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William Irish

Penchons-nous sur cet écrivain, solitaire et mal-aimé, mais néanmoins l'un des grands maîtres du suspense, qui tint en haleine l'Amérique et l'Europe pendant plusieurs années. Il a su cultiver les atmosphères étranges, inquiétantes, et a été considéré grâce à son don pour l'écriture comme le "Edgar Poe du XXème siècle".


William Irish est un écrivain né le 4 décembre 1903 à New-York. Il a suivi son père, ingénieur dans travaux publics, dans plusieurs pays. Il est revenu dans sa ville natale seulement à l'âge de 15 ans, après le divorce de ses parents. Il écrit son 1er livre en 1935 : "Chef d'accusation". Il est engagé pour travailler sur "les enfants du ritz", adaptation de 1927. Il se marie en 1930 mais divorce très vite. Il retourne vivre chez sa mère, et continue d'écrire. En 1940 il publie 350 nouvelles. Son 1er livre à grand succès est "la mariée était en noir", qui sort en 1940. Il reçoit une récompense en 1949 : un Edgar. Puis en 1953 il remporte le prix de la littérature policière en France. Sa mère meurt quelques années plus tard, et il sombre dans l'alcool. Il meurt d'une attaque en 1968.

J'ai choisi d'inscrire la postface de Michael Avallone (dans le livre "la rançon du hasard"), qui concerne William Irish :



LONELY ARE THE GREAT (seuls sont les géants) :

Cornell Woolrich est mort le 25 septembre 1968 en laissant de nombreux romans policiers qui lui assurent l'imortalité. Egalement connu sous le pseudonyme de William Irish, il restera pour nous celui qui eut la vie la plus misérable depuis Edgar Allan Poe. Pourtant Woolrich est mort millionnaire et il a légué presque un million de $ à la Columbia University, son université, pour qu'elle vienne en aide aux écrivains. Cependant, parmi ceux qui ont réussi, il en est peu qui aient été aussi seuls, aussi tristement tournés vers eux-même que cet auteur incroyablement doué.
Voici quelques faits qui donneront une idée du caractère pitoyable de son existence : il a vécu près de 40 ans dans une chambre d'hotel, il n'a jamais eu de vrais amis, il n'a jamais connu le grand amour. Certains de ses plus beaux livres sont dédiés à des objets sans âme - machines à écrire, chambres d'hotel - ou alors à l'infinie tristesse de la condition humaine. Et quand il a découvert le whisky, ses jours et ses nuits désolés ne furent plus que ce long cauchemar que connaisent tous les alcooliques - rendez vous manqués, harangues paranoïaques, auto destruction - se terminant par l'inévitable et larmoyant "mais qu'est ce que j'ai fait pour en arriver là ?!"... Combien de murs ont du assister, indifférents, au spectacle de cet amer géant en pleurs et n'ont pu lui fournir de réponse !
Et cependant, c'est à ce personnage demeuré dans l'ombre que l'on doit quelques uns des plus grands romans policiers et tant de nouvelles qu sont devenues des classiques du genre. Jusqu'au dernier moment, la malchance a été sa plus fidèle compagne.
Ceux qui vinrent poser sur lui un dernier regard furent son avocat, son médecin, son banquier et ses notaires. Dans sa rubrique nécrologique, le new york time a écorché deux fois son nom (cornell Wollrich !) et a fait une erreur quant à la date de la cérémonie. L'article du Times n'a cité ni Lady Fantome ni La mariée était en noir, qui sont, de loin, ses 2 romans les + connus ; aucune organisation d'écrivains n'a envoyé de fleurs de messages de condoléances, même pas la MWA (Mystery Writers of America). Seule la présence de Robert Fish, de Herbert Brean, de Hans Stefen Santesson et d'un membre sympathisant de la MWA du nom de John Reynolds aurait pu témoigner qu'il existe bien un lien entre les mots écrivain et roman policier. Béatrice Radin vint à son enterrement parce qu'elle pensait que Cornell Woolrich était un vieillard pauvre et solitaire dont personne ne se souviendrait.
Elle se trompait seulement sur sa pauvreté.


