissime favori car partant avec la meilleure performance mondiale de l'année dans la poche, réalisée la semaine dernière à Pékin en 9"87. Avec le troisième meilleur chrono de la saison en 9"95 qu'il avait couru sur la piste d'Aix les Bains, Jimmy Vicaut sera son plus dangereux adversaire, les autres sprinteurs au départ étant bien plus loin dans les chronos (Mike Rodgers est à 10"03 et Nesta Carter à 10"12).
Gatlin "il a du potentiel, ça se voit"
Ce qui ne semblait pas émouvoir le vice-champion du monde du relai de 4x100m américain "bien sûr que j'ai entendu parler de son temps. Je crois qu'il a réalisé 9"95. C'est un bon temps mais il n'y a rien de bien exceptionnel et puis je crois qu'il y avait du vent favorable (+1,7m/s). Un sentiment partagé par Renaldo Nehemiah, entraîneur de Justin Gatlin, qui ne s'intéresse pas vraiment au temps "dans le sprint d'aujourd'hui, faire 9"95 est devenu chose assez courante. Un temps de début de saison de ne veut pas dire grand chose. Il ne faut pas s'arrêter à ça. Je crois en Jimmy Vicaut. Ça se voit dès le premier coup d'oeil qu'il a quelque chose. Il doit viser bien plus haut".
Un avis partagé par Justin Gatlin "ce mec a beaucoup de talent. Il a le physique parfait pour faire du 100m. J'ai constaté qu'il s'était encore musclé sur le haut du corps. C'est très important dans sa progression car il gagnera en explosivité au départ. Ca a l'air de rien mais on peut gagner quelques centièmes au départ. Il me rappelle un peu moi au même âge. Il a vingt-deux ans. A cet âge là, je devenais champion olympique du 100m. Mais je sortais de nulle part. Autour des vingt ans, la marge de progression est très importante. Une saison peut changer beaucoup de chose. Je pense que ça peut être le cas de Jimmy". De son côté, Rodgers soulignait sa technique "il a beaucoup travaillé les aspects techniques de sa course. Il est bon dans les départs. Il a la capacité de bondir des starting blocks et de partir de très bonne manière. Il fait de bonnes mise en action sans piétiner ni se relever trop vite. Mais c'est dans la suite qu'il a des progrès à faire. Je l'ai vu courir pas mal de fois la saison dernière. Quand il est devant aux soixante mètres, il finit bien mais ce n'est pas la même chose quand la course est plus serrée. Il a tendance à se crisper et à manquer ses fins de course. C'est dommage car c'est très important". Le champion olympique de la course reine de l'athlétisme en 2004 à Athènes n'était pas exactement du même avis que son compatriote "je suis d'accord avec Mike sur un point. C'est que le plus important dans le 100m, ce n'est pas le temps en lui-même mais la bagarre. C'est comme ça que l'on voit qui est un vrai pur sprinteur. Jimmy a des efforts à faire dans ce domaine mais il est encore très jeune et il a déjà progressé par rapport à la saison précédente. Je me fais pas de souci pour lui. Frotter, on apprend ça avec l'expérience. La confiance aussi". Peut-être que personne du gratin mondial ne réagissait au nom de Jimmy Vicaut il y a deux ans mais une chose est certaine, c'est que ce n'est plus le cas aujourd'hui. De là à frémir, bien sûr que non mais susciter un profond intérêt, ça oui... | | |
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