Rien n'a marché ce jour là. Il y avait un prêtre pour rappeler sa tardive conversion au catholicisme. Ce rôle a rarement été aussi mal joué ; le prêtre a expédié son oraison funèbre en cinq minuts, marmonnant et marmottant, tournant à moitié le dos aux gens qui étaient là. Il aurait pu traiter Cornell de tous les noms que personne ne s'en serait aperçu.
Pour moi, c'en était trop. [... ]
Nous étions quelques uns, moi même et d'autres encore, à refuser que l'histoire de Cornell Woolrich se terminât d'une façon aussi sordide. Nous qui avions parlé et bu avec lui, qui avions essayé de le soutenir un peu pendant ses 10 dernières années, de lui faire prendre conscience de ce qu'il était et de ce qu'il représentait, nous étions au supplice.
C'était vraiment la fin d'un géant. Fallait-il que cela se termine ainsi ? Est-ce qu'un homme aussi doué, longtemps ignoré par la MWA, est ce que cet Irish/Woolrish qui avait tenu en haleine deux générations de lecteurs américains de romans policiers et Dieu sait combien d'Européens, est ce que cet homme, qui avait permis au metteur en scène français contemporain Truffaut de récolter les fruits de son talent avec les adaptations cinématrographiques de "la mariée était en noir" et de "la sirène du Mississipi", est ce que cet homme devait descendre au tombeau avec une fortune d'un million de $ et pas un seul mot de ses semblables, de sa vraie famille, les écrivains ?


Il n'avait ni frère, ni soeur, l'image de son père s'était effacée et jusqu'à ce qu'elle mourût, sa mère l'avait étouffé sous le poids de son affection. Il ne restait plus personne. Pas d'enfant, pas d'ami, pas d'être cher. [... ]
Plus tard, après le départ du somptueux corbillard, nous sommes tous allés au café restaurant le plus proche, passant les heures qui ont suivi à essayer d'oublier, chacun à sa manière, que même si tout est vanité, il y a peut être une bien, bien meilleure façon de dire adieu à un grand écrivain.
Et c'est ainsi que s'est terminée l'histoire de Cornell Woolrich, être solitaire et mal aimé.
Mais ce qui importe, c'est le mot, l'intrigue. A cet égard tout au moins, Cornell Woolrich a réussi d'une manière fabuleuse.




Livres de William Irish :

- Manhattan love song (1932)
- La mariée était en noir (1940) [adapté au cinéma]
- La sirène du Mississipi (1947) [adapté au cinéma]
- J'ai épousé une ombre (1948)
- J'ai vu rouge (1950)

Il a écrit également grand nombre de nouvelles, l'un de ses recueils se nomment "La rançon du Hasard". Il contient :
~ Invitation à la valse
~ Fiez-vous à la balistique
~ Un livre d'aventures
~ L'homme au pic à glace
~ Un meurtrier bien distrait
~ Vous avez dit sans mouvement ?

La dernière nouvelle est de loin ma préférée : un jeune homme de 26 ans, pauvre et démuni, se fait passer pour quelqu'un d'autre (disparu dans un incendie) pour pouvoir récupérer de l'argent sur son compte dit "sans mouvement" depuis 15 ans. Ce jeune homme tombe sur une énorme somme d'argent, l'empoche et entame une semaine de plaisirs. Mais sa vie luxueuse se révèle semée d'embûches...


Les histoires et nouvelles sont chargées de suspense, d'intrigue. Je trouve cet écrivain très doué, il n'a pas été gaté par la vie, mais il mérite le respect par ses superbes oeuvres, que je vous conseille, bien sûr ! :)
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Publié le 05 septembre 2004
Modifié le 05 septembre 2004
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